Après l'agression raciste à Agen, les membres de Troisième voie ont été remis en liberté

L'agression à possible connotation raciste a eu lieu dimanche soir à Agen.Trois auteurs présumés devaient être jugés mercredi en comparution immédiate. Une information judiciaire a finalement été ouverte. Le tribunal a souhaité être mieux éclairé avant de se prononcer.

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Il a remis les trois prévenus en liberté, sous contrôle judiciaire, contrairement à l'avis du parquet, en attendant qu'ils rencontrent, dans les jours ou les semaines à venir, le juge d'instruction désigné mercredi. Celui-ci statuera sur leur maintien en liberté.

Les cinq hommes, âgés de 21 à 35 ans, membres ou sympathisants présumés du groupe d'extrême-droite Troisième Voie, avaient été déférés lundi soir au parquet d'Agen, qui les avait renvoyés devant le tribunal correctionnel pour y être jugés en comparution immédiate. Trois, qui avaient été placés sous écrou, devaient comparaître mercredi, et les deux autres, qui avaient été laissés en liberté, le 12 juillet.
Ceux-ci auront quoi qu'il en soit à se présenter devant le tribunal, mais leur cas devrait être joint aux trois autres.

Le reportage de Yannick De Solminihac et Eric Barrère : 


Le parquet avait fait le choix des comparutions immédiates, une procédure rapide, afin de montrer que la justice répondait rapidement à des actes potentiellement xénophobes. L'ouverture de l'information judiciaire permettra pour sa part d'approfondir l'enquête et de déterminer éventuellement d'autres auteurs ou victimes.

Dès le début de l'audience, la présidente du tribunal correctionnel, Marjorie Lacassagne-Taveau, a manifesté sa réticence à juger les faits, en remarquant que l'enquête avait été très rapidement menée, sans confrontations entre les victimes, ni perquisitions, estimant que les déclarations devaient être "complétées et précisées".

 
"mettre en lumière"

Le parquet a, dans la foulée, ouvert une information judiciaire, pour les mêmes chefs que ceux qui motivaient la comparution immédiate - violences volontaires aggravées par trois circonstances, la réunion, l'usage d'une arme, un poing américain, et le fait que la victime a été attaquée en raison de son appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.

Ce renvoi du dossier à un juge d'instruction a été très bien accueilli par l'ensemble des parties.
" C'est une bonne chose parce que ça va pouvoir mettre en lumière la réalité du mobile et les réelles intentions des co-prévenus qui contestent aujourd'hui la circonstance aggravante de l'appartenance raciale et qui disent (...) que c'est
une bagarre de rue
", a déclaré Me Camille Gagne, l'avocate de SOS Racisme et d'une des victimes, celle qui est d'origine algérienne et a subi l'essentiel des violences.

Pour sa part, Me Sophie Grolleau, avocate de deux des trois prévenus, partie civile, espère pour sa part que l'information judiciaire permettra de " démontrer que cette bagarre n'a pas de lien avec leur sympathie ou appartenance " au groupement Troisième Voie. " Ils se sont simplement défendus ", a assuré Me Grolleau. Un point de vue partagé par Me Louis Vivier, avocat du troisième prévenu, pour qui  " le dossier ne démontre pas autre chose qu'une bagarre de rue ". Il a regretté " la politique de l'amalgame ", " parce qu'ils ont revendiqué plus ou moins une appartenance à Troisième voie " et que " cette affaire survient quelques jours après celle la mort de Clément Méric ", le jeune militant antifasciste mort après une bagarre de rue à Paris.

Au contraire, pour Ilham Ben Sandoura, représentante de SOS Racisme, partie civile, " l'agression à caractère raciste (...) est avérée puisque que lorsque le jeune homme d'origine maghrébine a été agressé, il était avec un camarade qui a été + épargné+" car n'ayant pas les mêmes origines ". Qualifiant Troisième Voie de " groupuscule fasciste, xénophobe et raciste ", elle a estimé qu'" ils ont voulu casser de l'Arabe " lors d'" une ratonnade ".

La police avait arrêté aux premières heures de dimanche les cinq hommes et deux femmes, après que les deux victimes, âgées de 24 et 33 ans, qui revenaient d'un festival rock à Agen, se sont présentées à la police vers 3h00 du matin pour dénoncer leur agression.
La victime d'origine maghrébine a fait l'objet d'une Incapacité Totale  au Travail de 30 jours et la deuxième, de trois jours pour l'autre.
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