L'horizon des 630 magasins Gifi et de leurs quelque 6 000 salariés semble s'éclaircir. L'enseigne d'objets de décoration et d'ameublement à petits prix a convaincu les banques de la soutenir dans sa restructuration financière et d'effacer sa dette de 470 millions d'euros. Un plan de relance sur trois ans va être instauré.
L'accord a été signé dans la nuit. Ce vendredi 17 janvier, Gifi, dont le siège social se situe à Villeneuve-sur-Lot en Lot-et-Garonne, a obtenu le soutien des banques pour finaliser sa restructuration financière. L'enseigne d'objets de décoration et d'ameublement à petits prix voit ainsi sa dette de 470 millions d'euros effacée, en échange d'engagements de son actuel directeur et fondateur Philippe Ginestet. Il doit notamment laisser les rênes de la gestion opérationnelle du groupe à un comité directeur.
Une nouvelle gouvernance
C'est donc une toute nouvelle structure de gouvernance qui se mettra en place dans les semaines à venir. Celle-ci sera composée d'un conseil de surveillance, présidé par Philippe Ginestet, et d'un comité directoire. Ce dernier sera nommé par les banques, qui entrent au capital à hauteur de 40 %, et par le fondateur, demeurant actionnaire majoritaire avec 60 % des parts.
"Je suis fier de permettre aujourd’hui à Gifi de poursuivre son destin en toute sérénité. Ce changement de gouvernance s'inscrit dans la volonté de préserver les racines de l'entreprise", a réagit l'homme d'affaires âgé de 70 ans, dans un communiqué ce vendredi matin. Ce dernier a déposé 270 millions d'euros de garanties.
Je quitte mes fonctions opérationnelles avec le sentiment du devoir accompli tant vis-à-vis de nos équipes, de nos fournisseurs mais aussi de tout le Villeneuvois.
Philippe GinestetFondateur de Gifi
Le soutien des banques dans ce projet de restructuration est un premier soulagement. Mi-novembre, la vente de l'entreprise annoncée par son fondateur laissait craindre le pire pour les 6 000 salariés répartis dans 630 points de vente en France ou à l'international. Dans le Lot-et-Garonne, où est née Gifi en 1981, celle-ci emploie près de 700 personnes. Son départ de Villeneuve-sur-Lot était redouté autant par les syndicats que les habitants.
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Au moment de la mise en vente, Philippe Ginestet disait vouloir "passer la main dans les meilleures conditions possibles pour développer cette enseigne qui est unique et a tout pour devenir numéro un de son secteur", selon les mots de son avocat Christophe Dejean, qui s'était adressé à l'AFP. De potentiels repreneurs privés avaient manifesté leur intérêt, sans pour autant formuler d'offre. Le patron de Gifi tenait par ailleurs à "rester indépendant".
Des économies à réaliser
Après deux années difficiles, en 2023 et 2024, le groupe est tout de même obligé de se réorganiser pour se sauver. Le futur plan stratégique de relancer s'étalera sur les trois prochaines années. Il s'appuie sur "l'innovation et les prix". Si rien ne permet d'assurer aujourd'hui que l'ensemble des emplois seront préservés, le Gifi affirme, dans son communiqué, que les économies à réaliser se feront sur le marketing et la logistique.
Les années 2023 et 2024 ont été impactées en négatif par l’implantation très difficile d’un nouveau système de gestion informatique. À cela s’est ajouté en 2024 une météo très défavorable à la vente des produits printemps/été, dans un contexte de concurrence fortement accrue sur le "discount".
Communication Gifi17 janvier 2025
En 2024, Gifi a réalisé un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros. Boostées par les soldes, ses ventes "repartent à la hausse" (+ 15%) en ce début d'année, assure le groupe. Sur un marché du "discount" en croissance mais concurrencé par d'autres leaders internationaux, la marque "aux idées de génies" ne compte pas encore laisser sa place.