La cour d'appel d'Agen a confirmé mercredi la condamnation de six agriculteurs militants de la Coordination Rurale à des peines de prison avec sursis pour des violences commises sur des gendarmes, lors d'une manifestation qui avait dégénéré en octobre 2014.
Comme en première instance, les six agriculteurs ont été condamnés à des peines de trois à dix mois de prison avec sursis. Le président de la Coordination Rurale 47 (CR 47), Patrick Franken, accusé notamment d'avoir organisé la manifestation "sans déclaration" préalable et de "violences volontaires aggravées" contre des agents de l'ordre public, a écopé de la condamnation la plus lourde.
Un septième agriculteur, le plus jeune des prévenus, qui avait été condamné en première instance à six mois de prison avec sursis, a été relaxé en appel.
La cour d'appel d'Agen a toutefois revu à la baisse le montant des dommages et intérêts à verser aux gendarmes, la ramenant de 18.800 euros au total en première instance à 12.400 euros.
Pour dénoncer l'abattage de cèdres centenaires
Le 10 octobre 2014 à Sainte-Livrade-sur-Lot, en Lot-et-Garonne, une manifestation avait dégénéré sur le chantier du nouveau CFA agricole (Centre de formation des apprentis). Plusieurs dizaines d'agriculteurs entendaient s'opposer à une vingtaine de militants écologistes regroupés sur place pour dénoncer la destruction de deux cèdres centenaires prévue dans le cadre de ce chantier.
Des agriculteurs s'étaient violemment heurtés aux forces de l'ordre déployées pour s'interposer. Treize gendarmes, dont trois blessés lors des affrontements avec la Coordination rurale, s'étaient portés parties civiles dans cette affaire.
Quatre jours plus tôt, quelque 200 militants du syndicat agricole avaient interdit l'accès à la ville d'Agen avec des tracteurs, pour protester contre "la directive nitrates", se heurtant aux forces de l'ordre et provoquant pour plus de 200.000 euros de dégâts dans la ville.
"C'est une peine allégée", s'est réjoui à l'issue du jugement Patrick Franken, estimant que :
S'il n'y avait pas eu l'encerclement de la ville d'Agen quatre jours avant, je suis persuadé que l'action du 10 octobre à Sainte Livrade se serait déroulée différemment. Le préfet en avait après nous.
"Pour avoir accompli leur devoir, des gens sont condamnés (...) Si ces sept courageux n'avaient pas été là avec tous les autres, les choses ne se seraient pas faites et on attendrait encore les nouveaux bâtiments du lycée agricole", a réagi de son côté Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d'agriculture du département et membre de la CR-47.