Dans les coulisses du Musée basque de Bayonne qui fête ses 100 ans

Depuis 100 ans, le Musée basque de Bayonne est une porte d’entrée sur la culture, sa richesse et sa survivance. Que reste-t-il du projet des fondateurs ? Comment va-t-il évoluer ? Les invités de Txirrita répondent à ces questions.

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"Celui qui rentre ici est chez lui"

La devise du musée dès ses débuts !

Février 1924, le rêve d’un groupe de passionnés de la culture basque est enfin réalisé, avec l’ouverture du musée, dans la maison Dagourette, sur les bords de la Nive, au cœur de Bayonne. C’est en fait en 1922 que l’aventure commence grâce au soutien de la mairie de Bayonne, qui vote le projet et acquiert cette maison d'un ancien négociant, convertie en hospice au XVIIème siècle, puis en hôpital au XVIIIème.

Plus triste, le lieu accueillit jusqu'en 1867, les bébés abandonnés. La maison fut louée à différents commerçants de la fin du XIXème aux années 1920.

Orga - charrette © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Après deux ans de réflexions et démarches, les fondateurs créent un réseau de correspondants dans tout le Pays basque, afin d'enrichir les collections du musée : outils agricoles, meubles, vêtements, instruments de musique, peintures etc.

Ce musée ethnographique, véritable lieu de mémoire, fut créé comme dans bien d'autres régions au moment même où les sociétés rurales traditionnelles étaient bousculées par l'industrialisation galopante du pays.

Museoko mendeurrenaren erakusketa, zuzendariak. Expo des 100 ans du Musée, les directeurs © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

À la tête du groupe des pionniers, le commandant William Boissel, responsable de l'Office de Tourisme de Bayonne et vice-président de la Société des Arts, des Sciences et des Lettres de la Ville. Il imagine un musée qui reflétera la réalité des mondes de la paysannerie et de la pêche. La présentation des collections est réalisée selon le dispositif dit des dioramas, c’est-à-dire une mise dans leurs contextes des objets proposés. Par exemple, la reconstitution de la cuisine d'une ferme basque, d'un point de vue très réaliste ci-dessous.

Lehenengo sukaldea - La cuisine en mode "diorama" © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Inauguré officiellement en 1934, le musée connaît une sorte de parenthèse de 1940 à 1944. Puis, il rouvre ses portes aux visiteurs comme avant la seconde guerre mondiale.
Le musée accueille de nouvelles collections comme le fonds de Firmin Arramendy, grand collectionneur d'instruments du jeu de pelote : pala, xare, grands et petits chistéras, pelote, photos, peintures.

Pilota gela Salle de la pelote © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Le musée ferme en 1989, pour des travaux de mise en sécurité. Zette Cazalas et Bernard Althabegoïty, architectes spécialistes en muséographie, redessinent et réinventent le musée. Après douze ans de travaux, s'ouvre une nouvelle ère pour ce lieu de découverte de la culture et de l'Histoire du Pays basque. En 2001, la muséographie devient résolument contemporaine, moderne, épurée. Les objets présentés ne sont plus remis dans leur contexte ou environnement mais existent en tant que tels.

Atzo eta gaurko museografia - Muséographie d'hier et aujourd'hui © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Les collections s'enrichissent constamment, notamment en art contemporain, avec des œuvres de Nestor Basterretxea, Christiane Giraud, Christine Etchevers, Oteiza et bien d'autres artistes. Le musée est toujours en mouvement grâce à toutes ses équipes.

Il se veut ouvert à toutes et tous. La philosophie des précurseurs et fondateurs est intacte. Le musée est résolument une maison pour toutes et tous.

Hemen sartzen dena bere etxean da ! © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Les invités

  • Sabine Cazenave, directrice et conservatrice du musée. S'appuyant sur l'exposition du centenaire du musée intitulée "100 ans déjà ! Un musée dans son siècle", elle souligne la modernité de l'institution et du Pays basque qui dès les années 30, s'ouvrent aux courants culturels, architecturaux extérieurs. Ainsi le pavillon des Trois B (Bigorre, Béarn, Basque) de l'Exposition universelle de 1937, dont le responsable est William Boissel qui propose ainsi à Paris, une vitrine des trois pays pyrénéens, véritable invitation à découvrir leurs richesses et atouts.
Erakusketa unibertsala. Exposition universelle 1937 © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Sabine Cazenave évoque également l'apport des frères Gomez, architectes et décorateurs bayonnais, lors de cette entrée dans la modernité du Pays basque, grâce à leurs réalisations arts déco : Bureau des douanes et Direction des Affaires maritimes de Bayonne, aménagements des Dames de France, maisons de standing, meubles, intérieurs.

Oraingotasuna - Modernité © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Le musée basque comme "son" pays, est en constante évolution et rien n'est éternellement figé dans un passé enjolivé. Cette modernité et cette capacité à évoluer et s'adapter, sont mises en avant à l'occasion des 100 ans du musée.

Sabine Cazenave et son équipe ont présenté à l'automne 2024 un projet de déconcentration du musée, un essaimage en Basse-Navarre et en Soule. Chaque province aura son musée, à Mauléon, ce seront les Pastorales (théâtre) et les Mascarades (carnavals), le pastoralisme et l'industrie (chaussures, espadrilles, aéronautique, recherche), et à Saint Palais, les chemins de Compostelle, le royaume de Navarre, les marchés. Sans oublier le projet d'extension du musée à Bayonne même.

Il est important que l'on donne à chacune des provinces du Pays basque nord, le musée qu'elle mérite.

Sabine Cazenave

directrice et conservatrice du musée

  • Régine Etcheverry, responsable de médiation culturelle, travaille avec tous les publics et notamment les enfants et les scolaires. Une activité de transmission des savoirs. Régine propose des ateliers - découvertes selon des thèmes proposés et pensés avec les enseignants. Les enfants fabriquent des coiffes de carnaval, après avoir étudié la mascarade souletine par exemple. Des visites thématiques sont proposées également.
Régine Etcheverry, Bitartekaritza arduraduna, responsable de médiation © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

J'ai proposé à Régine de nous parler de trois objets déposés au musée il y a cent ans. Des objets auxquels elle tient particulièrement, dont un que je lui ai un peu suggéré, et qu'elle aime tout comme moi. Les poupées fabriquées en feuilles de maïs, mais pas que (il faut voir absolument l'émission pour tout savoir !). Une charrette qui représente véritablement le monde rural. Un monde qui a définitivement disparu car ces charrettes tirées par des bœufs, vaches, mules ou chevaux, ne sont plus utilisées. Et puis l'argizaiola, la bougie de deuil. Derrière ces pratiques ancestrales, c'est une certaine idée de la mort qui s'exprime là. Une vision différente ou du moins apaisée. Car derrière tous les objets présentés au musée, c'est une part de l'essence même du Pays basque qui est révélée, suggérée, partagée. 

Panpinak - Les poupées © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Il me semble que lorsque l'on connait son patrimoine, son passé, on est mieux préparé à vivre ce monde contemporain.

Régine Etcheverry

responsable de médiation culturelle

  • Audrey Farabos, documentaliste, traite de la question fondamentale de l’inventaire. Il s'agit du travail très précis d'enregistrement de toutes les pièces déposées au musée : nom, utilité, fabricant, caractère de l'acquisition (don, achat, prêt...), dix-huit points sont ainsi renseignés. La loi de 2002 réglemente les inventaires, mais dès sa création en 1924, le Musée basque, alors que ce n'était pas requis, a établi son propre inventaire. Ainsi la première pièce recensée fut un plat présené à l'occasion de l'exposition des 100 ans, à côté du premier livre d'inventaire, rédigé élégamment à la plume.
Audrey Farabos Dokumentalista - documentaliste © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Dès ses débuts, le Musée basque entretient des relations étroites avec d'autres établissements, tissant un véritable réseau, notamment avec le Musée des Arts et Traditions populaires. Son directeur, Georges Henri Rivière est un ami de William Boissel. C'est lui qui propose au responsable du Musée basque, la belle aventure de l'Exposition universelle de 1937.

Inbentarioa. Inventaire. © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, le commandant Boissel, en contact avec Daniel-Henry Kahnweiler, galeriste de Picasso, essaie, hélas en vain, de faire venir au Musée basque, une reproduction du Guernica. Un exemple de plus pour souligner la volonté du musée de sans cesse s'inscrire dans le mouvement du renouvellement et de l'ouverture. 

Mais comme le musée ne lâche rien, l'exposition sur Gernika sera proposée en 2007, pour le 70ème anniversaire du bombardement de la ville. Le Musée Unterlinden de Colmar prête au Musée basque l'un des trois exemplaires de la tapisserie Guernica, dont le carton a été réalisé en 1955 par Jacqueline La Baume Dürrbach à la demande de Picasso. Force est de constater que le Musée du XXIème siècle s'inscrit comme celui des débuts, dans cette dynamique de réseau entre établissements.

Nous avons quelque 70 000 pièces de collections. Nous ne pouvons donc pas toutes les présenter, mais grâce aux expositions temporaires, elles tournent.

Audrey Farabos

Lehen objektua. Le premier objet de 1924 ! © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine
  • Les élèves de l'école publique bilingue Jean Moulin du Polo Beyris (Bayonne). En juin 2024, à l'occasion de la Nuit des Musées, ces jeunes ont interprété des bertso papera, des versets chantés au sujet du Musée basque. Ils les ont écrits et travaillés avec leur enseignant de basque, Ramuntxo Badiola et Lur,bertsolari, improvisatrice de poésies chantées. Un hommage à ce musée qu'ils visitent chaque année avec leurs professeurs des écoles, selon les thématiques retenues.
Les bertsolari de l'école publique Jean Moulin herri eskolako bertsolariak © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine

En quelques semaines ils ont écrit ces textes pour le centenaire du musée basque, un lieu qu'ils connaissent bien. C'est un joli bertso. Je les félicite !

Ramuntxo Badiola

enseignant

L'intégralité de l'émission est à retrouver en cliquant sur ce lien

À savoir :

L'exposition sur le centenaire s'est achevée le 4 janvier 2025. Ce Txirrita n'est pas consacré à ce temps fort, mais au cent ans écoulés du Musée.

Par ailleurs, le Musée Basque et de l’histoire de Bayonne  est fermé jusqu'au 24 mars 2025, pour des interventions techniques dans les bâtiments et sur les collections. Problème de présence de vrillettes qu'il faut absolument traiter !!

Artea eta pilota Art et pelote © Txirrita France 3 Nouvelle Aquitaine
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