Une seule bête contaminée et c'est tout un troupeau qui doit être abattu. C'est la règle sanitaire en vigueur pour lutter contre la tuberculose bovine, une épizootie toujours présente dans la région. Au Pays basque, 1 021 vaches sont condamnées à l'abattoir. Un crève-cœur pour les exploitants qui réclament de nouvelles règles et des tests fiables.
Dans cette exploitation de Moncayolle au Pays basque, chez Laura Etchebarne, le moral est au plus bas. Toutes les vaches doivent être abattues : c'est ce que prévoit la loi française. La nouvelle est tombée, en novembre dernier.
Le jour où on vous annonce ça, c'est vraiment le gros coup de massue qui tombe sur la tête!
Laura EtchebarneEleveuse à Moncayolle (64)
En cause, des tests annuels qui indiquent que trois de ses bêtes sont infectées par la tuberculose. Mais pour l'éleveuse, ces systèmes de dépistages cutanés ne sont pas assez significatifs.
Plus de mille vaches à abattre
En ce début février 2025, la contamination à la tuberculose bovine concerne 16 vaches dépistées positives après analyses chez 13 éleveurs du secteur, autour de Mauléon. Ce serait en tout 1 021 bêtes qu'il faudrait abattre de façon préventive. Un principe de précaution qui impliquera le fait de, peut-être, tuer des animaux sains. Difficilement concevable pour ces éleveurs qui se sont réunis ce 3 février pour faire passer un message.
"On aime notre métier, on aime nos animaux", revendique Florence Chapar, éleveuse à Lohitzun-OyHercq. Elle veut, elle aussi, témoigner de l'état émotionnel dans lequel se trouvent tous ces éleveurs du secteur de Mauléon. "Moi, si on abat mes vaches, déjà je ne vais pas en remettre. Et, voir une étable vide, je ne sais pas, je ne peux pas répondre à cette question", soupire-t-elle.
On pense à ça jour et nuit, maintenant. Ce n'est pas du cinéma !
Florence ChaparEleveuse à Lohitzun-Oyhercq (64)
Emmener ses vaches même non infectées à l'abattoir, "implique l'éleveur et sa famille", insiste Laura Etchebarne. "On est réunis aujourd'hui pour faire entendre, comprendre notre désarroi, notre colère mais aussi un gros sentiment d'injustice face à la situation. Il faut que ça change !".
Ça fait des années que ça dure, des stabulations entières qui ont été vidées, des éleveurs malmenés et il n'y a toujours rien qui évolue.
Laura EtchebarneEleveuse à Moncayolle
Regardez le reportage d'Alice Brousse et Sandrine Estrade

"Pas de test fiable"
La tuberculose bovine est une maladie d’évolution lente. Au début de la contamination, elle n'occasionne que peu de symptômes visibles chez l'animal contaminé et provoque des lésions dans l’organisme avant de s’étendre aux organes tels que les poumons ou la mamelle.
Sur un animal vivant, la tuberculose bovine n’est détectable que si on effectue un test qui nécessite d’injecter dans le derme du bovin de la tuberculine bovine (extrait purifié) afin de provoquer une réaction allergique cutanée au point d’injection. L’épaississement de la peau qui en résulte est mesuré après 72 heures, pour une comparaison avec le jour de l’injection.
Lorsqu’un animal présente un test positif, seul l’abattage peut permettre la confirmation de l’infection. C'est ce que reprochent ces éleveurs à ce mode de dépistage. "Ils n'ont pas de test fiable tant que la bête est vivante, insiste Laura Etchebarne, comme ses voisins.Il faut qu'elle soit tuée, puis analysée". "Dans les cas qui sont sortis dans les alentours, beaucoup de vaches tuées étaient négatives", déplore-t-elle.
Face à cette situation inextricable, beaucoup espèrent qu'on arrive, comme pour la grippe aviaire, à trouver un vaccin pour que ce type de situation ne se représente pas.
En attendant, parmi les agriculteurs concernés, certains seront reçus par le préfet des Pyrénées-Atantqiques, le 12 février. Selon le résultat de cette rencontre, les agriculteurs basques n'excluent pas de mener des actions.