Les gens ici sont habitués à vivre chez eux quand les conditions sont difficiles. Ils ne sont pas trop perturbés. Si vous montez en station, à Gourette, vous ne verrez pas grand monde... - Un motard de la gendarmerie

La route est vide jusqu'à Gourette, sans aucune circulation. Les traces des dernières chutes de neige sont maigres. Un paysage de fin de saison hivernale défile derrière les vitres. Une saison qui s'est arrêtée net, le 15 mars dernier.
Depuis, une petite centaine de personnes est confinée dans la station. On aperçoit quelques silhouettes circulant au pied des bâtiments vides, on entend des rires d'enfants qui jouent dehors le temps d'une promenade, mais l'atmosphère générale est celle d'un village presque déserté.

En fait, tous les mouvements convergent vers le seul commerce encore ouvert. La supérette de Didier Lassugnet, le lieu où se croisent rapidement et à distance les derniers habitants. Une vingatine de clients chaque jour. L'activité s'est effondré dès le début du confinement, 80% en moins. Mais ce commerce reste vital en station dans cette période exceptionnelle.
Je ne savais pas trop quoi faire au moment de l'annonce du confinement. Mais tant qu'il y a un peu de monde sur place, si on peut rendre service, on reste. Ca permet aussi de maintenir un poste sur le commerce. On a l'impression d'être totalement en dehors de la saison. C'est vraiment très particulier. Didier Lassugnet, commercant

Parmi les "habitants" de Gourette ces jours-ci, les saisonniers. Ils sont quelques uns confinés en station. Par choix parfois comme William qui effectuait sa toute première saison comme vendeur dans une boutique de location de ski.
Et puis il y a les saisonniers coincés par l'annonce du confinement. C'est le cas de Romain, originaire du nord de la France, qui travaille dans la restauration.On ne voulait pas rentrer voir notre famille, c'était trop risqué. On est bien ici. On ne voyait pas l'intérêt de redescendre en ville. Beaucoup de lecture, de films mais pas de randonnée, c'est interdit. William Mollaret, saisonnier
On ne peut pas rentrer chez nous, on est bloqués ici. On fait avec. Normalement je dois faire la saison d'été en Corse, on doit attendre le déconfinement pour bouger. Romain Evrard, saisonnier

Et puis enfin on rencontre ceux qui ont choisi de venir se confiner à Gourette. A l'image de ce propriétaire d'un studio dans la station.
Les "confinés de Gourette" tentent de maintenir une communication. De briser l'isolement. Ils ont même ouvert un compte commun sur les réseaux sociaux pour échanger pendant la durée du confinement. Histoire de partager les quelques informations utiles pour passer cette période si particulière.Je me suis confiné ici pensant que ça serait plus agréable. J'aime la montagne. On ne peut pas bouger c'est vrai, pas plus qu'ailleurs, mais je pense aux gens qui sont confinés à 3 ou 4 dans un appartement en ville.... Un propriétaire de studio à Gourette