La Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques juge à partir d'aujourd'hui, à Pau, une quinquagénaire, Cathy Livarek, qui avait enlevé en janvier
2012 à Bayonne, avec l'aide de quatre complices, son fils Ruben, âgé de 15 ans à l'époque et vivant chez son père
Le jour même de l'enlèvement, Cathy Livarek devait comparaître au tribunal correctionnel de Bayonne pour répondre d'un précédent enlèvement de son fils, commis en 2004. Mais elle ne s'était pas présentée devant les juges qui l'avaient condamnée à deux ans de prison - une décision confirmée en appel - pour soustraction de mineur par ascendant, de 2004 à 2010.
Le jour du procès, Ruben, qui demeurait chez son père, seule autorité parentale, était enlevé devant son collège à Bayonne. Des témoins assuraient que Ruben avait été approché par un homme d'une cinquantaine d'années, portant une barbe, et qu'il était monté sans aucune difficulté dans son véhicule.
L'adolescent était en classe de troisième et souffrait de problèmes psychologiques à l'époque de l'enlèvement. Les premières investigations devaient démontrer que Mme Livarek avait prémédité et planifié l'opération et disposait à cet effet d'une somme de 50.000 euros en
espèces.
C'est fin janvier 2012, que le "chauffeur" de la voiture a été identifié par les enquêteurs : il s'agit de Thierry Grandjean alias "Thierry Scarabelli", 47 ans au moment des faits, qui se présentait comme astrologue, astromancien et expert en Feng Shui, domicilé dans l'Oise.
Placé en garde à vue, M. Grandjean reconnaissait "avoir conduit l'adolescent dans sa voiture pour le remettre à sa mère 200 mètres plus loin", dans une voiture où l'accompagnait un autre homme. Il confirmait également "la fuite à l'étranger de Mme Livarek et de son fils".
Manipulation et conditionnement
M. Grandjean, qui revendique pour modèles Jésus-Christ et Socrate, assure, selon son avocat bayonnais, Me Nouhou Diallo, avoir agi "par souci d'humanité"."Mon client a été manipulé par Mme Livarek. Elle lui a fait croire que son fils souffrait d'autisme, qu'il était maltraité par son père, et lui a affirmé qu'elle voulait tuer son ex-mari. M. Grandjean a pensé qu'en l'aidant à enlever son fils, il protégerait l'ex-mari de Mme Livarek et que l'adolescent pourrait vivre auprès de sa mère", explique Me Diallo, dont le client a effectué quatre mois de détention provisoire.
La fuite organisée par Cathy Livarek l'a conduite avec son fils Ruben - rebaptisé "Jonathan" pour "l'exfiltrer" hors de France - en Italie puis en Grèce, avec la complicité d'un éclaireur et de chauffeurs.
La folle épopée a pris fin en septembre 2012 en Grèce, à Kavala, ville importante située non loin de la frontière turque. Mme Livarek y a été interpellée à la suite du témoignage d'une personne, en lien avec l'établissement où était scolarisé Ruben, qui "trouvait le comportement de la mère étrange". Comme celle-ci vivait en Grèce sous son vrai nom, le mandat d'arrêt européen (MAE) dont elle faisait l'objet depuis l'enlèvement de son fils avait permis immédiatement de l'identifier.
En mars 2013, trois nouvelles personnes étaient interpellées et mises en cause dans cette affaire: Nathalie Sanz, présidente fondatrice de l'Union nationale des droits et devoirs des enfants (UNDDE) et qui pratiquait par ailleurs "les soins occultes et le pendule", son compagnon Stéphane Moulin, un ancien militaire, et Kelekolio Lie dit Greg", ami du précédent.
Les trois complices ont reconnu en garde à vue leur implication dans l'enlèvement, tout en insistant sur le "conditionnement et la pression" qu'avait exercés sur eux la mère de Ruben, titulaire d'une maîtrise de psychologie.