Le groupe Total a confirmé son entrée en négociations exclusives avec EDF, allié au gestionnaire du réseau gazier italien Snam et au fonds souverain singapourien pour 2,4 milliards d'euros.
TIGF est une filiale de stockage et transport de gaz basée à Pau. Elle avait été mise en vente l'an dernier par Total, suscitant des craintes chez les syndicats et les élus locaux, et poussant Total et les repreneurs potentiels à leur donner de multiples assurances.
"Le consortium retenu (...) permettra d'accompagner le développement de TIGF dans le respect des engagements pris vis-à-vis de ses salariés et de ses partenaires", a souligné le PDG de Total Christophe de Margerie, cité dans un communiqué du géant pétrolier.
Ces engagements, qui figurent noir sur blanc dans un accord signé avec les représentants des salariés de TIGF, portent notamment sur la préservation des emplois, le maintien des dispositions sociales dont bénéficient les 500 salariés de la filiale, et la localisation de son siège à Pau.
Le secrétaire du CE, Patrick Mathieu (FO), a indiqué qu'un CE était convoqué le 12 février où les représentants du personnel se verront "remettre le dossier industriel, social et financier".
"On va s'assurer que les engagements dans le protocole d'accord seront intégralement repris", a-t-il souligné.
Le prix avancé par EDF
Face à deux offres similaires sur le plan des engagements sociaux, c'est en fin de compte le prix avancé par EDF et ses partenaires qui leur a permis d'emporter la mise, avec 2,4 milliards d'euros.Selon une source proche du dossier, l'offre du consortium rival était plus proche de 2 milliards.
"Les deux projets industriels étaient d'excellente qualité et le critère décisif a été la valorisation", a-t-on expliqué au sein de Total.
Le consortium vainqueur n'était plus en compétition qu'avec un groupement rival mené par la Caisse des dépôts française, depuis le retrait de l'espagnol Enagas fin janvier, qui avait transformé la course au rachat de TIGF en duel.
EDF (minoritaire avec 20% des parts, selon des sources proches du dossier) s'est allié pour l'occasion le gestionnaire de réseau gazier italien Snam (45%) et le fonds souverain singapourien GIC (35%).
"Ce sont des investisseurs de long terme et avec une certaine stabilité de l'actionnariat, ce qui est plutôt rassurant", a commenté M. Mathieu. Selon lui toutefois, "il va y avoir un opérateur dominant, la Snam, et il faudra voir qu'il ne gère pas TIGF en dominateur mais lui laisse son autonomie de fonctionnement".
Dans un communiqué commun Thomas Piquemal, directeur financier d'EDF, et Carlo Malacarne, directeur général de Snam, disent "attendre avec impatience de rencontrer les représentants du personnel afin de présenter notre projet qui vise à accompagner et à renforcer TIGF. Nous voulons partager notre vision d'un TIGF fort, jouant un rôle de premier plan en tant qu'opérateur d'infrastructures gazières implanté au cour du réseau européen".
L'électricien public intervient dans ce dossier en tant qu'investisseur à long terme, pour abonder sa réserve d'actifs dédiés au démantèlement de ses installations nucléaires.
Snam apporte quant à lui son expertise industrielle, en tant que premier gestionnaire de réseau gazier en Europe, également présent dans le stockage de gaz. En outre, l'italien a lui aussi fait l'expérience d'un désengagement de son ex-actionnaire principal, le groupe pétrolier italien Eni.
La Caisse des dépôts (intervenant en propre et via son fonds spécialisé CDC Infrastructure) s'était quant à elle associée au gestionnaire du réseau gazier belge Fluxys, à un trio d'assureurs français (Axa, CNP et Predica - Crédit Agricole), ainsi qu'à deux investisseurs internationaux, le fonds souverain d'Abou Dhabi (l'Adia) et le fonds de retraite néerlandais PGGM.
Total avait décidé de se séparer de TIGF (Transport Infrastructures Gaz France) à l'automne dernier, invoquant la règlementation européenne, qui pousse à la séparation entre les producteurs d'énergie et les gestionnaires de réseaux électriques ou gaziers.
TIGF, héritière des grandes heures de l'exploitation du gisement gazier de Lacq, emploie près de 500 salariés, exploite 14% du réseau français de gazoducs, soit un réseau de près de 5.000 km, et gère 22% des capacités nationales de stockage de gaz.