L'ancien ministre de la Santé a été entendu comme témoin au procès pour empoisonnement de Nicolas Bonnemaison. Bernard Kouchner a appelé de ses voeux une évolution de la loi "au plus vite".
"Il y a des domaines où l'illégalité est féconde", a déclaré Bernard Kouchner.
Cofondateur de Médecins sans frontières et Médecins du Monde, et ministre ou secrétaire d'Etat à la Santé à trois reprises, entre 1992 et 2002, son témoignage devant la Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau était attendu.
Il a dressé un parallèle avec la transgression des "French doctors" qui allaient soigner dans les conflits ou zone de souffrance à l'étranger sans attendre d'autorisation.
"Nous étions mis en prison et condamnés quand nous franchissions les frontières pour aller soigner les gens"
"Je déteste le mot euthanasie. Ce n'est pas loin du mot ingérence (...). C'est
la souffrance des autres. Comment réagit-on ? Peut-on être indifférent ?".
Face aux souffrances de la fin de vie "se détourner est facile, et appliquer la
loi, c'est plus facile que de la transgresser", a-t-il ajouté. Il s'est autorisé une
référence à l'accusé Nicolas Bonnemaison :
"il y a des hommes à remercier". Si le praticien "mérite des qualificatifs, ce n'est certainement pas celui d'assassin".
Le Dr Bonnemaison comparaît jusqu'au 27 juin pour avoir abrégé la vie de sept patients âgés et très malades, en leur administrant hors de tout protocole des médicaments ayant entraîné leur mort. Il encourt la réclusion à perpétuité.
Bernard Kouchner a dit se sentir lui aussi responsable, en raison de l'incapacité des politiques "à changer la loi, de manière à ce qu'il ne soit plus possible d'accuser ceux qui ont la responsabilité d'abréger la souffrance".Il a dit regretter lui-même de n'avoir pu réaliser une législation complète, en
2002 avec sa Loi sur les droits des malades, qui visait notamment à interdire l'acharnement thérapeuthique.
Sur la loi Léonetti datant de 2005 instaurant en creux un droit de "laisser mourir", M. Kouchner s'est montré critique --"on meurt de faim et de soif. Je déteste cela".
Mais il a estimé "qu'elle a sa place dans la chaîne du progrès, un élément qu'il conviendrait de dépasser au plus vite", a-t-il déclaré.
"Il y a eu, il y a une évolution sur la fin de vie. Elle vient, elle est là", a-t-il prédit.
Regardez le reportage suivi des explications de notre journaliste Sabrina Corrieri :