Au moins cinq orques ont été observées sur le Gouf de Capbreton cette semaine. Lilian Haristoy, photographe qui prépare depuis plusieurs années un livre sur la riche biodiversité de cet immense canyon sous-marin, raconte une rencontre inoubliable.
"Je savais que des orques avaient été vues en train de remonter depuis l'Espagne, mais je ne pensais pas les croiser sur ma route", raconte Lilian Haristoy.Ce photographe qui prépare un livre sur le Gouf de Capbreton a eu la chance de croiser deux de ces impressionnants cétacés, lors d'une sortie en mer jeudi 17 septembre, au large de Bayonne. "Je n'étais pas parti pour les orques, mais ça a été la cerise sur le gâteau !"
"Au début, j'ai cru voir un dauphin, en apercevant un aileron au loin. Puis j'ai vu une femelle orque émerger et là... c'était l'euphorie" témoigne Lilian Haristoy.j'ai vu une femelle orque émerger et là... c'était l'euphorie !
Il aperçoit un second aileron plus loin de son bateau "probablement un jeune mâle", mais la rencontre reste fugace. "Les orques sont parfois joueuses et viennent au bateau, mais ces deux-là étaient très farouches".
S'il ne peut pas plonger avec les deux animaux, le photographe a tout de même le temps de réaliser quelques clichés, dont cette photo...
Nous avons été quelques privilégiés hier a pouvoir observer cet animal sur le gouf de Capbreton. Il dégage une telle...
Publiée par Lilian Haristoy sur Jeudi 17 septembre 2020
Des orques venues du détroit de Gilbraltar
Après son retour, Lilian Haristoy est contacté par un ami qui a également aperçu trois orques sur le Gouf ce jeudi au même moment. Le groupe d'orques, probablement en migration, était donc constitué d'au moins cinq individus.D'après la Dr Ruth Esteban, scientifique qui travaille au CIRCE, un institut de recherche spécialisé en Espagne, en contact avec Lilian, les orques sont en provenance du détroit de Gibraltar. "Elle a pu les identifier grâce aux ailerons" précise le photographe, qui a envoyé ses clichés à la chercheuse.
Serait-ce les individus qui ont fait parler d'eux pour avoir percuté des bateaux en Espagne et au Portugal ? C'est possible, étant donné leur route, mais rien ne permet de l'affirmer avec certitude. Et ce comportement inhabituel laisse pour l'instant les connaisseurs, comme Lilian, très circonspects. "Les orques peuvent être très joueuses, mais elles sont trop intelligentes pour s'attaquer aux hommes !" souligne-t-il.
Le mystérieux Gouf de Capbreton
Le Gouf de Capbreton est un immense canyon sous-marin au large du littoral aquitain qui recèle encore bien des mystères. Dauphins, rorquals, globicéphales, ... de nombreux cétacés y font escale lors de leur migration, et quelques-uns y restent toute l'année.Les orques vues cette semaine vont-elles rester sur place quelques jours ou remonter vers le nord directement ? "C'est impossible de le savoir. Apparemment, il y a une année ou elles avaient été vues pendant trois semaines, mais vu le gros temps qui arrive..." s'interroge Lilian.
C'est la deuxième fois seulement, après de très nombreuses sorties en mer, que le photographe peut observer des orques. Mais leur passage semble se repéter ces dernières années. Ainsi, en 2017, un groupe de plongeurs avaient pu nager avec les épaulards... Carte : le Gouf de Capbreton, un immense canyon sous marin au large de Capbreton
Hormis sur les questions liés à la pêche, la richesse de la biodiversité du Gouf ne fait pas vraiment l'objet de recherches approfondies, déplore Lilian Haristoy.
C'est pourquoi il s'est lancé, depuis plusieurs années, dans un projet de livre de photographies, dont la parution est prévue pour l'automne 2021.
Son travail doit prochainement faire l'objet d'un reportage au sein de l'émission Thalassa.