La secte Tabitha's Place à Sus en Béarn est dans le viseur de la justice depuis plusieurs années pour des soupçons de violences sur mineurs. Neuf personnes ont été placées en garde-à-vue. Une mère de famille a été mise en examen pour violences sur mineurs mercredi 4 décembre.
La procureure de la République de Pau, Cécile Gensac, a annoncé mercredi 4 décembre qu'une personne avait été déférée devant le juge d'instruction et mise en examen. Cette mère de famille a été placée sous contrôle judiciaire.
Ils revendiquent l'utilisation de petites baguettes pour contraindre et sanctionner des enfants qui n'ont pas respecté un certain nombre de règles.
Cécile Gensac - Procureure de Pau -
La procureure détaille : " Il ne s'agit pas de fantasmer sur des violences qui sont outrancières. Pour autant ce sont des violences caractérisées qui ne sont pas dans les termes de ce qu'autorise la loi pénale, et à ce titre-là je souhaite que le juge d'instruction puisse faire toute la vérité sur la caractérisation de ces infractions."
Mardi 3 décembre, neuf personnes avaient été placées en garde à vue. Si certaines gardes à vue ont été levées, des auditions seraient toujours en cours mercredi. Deux autres personnes avaient également été entendues sous statut de mis en cause.La secte est toujours dans le viseur de la justice comme en témoigne ce reportage ►
Opération de gendarmerie pour "vérifications"
Les gendarmes se sont rendus dans les locaux de la secte ce mardi matin 3 décembre. Une opération menée dans le cadre d'une commission rogatoire, selon la procureure Cécile Gensac, qui confirme l'information parue dans la République des Pyrénées et parle de "vérifications". Plusieurs personnes ont été placées en garde-à-vue.La secte est dans le viseur de la Justice depuis plusieurs années. Une première information judiciaire date de 2014. Une deuxième, jointe à la première, a été ouverte par la procureure Cécile Gensac au printemps 2019.
Dans le viseur
En 2015, près de 200 gendarmes avaient investi les lieux pour une opération coup de poing. Dix membres de la secte avaient alors été placés en garde-à-vue et mis en examen pour des faits d'abus de vulnérabilité dans le cadre d'un mouvement à caractère sectaire et de violences sur mineur, ainsi que de suspicion de travail dissimulé.Déjà en 1997, un bébé de 19 mois y était décédé, victime de dénutrition et de manque de soins. Ses parents avaient alors été condamnés à douze ans de réclusion criminelle.
Jeux interdits aux enfants et punitions corporelles
Le mouvement Tabitha's place est né aux Etats-Unis dans les années 70. Ses membres veulent vivre conformément aux écrits de la Bible. Classée comme secte par la commission d'enquête parlementaire sur les mouvements sectaires en 1995, le mouvement s'est implanté en Béarn, dans la commune de Sus en 1983.En 2015, un ancien membre de la secte, né dans la communauté, avait accepté de témoigner anonymement pour France 3 Pau Sud Aquitaine. Il y racontait une enfance où les châtiments corporels étaient nombreux, les jeux interdits, et la manipulation mentale omniprésente.
"Je me souviens quand j'étais très jeune, on avait plein de jeux. On jouait au basket, au foot… Et un jour le grand chef a fait un grand feu et a demandé à tous ceux qui possédaient des jouets de les jeter eux-mêmes dans le feu"
Les enfants comme les adultes sont en charge de la production de légumes et du travail manuel. "Ils utilisent Dieu pour conditionner les gens, dénonçait l'ancien adepte. Une fois qu'ils sont conditionnés, c'est boulot, boulot, boulot. Si on ne va pas aux réunions, si on ne veut pas travailler, ce sont des punitions. Il n'y a pas d'échappatoire".
Ecoutez le témoignage de cet ancien adepte de la secte Tabitha's place