En 2023, victime d’un accident sur une route du nord Béarn (Pyrénées-Atlantiques), Tom Benquet a vu sa vie bouleversée par un défaut technique de son airbag. Ce dispositif de sécurité, censé le protéger, a failli le tuer. Son cas n'est pas isolé et au moins quinze décès associés à des airbags défectueux ont été relevés en France depuis 2016. Ce mercredi 22 janvier, l'association UFC Que-choisir porte plainte contre le groupe automobile Stellantis.
"Ça a tapé doucement à 50 km/heures, pourtant l'airbag s'est déclenché, du sang partout, une scène horrible", se souvient-il encore difficilement. La vie de Tom Benquet bascule un soir de novembre 2023. Alors qu'il rentre du travail, le jeune automobiliste de 19 ans percute de plein fouet un véhicule roulant dans le sens inverse. Si le choc est brutal, il n'est cependant pas la seule cause du traumatisme du jeune béarnais.
Capsule brisée en mille morceaux
Ce jour-là, pris en charge par les secours, Tom se voit retirer un morceau métallique qui s'est directement logé dans sa clavicule. "Normalement, il y a une pièce qui vient tenir l'airbag et cette pièce s'est projetée en même temps et s'est brisée en mille morceaux."
"La cartouche de l'airbag s'est désolidarisée du volant, l'airbag qui était censé gonfler et le protéger aurait pu le tuer, à trois ou quatre centimètres près, il pouvait prendre la cartouche en pleine poitrine", abonde son avocat, Maître Christophe Arcaute.
Même si moi par chance, je suis un miraculé, c'est quand même des images qu'on aimerait oublier à jamais.
Tom Benquet,victime d'airbag défectueux
Plusieurs cas d'airbags défectueux
Le cas de Tom Benquet est loin d’être une exception. Depuis 2016, au moins quinze décès en France, principalement en Outre-Mer, ont été associés à des airbags défectueux de l’équipementier japonais Takata, selon une enquête de Radio France. Si le fabricant a fait faillite en 2017, il équipe des millions de véhicules de différentes marques à travers le monde, dont ceux du groupe Stellantis.
Si pour l'heure aucun lien officiel n'a été établi entre ces décès et les airbags, en 2017, Takata avait déjà été condamné aux États-Unis à verser un milliard de dollars après la mort de 27 personnes. En France, environ 500 000 véhicules, dont des Citroën C3, C4, DS3 et DS5, sont concernés, beaucoup ont d'ailleurs fait l'objet de rappel de la part du constructeur automobile Stellantis.
Responsabilités
Justement, le groupe Stellantis était-il informé de la défaillance des équipements ? "Les voitures entre 2011 et 2019 sont concernées aujourd'hui pour ces rappels, donc on a quand même un spectre assez large, et la question est de savoir si on a continué à monter ou pas des airbags que l'on savait défectueux", s'interroge maître Christophe Arcaute.
Vous venez acheter une voiture avec un airbag qu'on vous vend comme un élément de sécurité, cet élément et en réalité défectueux et peut vous tuer, c'est ça qui interpelle la famille Benquet.
Christophe Arcauteavocat de la famille Benquet
Contacté, Stellantis indique procéder régulièrement à des tests sur ses airbags et qu'aucun retard n'a été pris pour le rappel des véhicules. En France, neuf informations judiciaires ont été ouvertes dans le cadre de ces affaires d'airbag défectueux, comme dans le cas de Tom Benquet.
"Les investigations ont été reprises, et le parquet de Pau a saisi un juge d'instruction en octobre 2024, pour que des expertises techniques plus poussées puissent être ordonnées afin que l'on sache les circonstances précises dans lesquelles les blessures de ce conducteur sont intervenues", confirme Rodolphe Jarry, procureur de Pau.
Dépôt de plainte
Ce mercredi 22 janvier, l'affaire prend un nouveau tournant avec le dépôt de plainte de l'association de consommateurs UFC que choisir contre le groupe Stellantis, estimant que celui-ci a trop tardé à informer les automobilistes. "Pourquoi on a continué à vendre des véhicules avec ces airbags dont on connaissait la dangerosité et défectuosité, pourquoi on n'a pas rappelé plus tôt des véhicules, sur l'ensemble du territoire, pour l'ensemble des modèles ?", réagit l'association qui parle de "scandale automobile".
Dans l'attente de réponses, le ministère des Transports a lancé une campagne de sensibilisation. Un site permet aux automobilistes de vérifier si leur véhicule fait partie des modèles concernés.
Pour Tom Benquet la route vers la guérison est encore longue : "Ça risque de durer très longtemps, cinq, six ans, donc on prend son mal en patience, on essaie de passer à autre chose même si on en entend parler un peu tous les jours."