Les pompiers ont risqué leur vie en se jetant à l'eau pour secourir les naufragés

Lors du naufrage du Cycnos, le 22 décembre 2023 sur la digue de Socoa, les pompiers avaient tout fait pour tenter de secourir tous les marins du bateau de pêche dans des conditions périlleuses. Seul le capitaine du navire a survécu. Trois de ces sauveteurs viennent de recevoir une médaille des mains du sous-préfet de Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques.

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Quand ils racontent cette nuit-là, l'émotion est palpable. Leurs regards se croisent. Ils se souviennent de tout. Les deux pompiers qui se sont jetés à l'eau ce jour-là semblent partager le même esprit de leur mission de sauvetage.

Quand ils arrivent sur place, les débris du bateau de pêche continuent d'être projetés sur la digue de Socoa qui protège le port de Cibourre-Saint-Jean-de-Luz au Pays basque. Les hommes, comme les morceaux du navire, s'enchevêtrent, apparaissant et disparaissant au rythme de la forte houle qui s'abat sur l'ouvrage de béton.

On est arrivés sur une situation avec des personnes démunies qui étaient en train de se noyer devant nous...

Caporal Florent Pesenti

Sapeur-pompier professionnel

"Avant d'avoir des matériels, des moyens, c'est très long pour nous de vivre ça et de leur hurler de s'accrocher, de tenir bon...", raconte le Caporal Pesenti qui, devant l'urgence, décide de se mettre à l'eau, comme le Sergent-Chef Antton Carricaburu, dans une mer extrêmement agitée.

Un marin sauvé

Mais dans l'eau tout est très compliqué, intense."On a été projetés plusieurs fois sur la falaise avant d'être pris par les vagues", décrit le Caporal Pesenti. "Quand on s'est présentés dans l'eau, on a pris chacun la première victime", détaille le sergent-chef.

On a réussi à leur mettre une bouée à chacun. Ensuite, le plan, c'était de rester ensemble tout au long de l'intervention...

Sergent-chef Antton Carricaburu

Sapeur-pompier professionnel

Mais les choses ne se passeront pas comme espérées. La visibilité réduite, les remous, les sauveteurs perdent les marins pêcheurs qu'ils étaient venus secourir et doivent s'extirper eux-mêmes, du bouillon. Après plusieurs tentatives, Antton Carricaburu arrive à rejoindre le bord rendu extrêmement dangereux par le ressac. Le troisième pompier réussit à lui envoyer un filin pour le remonter sur la paroi rocheuse."Et Olivier, qui était sur la falaise, a réussi après plusieurs tentatives à m'envoyer une corde. Après, c'est les copains qui nous ont sortis de l'eau..."

 

Le Caporal, lui, a perdu le contact avec le naufragé qu'il tentait de secourir et sera repêché par un bateau de la SNSM un peu plus tard.

Malgré leur intervention courageuse, deux marins sénégalais vont donc périr dans le drame. Les pompiers parviendront à repêcher le capitaine du bateau.

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Deux d'entre eux n'avaient pas hésité à se jeter à l'eau malgré des conditions de mer très dangereuses. Témoignage. Un reportage d'Andde Irosbehere et Rémi Poissonnier. ©France 3 Aquitaine

Un naufrage marquant

Le naufrage, ce 22 décembre 2023, a choqué les gens de mer. Il était très précisément 1 h 46 quand le sémaphore de Socoa a capté un premier appel de détresse émanant "d'une voix paniquée". Le bateau qui arrivait d'Arcachon, devait accoster au port de Saint-Jean-de-Luz, avec trois personnes à son bord. Cette nuit-là, la houle était forte, les vagues atteignaient jusqu'à quatre mètres de hauteur, le vent soufflait à 50 km/h.

Malgré ces conditions météo difficiles, dans la nuit noire, d'importants moyens de secours ont été déployés au pied de la digue marquant l'entrée du port de St-Jean-de-Luz, avec le bilan que l'on connaît.

Neuf mois après le drame, le bureau d'enquête sur les évènements de mer (BEA mer) a publié ses conclusions sur les circonstances, l'état de fatigue des marins et le déroulé des faits.

Une reconnaissance

Le 28 novembre dernier, lors d'une cérémonie au Couvent des Récollets à Ciboure, les trois pompiers de la caserne de Saint-Jean de Luz se sont vus remettre une médaille pour "acte de bravoure et dévouement" par le sous-préfet de Bayonne.

Lors de cette cérémonie, c'était aussi l'occasion de rendre compte des interrogations que les services de sécurité ont formulées sur la façon dont l'événement maritime s'est passé et ce qui aurait pu être amélioré. Après cette intervention marquante, le SDIS 64 a décidé de renforcer les équipements de ses sauveteurs nautiques.

Les enseignements de ce naufrage

Les sauveteurs vont bénéficier d'une protection supplémentaire appelée "gilet impact" qui permettra de protéger le buste du pompier des impacts, comme ici sur la digue ou les rochers. Un casque viendra s'ajouter systématiquement à l'équipement. 

"On a privilégié la mise en place d'un dispositif qui nous permette de les repérer donc on a des éclairages beaucoup plus puissants", assure le Lieutenant-colonel Joseph Bonson, conseiller départemental sauvetage aquatique. Par ailleurs, l'accent est également mis sur la formation des hommes et des femmes susceptibles d'intervenir sur ces opérations d'urgence en milieu aquatique.

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