Coronavirus. "La deuxième vague nous pend au nez sauf si on arrive à casser la tendance"

Alors que le nombre de cas de Covid-19 explose dans la Vienne et que le département pourrait basculer en zone de circulation active du virus, Sophie Larrieu, épidémiologiste à Santé Publique France répond aux questions que vous vous posez peut-être sur le taux d'incidence de la Covid-19. 

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Selon les derniers chiffres communiqués par Santé Publique France, la circulation du coronavirus s'intensifie partout en Nouvelle-Aquitaine et notamment dans la Vienne où le le taux d'incidence, en très forte croissance, est  de 55,3 cas pour 100.000 habitants sur une semaine (données du 7 septembre). Ce taux correspond à un niveau rouge, synonyme de passage en zone de circulation active du virus si le Premier ministre le décide. 

La Vienne est le seul des quatre départements de Poitou-Charentes à atteindre ce niveau rouge d'activité épidémique. Dans les Deux-Sèvres, le taux est 35,4 cas pour 100.000 habitants, 23 en Charente, et 13,9 en Charente-Maritime. 

  • Que révèle cette très forte hausse du taux d'incidence ? 

Sophie Larrieu, épidémiologiste  Le taux d'incidence c'est le principal indicateur pour regarder l'évolution de la situation épidémiologique et comparer les territoires entre eux. Certes il a ses limites car il est basé sur le nombre de cas confirmés et on sait que ce nombre n'est pas complètement représentatif de ce qui se passe et qu'il peut varier en fonction des stratégies de dépistage. Plus on teste, plus on trouve et plus ce taux d'incidence augmente. Mais, c'est là qu'intervient le taux de positivité qui mesure le nombre de tests positifs rapporté à 100 tests réalisés. Si on se met à tester la population à tout va, qu'on trouve plus de cas mais que le taux de positivité diminue, oui on pourra dire qu'on a trouvé plus de cas parce qu'on a cherché massivement.Mais si le taux d'incidence et le taux de positivité augmentent en parallèle, alors on sait que le virus circule beaucoup plus. Et c'est ce qui se passe en ce moment. Dans la Vienne par exemple, de début août à début septembre, le taux d'incidence a augmenté de 3,4 à 55 cas pour 100.000 habitants; il est même de 95 à Poitiers et son agglomération. Dans le même temps, le taux de positivité est passé de 0,7% à 4,5%. En gros, début août, pour 100 tests réalisés, on n'en avait même pas un qui était positif dans la Vienne : aujourd'hui, il y en a entre quatre et cinq positifs. 
  • Cette situation vous inquiète-t-elle ? 

SL La situation est moins préoccupante que dans certains territoires où le taux d'incidence est très très élevé comme en Gironde où il est de 160, mais oui il faut s'inquiéter. Le seuil d'alerte à partir duquel on considère que le virus circule vraiment, c'est 50 cas pour 100.000 habitants. Il est dépassé dans la Vienne, mais aussi dans les Pyrénées-Atlantiques ; on le frôle dans d'autres départements de Nouvelle-Aquitaine comme le Lot-et-Garonne et les Landes. De plus en plus de territoires sont touchés par une circulation active. Si on continue sur la même lancée, on rentre dans ce qu'on redoute tous. La deuxième vague nous pend au nez sauf si on arrive à casser la tendance. On peut y arriver si on s'y met tous. 
  • Ce qui frappe surtout dans la Vienne c'est la hausse rapide du nombre de cas, comment l'expliquez-vous ? 

SL De manière générale, plus un virus s'installe, plus c'est difficile de l'arrêter. Il y a des grands mystères sur les maladies infectieuses et comment elles se répandent ; on ne sait pas toujours expliquer pourquoi ça va flamber tout d'un coup ou pourquoi ça ne part pas. C'est encore plus vrai pour le SARS-Cov, on a encore énormément de choses à apprendre. Expliquer cette hausse exponentielle dans la Vienne, c'est difficile. Est-ce parce que c'est un département moins touristique et que certains habitants ont ramené le virus de leur lieu de vacances ? Est-ce la conséquence de la rentrée ?

De toute façon, la tendance est là : le virus est en augmentation dans tous les départements de Nouvelle-Aquitaine, même si ce n'est pas linéaire partout. C'est vrai que dans la Vienne, qui avait été relativement épargnée au printemps, c'est très fort ces derniers jours mais peut-être que ça va se stabiliser et que la tendance va se normaliser. C'est un peu tôt pour dire que le département se démarque des autres, il ne faut pas interpréter les chiffres semaine par semaine. 
  • La Charente-Maritime est l'un des rares départements néo-aquitains à échapper à l'épidémie, pourquoi ? 

SL Le département est en effet très preservé (NDLR : le taux d'incidence y est remarquablement faible : 13,9 cas pour 100.000 habitants) mais je n'ai pas d'explication. Les gens s'y comportent-ils différemment ? Je l'ignore. C'est d'autant plus surprenant qu'il y a beaucoup d'habitants, beaucoup de touristes, je l'ai constaté moi-même. On espère surtout que ça va durer. En attendant, on peut tous s'y mettre pour arriver à casser la tendance générale. On est à un moment où c'est encore possible; à condition d'agir tous collectivement pour protéger les plus fragiles. 

 
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