Aux confins de la Vienne, à Saint-Pierre de Maillé, l'ancienne distillerie abrite une dizaine de copropriétaires. Loin d’être une tendance à la mode, l’habitat partagé continue toujours à faire des émules.
Ce lundi 20 janvier 2025, une partie des habitants s'affairent dans les étages. Il faut faire place nette et tout vider. Xavier Zimmerman, un artiste visuel et résident, s'apprête à agrandir son espace de travail.
Ça va être un peu comme un atelier logement, le logement en haut et l’atelier en bas.
Xavier ZimmermannArtiste visuel, résident de la Distillerie
“On s’entraide tous, certains se chauffent au bois, quand il y a cinq ou six stères de bois qui arrivent, tout le monde s’y met, il y a une solidarité qui fait que l’on s’aide tous les uns avec les autres, on a un petit compte WhatsApp pour dialoguer entre nous, on se débrouille ainsi”. À l’origine de cette histoire, il y a Hélène Gherman. Elle vit dans l’ancienne maison du contremaître dont la singularité réside dans ces fenêtres à guillotine. Cette ancienne artiste de comédies musicales à Broadway, reconverti en productrice de spectacles, décida en 2002 de reprendre ces lieux abandonnés. C’était juste au moment du Covid.
On s’est confiné à dix ici et on s’est rendu compte que c’était vachement plus drôle que d’être tout seul dans son appartement.
Hélène GhermanFondatrice de la Distillerie, habitat partagé
L’idée d’un habitat partagé a pris racine à ce moment-là. Pour éclore vingt ans plus tard, en 2020. Chacun a son propre logement et se retrouve parfois dans des endroits communs comme la cuisine ou la salle à manger. Le potager est entretenu par l’ensemble des résidents. Plus qu'un lieu participatif, une aventure humaine.
“On s’est rendu compte que cela allait être très important de partager des lieux, de pouvoir s’entraider et de pouvoir mutualiser les coûts de l’existence, car de manière générale, ils deviennent très importants et puis le plaisir de se retrouver”.
La distillerie, un lieu en perpétuel mouvement
En 1940, le lieu fut d’abord une distillerie. On y produisit de l’alcool de betteraves. Puis, à partir des années 70, l’usine fut abandonnée pendant 30 ans. Elle devint ensuite un lieu alternatif ouvert aux arts pendant près de 20 ans. Enfin, "La Distillerie de vies" est devenue un habitat partagé dont les règles de copropriétés sont définies à l’avance. "On est tous copropriétaires de l’ensemble, mais on n'est pas propriétaire du lot dans lequel on s’installe. On est titulaire d’un commodat qui court sur 99 ans. Il faut accepter ce droit d’usage plutôt qu’un droit de propriété, c’est déjà une mentalité à avoir”.
Dans le même bâtiment, mais au rez-de-chaussée, Barbara Constantine est autrice de livres dont le sujet de prédilection est l’habitat partagé : “je me suis dit, c’est bien de faire de la fiction, c’est encore mieux d’essayer”.
Il y a cinq ans, elle fut la première à répondre à l'appel d'Hélène et à rejoindre l'aventure. “C’était une grange sans rien, il n’y avait pas d’eau, juste l’électricité, il n’y avait pas de velux, pas d’étage, pas de salle de bains, il a fallu tout faire pour pouvoir y habiter”. Cela fait plus de quatre ans qu’elle vit ici, une expérience qu’elle juge intéressante et qui devrait selon elle être davantage répandue.
Toute seule il y a beaucoup de chose que je n’arrivais pas à faire parce que je n’ai que deux bras, là, on peut faire des choses ensemble.
Barbara ConstantineAutrice et résidente à la Distillerie
Dans cet habitat partagé où la majorité des résidents sont des artistes, la programmation très éclectique d'évènements culturels ouverts au public va se poursuivre.
Deux logements sont encore disponibles pour ceux qui souhaitent vivre l’expérience d’un habitat partagé.