"Je n'en peux plus, tous les matins, j'ai peur d'emmener mes enfants à l'école" quand la végétation remplace les trottoirs, la route devient dangereuse

À Poitiers, certains trottoirs ont été remplacés par des sapins et des plantes. Il ne reste que la bordure, sur laquelle marchent enfants et riverains pour se rendre en centre-ville ou tout simplement à l’école. C’est là que ça coince. Prendre le risque de tomber ou marcher sur la route, le choix est cornélien à l’approche des voitures.

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Il faut partager la route. Du moins, la rue Saint-Hilaire, boulevard circulaire qui permet aux voitures d’accéder à la sortie de Poitiers. Piétons, deux roues, voitures et camions : tous sont invités à cohabiter sur le bitume puisqu’il n'y a plus de trottoirs accessibles. Seul problème, cette rue est empruntée quotidiennement par des familles puisqu’elle mène à deux écoles et par des personnes âgées qui habitent dans une résidence sénior dans la rue.

La sécurité problématique

« Je n’en peux plus, tous les matins, vraiment tous les matins, j'ai peur en emmenant mes enfants à l’école, regrette une maman. Vous n’imaginez pas ce que ça fait d’avoir des voitures qui, vraiment, vous collent et même vous touchent alors que vous avez les mains de vos enfants dans vos mains ».

Tous les matins, c'est la boule au ventre, j'ai très peur.

Une maman

usagère de cette rue désormais sans trottoirs

"Moi, j'ai peur de tomber puisque je marche sur la bordure avec mon bébé contre moi " renchérit une autre maman. « Je crains de sortir de chez moi, j’y pense constamment, conclut une dame qui habite la résidence de la rue. Ma voisine s’est fait agresser il y a deux semaines par un automobiliste, je ne veux pas vivre cela, c’est traumatisant, j’ai très peur ».

Difficile dans cet article de partager les centaines de témoignages recueillis sur place, mais ce qui est sûr, c’est que la peur est palpable. L’énervement également, car beaucoup ne comprennent pas les décisions de la mairie. 

« Même nous en voiture, on trouve ça lunaire que les piétons se poussent et se collent sur les côtés pour éviter d’être touchés par les voitures, déplore un automobiliste. Il y avait des trottoirs qui viennent de disparaître, mais il y a toujours des personnes âgées, des écoles, des enfants qui traversent tous les jours. C’est extrêmement dangereux, les voitures ne respectent pas les 20 km/h ».

Et pourtant, c’est la loi. Car cette zone est désormais une zone de rencontre. Selon le Code de la route, les piétons qui y circulent sont prioritaires. Les véhicules sont, eux, limités à 20 km/h.

C’est l’argument phare de la mairie qui se défend même d’avoir végétalisé ces trottoirs puisqu’ils les considéraient déjà non conformes.

C’est une politique générale sur Poitiers qui s’appelle faites de votre rue un jardin.

Jean-Louis Fourcaud

Responsable de la voirie à la mairie de Poitiers

« Partout où l’on fait ce genre de choses, on ne doit pas dégrader l’accessibilité et là, on était sur des trottoirs qui n’étaient déjà pas accessibles, sourit Jean-Louis Fourcaud, conseiller municipal délégué à la Voirie de la mairie de Poitiers. Les poussettes ne pouvaient déjà pas rouler en continuité sur le trottoir, on a considéré que c’était donc une zone non accessible, nous avions donc le droit ».

La mairie a donc pris des mesures compensatoires, à savoir cette zone de rencontre, mais cela ne suffit pas pour certains.

La loi Vs le risque

Quelle est l’importance de la loi, qui plus est, n’est pas respectée, par rapport à la sécurité des passants ? Un collectif de riverains pointe la dangerosité et ne compte pas lâcher la mairie jusqu’à ce que des aménagements soient faits.

« Moi, j’exige qu’ils nous rendent nos trottoirs, et s’ils ne font rien du tout, je ferai une procédure contre eux, explique le professeur Favraux, 93 ans, habitant de la résidence dans cette rue Saint-Hilaire. J’ai déjà prévenu le tribunal administratif, s’ils ne bougent pas, il y a un dossier qui sera déposé au tribunal administratif ».

« Pourquoi ne pas mettre toute la rue à niveau et permettre aux automobilistes de mieux voir que nous devons avancer ensemble, propose une riveraine. L’idée est bonne, mais la réalisation est absolument nullissime et dangereuse ».

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À Poitiers, certains trottoirs ont été remplacés par des sapins et des plantes. Il ne reste seulement que la bordure, sur laquelle marche enfants et riverain pour se rendre en centre-ville ou tout simplement à l’école. ©France télévisions

Face à la hausse des plaintes, la mairie de Poitiers a décidé de renforcer son dispositif.

Cela coûte trop cher de mettre toute la rue au même niveau.

Jean-Louis Fourcaud.

Responsable de la voirie à la mairie de Poitiers

« Il y a également une demande de ralentisseur, mais je n’y suis pas trop favorable, explique Jean-Louis Fourcaud. Ce qui est sûr, c’est que l’on va mettre tout le quartier en zone de rencontre, de la rue Théophraste Renaudot jusqu’à la rue du Doyenné, rue du Cuvier et rue Aliénor d’Aquitaine. On va améliorer la signalétique avec plus de panneaux et des bandes de résines. On essaye de changer les habitudes, mais je trouve que les voitures ne vont pas à une zone excessive ».

Pourtant, nous, l'avons-nous, même constaté sur place, les voitures ne respectent pas du tout les 20 km/h. Outre passer les ressentis, un comptage des voitures et de leurs vitesses va être réalisé en janvier 2025. Mairie et opposants se reverront juste après. Affaire à suivre.

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