Les enseignants du lycée Victor-Hugo à Poitiers dénoncent le manque de "cohérence" des mesures anti-Covid dans les établissements scolaires. Face aux revendications, ce dispositif a été assoupli par l'Education nationale jeudi dans la soirée.
La quinzaine d'enseignants du lycée Victor-Hugo mobilisée ce jeudi midi contre le nouveau plan sanitaire en vigueur depuis la rentrée de janvier dans les établissements scolaires l'annonce d'emblée : leurs revendications ne sont pas spécifiques à leur lycée, mais communes à un grand nombre d'enseignants de tout le pays. La réduction du "nombre de jours d'isolement des cas positifs au Covid" ou encore le conditionnement du "retour en classe des élèves cas contacts négatifs à des auto-tests à J0, J+2, J+4" ne sont, à leurs yeux, pas de nature à les "rassurer" dans l'exercice de leur métier, en pleine pandémie de Covid.
Des auto-tests à J0, J+2, J+4 "laissent tout le loisir de la contamination à J+1 et J+3...", précisent-ils.
Léger assouplissement du protocole
À peine entré en vigueur, le protocole sanitaire mis en place pour les élèves afin de faire face à la propagation du variant Omicron à l'école a été amendé dans la soirée du jeudi 6 janvier. Comme on peut le lire sur la nouvelle version mise en ligne sur le site du ministère de l'Education nationale, les élèves n'auront plus à réaliser le parcours des trois tests PCR ou antigéniques à chaque nouveau cas positif déclaré dans la classe dans un délai inférieur à sept jours.
Ainsi, si un élève de la classe accueilli sur présentation d'un test négatif se déclare positif (par exemple à la suite d'un autotest réalisé à J+2 ou J+4), il ne sera pas nécessaire pour le chef d'établissement de solliciter un nouveau cycle de dépistage pour les autres élèves.
Autre nouveauté, si l'élève est cas contact d'un cas confirmé au sein de sa sphère familiale, celui-ci devra respecter une quarantaine de sept jours à compter de la survenue du cas et un test antigénique ou PCR devra être réalisé à l'issue de cette quarantaine, sauf si l'élève a moins de 12 ans ou qu'il bénéfice d'un schéma vaccinal complet.
Manque de masques
Malgré ce léger assouplissement du protocole pour les élèves, le groupe d'enseignants du lycée Victor-Hugo met cependant en avant d'autres contraintes de travail comme le manque de moyens mis à la disposition des personnels pour se protéger. Notamment, les plus vulnérables d'entre eux.
"On ne nous donne toujours pas de masques chirurgicaux ou FFP2 !", lance l'un d'entre eux. "Les masques que nous portons aujourd'hui sont nos masques personnels." Ils rappellent "que pourtant, il a été démontré que les FFP2 étaient les plus efficaces pour lutter contre la transmission du virus".
Alors qu'autour de nous, c'est télétravail partout, nous, c'est 35 élèves par classe. On arrive quand même un peu la boule au ventre le matin...
Une enseignante
Purificateurs d'air
Le lycée Victor-Hugo dispose depuis peu d'un purificateur d'air, installé dans une salle de classe fermée, et d'un capteur de CO2. Un de chaque pour l'ensemble de l'établissement. "Aucun de nous ne sait quand vient le moment d'aérer la pièce ! Pourtant, il faudrait savoir ! Il en faut dans chaque classe."
Le groupe d'enseignants mobilisés identifie également des difficultés dans les cantines ou encore dans les infirmeries et poursuit : "Nous, on vient travailler en sachant qu'on peut être contaminés. Est-ce qu'on va faire partie du pourcentage de malades ? Alors qu'autour de nous, c'est télétravail partout, nous, c'est 35 élèves par classe. On arrive quand même un peu la boule au ventre le matin...", explique une enseignante.
Aucun n'envisage pourtant de refaire classe à distance. "Ça a fait trop de dégâts", reconnaît une enseignante. Leur objectif demeure de faire classe en présentiel. "Il nous faut enseigner dans des conditions sécures", poursuit sa voisine. "Ce qu'il nous faut, ce sont les purificateurs d'air, c'est la solution."
Un peu fataliste, ils estiment que la crise sanitaire actuelle est révélatrice de l'état général de l'Éducation nationale. "Ça nous permet de voir que certains bâtiments ne sont pas en bon état". L'un d'entre eux ajoute : "Dans certaines salles de classe, les fenêtres ne s'ouvrent pas!"
Ces enseignants estiment ainsi "payer des années d'économies et de suppressions de postes, car on n'a plus de remplaçants non plus".
Pourtant, tous, ce jeudi matin, saluent le souci de transparence du chef d'établissement.
Selon ces enseignants, sur les 1.280 élèves présents dans le lycée, 312 étaient absents mardi, 242 mercredi midi, ainsi que 13 membres du personnel, principalement des professeurs.