L'appel a été lancé à l'échelle nationale. Environ 300 personnes se sont réunies à Poitiers pour manifester contre "l'empire Bolloré". Un rassemblement qui s'est déroulé sans aucun débordements malgré les mesures prises par le Préfet de la Vienne pour l'interdire.
En dépit de l'interdiction, ils étaient environ 300 manifestants mobilisés à Chasseneuil-du-Poitou pour dénoncer la menace que représente "l'empire financier et médiatique du milliardaire Vincent Bolloré". À l'appel d'une centaine d'organisations engagées, des journées d'action étaient prévues du 29 janvier au 2 février 2025. "On veut montrer qu'on a des messages différents à faire passer et que nos luttes sont joyeuses et festives, tout le contraire de ce qui est dit dans les médias de Vincent Bolloré", témoigne Mathilde, membre du mouvement écologiste Extinction Rebellion.
Une manifestation "festive" et "bon enfant"
Dans la zone commerciale de Chasseneuil-du-Poitou, proche du bâtiment Bolloré Energy, l'entreprise de logistique et de distribution pétrolière du milliardaire, ils sont environ 300 à déambuler. Période de carnaval oblige, les masques, le maquillage et les déguisements sont de sortie. "Dans un premier temps, il y a du tractage pour informer les gens de ce qu'il se passe, de qui est Bolloré et quelles sont ses actions, explique Mathilde. On veut aussi d'attirer l'attention sur nous. Nous sommes déguisés, dans la joie et on veut interpeller les gens."
Pourtant, le préfet de la Vienne, Serge Boulanger, avait pris un arrêté le 30 janvier visant à interdire le rassemblement, afin de "prévenir les troubles graves à l'ordre public et la commission d'infractions pénales". Sur place, une barricade des forces de police et de gendarmerie empêche les manifestants de s'approcher de l'entrepôt Bolloré Energy. Une mesure qui ne semble pas perturber les manifestants venus faire entendre leurs voix contre les pratiques de Vincent Bolloré et de ses entreprises, notamment médiatiques.
"Il a beaucoup de possessions dans les médias, qu'ils soient télévisuels, presse écrite et même dans les maisons d'édition, pour répandre ses idées d'extrême droite, continue Mathilde. C'est forcément dangereux parce qu'il y a peu de contradiction dans les discours qui influencent beaucoup l'opinion publique." Sur place, des associations écologistes, féministes, antiracistes et antifascistes donnent de la voix dans une atmosphère voulue "bon enfant".
Vincent Bolloré détruit la planète, exploite les corps et minorise certaines personnes. On veut montrer que ce n'est pas ce que l'on souhaite pour notre avenir.
Salomé, membre d'Extinction Rebellion Poitiers
Une fois le tractage terminé, les manifestants marchent vers le bâtiment de Bolloré Energy, accompagnés d'une grande marionnette à l'effigie du milliardaire, tirant les ficelles d'autres marionnettes représentant les animateurs Pascal Praud et Cyril Hanouna. Une fois devant le barrage de police, ils s'arrêtent. Entre les slogans et les danses, au milieu d'une "haie de déshonneur", ils détruisent symboliquement la marionnette. "L'idée, c'est de ne pas attendre les prochaines élections pour se mobiliser contre les idées d'extrême droite", indique Salomé, une autre militante d'Extinction Rebellion Poitiers.
"C'est le monde de Vincent Bolloré, qui détruit la planète, qui exploite les corps et minorise certaines personnes contre lequel on a envie de se mobiliser, poursuit-elle. Nous sommes très nombreux et nombreuses, dans toute notre diversité, à vouloir montrer que ce n'est pas ce que l'on souhaite pour notre avenir." Une fois la marionnette détruite, les militants mettent de la musique et dansent, avant de repartir.
Selon eux, leur action a une résonnance particulière dans le Poitou, où la lutte contre les "mégabassines" a été très médiatisée. "Il y a quand même énormément de désinformation sur cette question dans les médias de Vincent Bolloré, pointe Salomé. Symboliquement, c'est fort pour nous de se mobiliser dans la Vienne." Mais les actions, issues d'une initiative née au lendemain des dernières élections législatives, ont une portée partout en France. À Bordeaux également, plusieurs actions ont été menées pour dénoncer les pratiques impulsées par Vincent Bolloré.