Giorgi est un petit garçon atteint de trisomie et malade d'une leucémie. Il est soigné en France à Poitiers. Sa mère, qui a dû quitter la Géorgie pour faire soigner son fils, se retrouve sans logement et sans ressource alors qu'elle est seule avec trois enfants.
Giorgi et son joli sourire. Sans même connaître la personne qui le regarde, il pose la main sur sa bouche et envoie un grand baiser. C'est un petit garçon de quatre ans aux grands yeux rieurs. Giorgi est géorgien. Il sait transmettre toute la bonté qu’il a au fond du cœur. Giorgi est un enfant particulier, il est né avec la Trisomie 21, il est atteint de leucémie.
Avant d'arriver en France, où le diagnostic du cancer a été posé en moins d’une journée, Giorgi a fait plusieurs séjours à l'hôpital, là-bas, dans son pays, sans qu'aucun médecin ne trouve ce qu'il avait. « Nous venons d’une petite ville et l’année dernière, les médecins n’ont pas su mettre un diagnostic sur ses symptômes », se souvient Natia Berantze, sa maman. « Nous avons été obligés de partir à Tbilissi [la capitale de la Géorgie, NDLR]. » Même là, aucun médecin ne trouve ce qu'a l’enfant alors qu’il a 40 de fièvre et ne peut plus marcher. « Ils ont fini par nous dire de partir à l’étranger. Et la meilleure solution, c’était la France où on trouverait de quelle maladie souffre Giorgi. »
Natia Berantze, une mère courage. Elle s’occupe seule de ses enfants, elle en a quatre, depuis que le père de Giorgi a refusé d’assumer la Trisomie 21 de son fils. Il a même abandonné Giorgi à la naissance, avant que Natia n’aille récupérer son fils dans la famille qui l’avait récupéré. Les larmes s’échappent des yeux de la maman.
« En Géorgie, je gagnais 200 euros par mois. Avant la maladie de Giorgi, je m’en sortais pour élever les enfants, seule, mais après, c’est devenu très compliqué. En Géorgie, les soins médicaux coûtent très cher. »
Natia Berantze a pris le chemin de la France, seule, avec le petit, il y a un an. La plus grande de ses filles, 19 ans, est étudiante en économie, les deux plus jeunes, 14 et 7 ans, sont restées avec leur père qui refusait de les laisser partir. « Elles se sont retrouvées seules à la maison, leur père ne s’en occupait pas. Je lui ai proposé de prendre tous mes biens pour obtenir son consentement pour que mes filles me rejoignent en France. »
Elles sont arrivées l'été dernier à Poitiers. Elles ont été accueillies par une compatriote géorgienne qui les a pris sous son aile, pendant que Natia s’occupait de Giorgi à l’hôpital de la cité poitevine. L’enfant a tout de suite été pris en charge par les médecins, sa mère logeant à ses côtés. Mais depuis décembre, le traitement s’est allégé. Giorgi n’a besoin de soins que deux fois par mois. Une bonne nouvelle, même si cela va durer jusqu’en 2026. L’enfant n’est plus hospitalisé. Natia et lui, en fait, se sont retrouvés sans logement. « C’est le 115 qui a pris le relais », confie la maman.
"C'est inimaginable dans mon pays"
La mère de famille avec ses trois enfants est désormais hébergée dans un hôtel en centre-ville de Poitiers. Un hébergement temporaire qu’il faut renouveler toutes les semaines. « Chaque jeudi, je dois quitter la chambre avec toutes nos affaires et refaire une demande au 115 », témoigne-t-elle. Une maman dans le désarroi et le dénuement qui a conscience malgré tout de l’aide qu’elle reçoit. « Je remercie tous ces gens qui font que tout cela soit possible, ce qui inimaginable dans mon pays. »
Mais la vie de Natia et de ses enfants est plus que précaire. Ils vivent à quatre dans une chambre d’hôtel, ils se nourrissent grâce aux Restos du cœur et de la Croix-Rouge. Les filles sont scolarisées et c’est la plus grande qui s’occupe de la petite sœur pendant que Natia est accaparée par Giorgi. « Il a besoin de beaucoup d’attention », explique-t-elle alors que Giorgi ne cesse de faire hurler le téléphone de sa maman en déclenchant des vidéos pour s’amuser.

Une longue procédure administrative
Natia Berantze a fait une demande de titre de séjour dans le cadre de l’accompagnement d’un enfant malade, un dossier en cours d'instruction selon la préfecture de la Vienne. « Il faut attendre quatre mois avant de recontacter la préfecture pour savoir où en est la demande », précise Me Marjory Desroches, avocate spécialisée en droit des étrangers à Poitiers. Le titre de séjour est subordonné à trois conditions : est-ce que l’état du malade nécessite des soins ? Est-ce qu’un défaut de soins va aggraver l’état de santé ? Existe-t-il des traitements dans le pays d’origine ? Ce sont des médecins de l’Office français de l’immigration qui doivent répondre à ses questions en étudiant le dossier de Giorgi.
"Elle a besoin de tout, car elle n'a rien"
« Le cas de cet enfant n’est pas isolé », continue l’avocate. « J’ai déjà vu des personnes avec de graves problèmes de santé ou avec un enfant très malade recevoir une obligation de quitter le territoire. » En attendant, Natia Berantze est en recherche d’un logement pérenne, car sans ressource, elle ne peut même pas prétendre à un logement HLM. « Elle a besoin de tout, car elle n’a rien, mais elle n’ose pas demander », lance la traductrice de l’entretien. Natia s’exprime en russe. « Si les gens pouvaient m’aider avec quoi que ce soit, je serai très reconnaissante. Si des associations pouvaient nous aider à trouver un logement, ce serait le plus approprié pour le moment. » Natia n’a qu’une priorité : mettre ses enfants à l'abri.