Le géant américain de l'informatique IBM a annoncé un plan de suppression de près de 700 postes en 2013, sur les 9.700 que compte le groupe en France.
Après avoir annoncé fin avril la suppression de 1.226 emplois avant fin 2014,
la direction a informé lundi les élus du personnel des détails du plan au cours
d'un Comité central d'entreprise (CCE) exceptionnel.
Obligation de mobilité
"Ils ont décidé de supprimer 689 postes d'ici le mois de septembre via un plan
de sauvegarde de l'emploi (PSE). A cela s'ajoutent 129 postes soumis à une obligation
de mobilité, c'est-à-dire des gens qui sont à Marseille, par exemple, à qui on
va demander d'aller à Lille", a affirmé à l'AFP Gérard Chameau, délégué central
CFDT.
Il estime qu'il y a un "fort risque de refus de la part de ces salariés, ce qui
entraînerait forcément des licenciements". Les métiers les plus touchés sont selon
lui, ceux "du coeur de métier" : les consultants et les chefs de projet, puis les
fonctions support (finance, ressources humaines, marketing, achat).
Pierry Poquet, délégué central Unsa, premier syndicat du groupe, s'inquiète également
des conséquences de la mobilité imposée et juge les mesures d'accompagnement du
plan "inacceptables".
"Nous dénonçons un plan boursier pour assurer aux actionnaires un dividende de
20 dollars par action en 2015", a ajouté le syndicaliste.
Contactée par l'AFP, la direction d'IBM France n'a pas
confirmé le nombre de postes touchés par le plan. "Nous allons tout faire pour
éviter les départs contraints", a seulement assuré un porte-parole.
Selon la CFDT, une analyse de l'expert du CCE estime que "la profitabilité d'IBM
France ne présente pas de dégradation en 2013".
"Il y a 20 ans, IBM couvrait tous les domaines de l'informatique
: composants électroniques, machines, logiciels, services. Elle a abandonné des
secteurs rentables pour se concentrer sur les services, et se transforme maintenant
en machine à cash", dénonce Régine Delebassée, déléguée centrale CGT.
Le syndicat dénonce aussi la stratégie du groupe, qui est de "se concentrer sur
les pays émergents en y concentrant les forces de travail (salaires faibles, mais
fortes compétences) et en s'hyper-spécialisant sur les secteurs à retour sur investissement
massif et rapide".
Gestion "par le stress"
Pour la CFDT, "envisager de fonctionner en France avec autant d'emplois en moins
ne peut qu'augmenter le stress et la souffrance au travail déjà élevés, du fait
de la politique continue de réductions d'effectifs".
"De plus, beaucoup subissent des pressions qui font craquer, les burn-outs continuent,
les arrêts maladie croissent. C'est la conséquence de la gestion des ressources
humaines par le stress", souligne de son côté la CGT.
La direction espère boucler le processus d'information-consultation des partenaires
sociaux le 24 juillet et la mise en oeuvre du plan devrait se faire début septembre,
selon les syndicats.
Depuis plusieurs années, IBM dégraisse ses effectifs dans
de nombreux pays, dont la France.
IBM France compte aujourd'hui 9.730 salariés répartis sur
19 sites, contre plus de 26.000 employés à la fin des années 1990. En 2012, son
chiffre d'affaires s'élevait à 3 milliards d'euros.
Après avoir annoncé des résultats inférieurs aux attentes le 18 avril à New-York,
le directeur financier d'IBM, Mark Loughridge, avait ouvert
la porte à des suppressions de postes dans le monde.
Il avait précisé que le groupe, qui compte 434.200 salariés dans le monde,consacrerait
cette année près d'un milliard de dollars pour réduire les effectifs en dehors
des Etats-Unis.
Le chiffre d'affaires, plombé notamment par des effets de changes défavorables,
a baissé plus que prévu, de 5% à 23,4 milliards de dollars quand le marché espérait
24,7 milliards.