Malgré des rencontres avec la ministre de l'Artisanat Sylvia Pinel, les auto-entrepreneurs persistent dans leur refus de la réforme de leur statut. Artisans et membres du Medef, eux, le soutiennent.
"Rien n'a avancé, on a l'impression de ne pas avoir été entendu", a réagi Grégoire Leclercq, président de la Fédération des auto-entrepreneurs (Fedea). Ceux-ci "maintiennent" leur refus de limitation de durée de ce régime et préviennent que "leur mouvement va prendre de l'ampleur".
Sylvia Pinel, ministre de l'artisanat, du commerce et du tourisme avait annoncé le 23 mai un projet de réforme de ce statut permettant de créer de façon simple et rapide une entreprise et bénéficiant d'un régime fiscal avantageux, sur lequel elle travaillait depuis plusieurs mois. Elle avait expliqué ses intentions par la volonté d'encourager la création de sociétés classiques pérennes et créatrices d'emplois. Elle préconisait également un accompagnement des auto-entrepreneurs, notamment par les chambres de commerce et d'industrie et les chambres de métiers, une proposition bien reçue, elle, par les intéressés.
Accueillie plus tôt dans la journée, l'Union professionnelle artisanale (UPA) a salué "la volonté de réformer le régime de l'auto-entrepreneur". Celui-ci "impose une concurrence déloyale aux artisans et commerçants de proximité", a affirmé l'UPA dans un communiqué, "c'est pourquoi les activités de l'artisanat et du commerce de proximité ne doivent plus être éligibles à ce régime".
"Un régime qui ne permet ni l'investissement, ni la transmission du savoir, ni l'emploi n'est pas un régime qui est en phase avec le secteur de l'artisanat", a déclaré pour sa part l'Association permanente des chambres de métiers et de l'artisanat (APCMA), dans un communiqué. L'APCMA a exigé dans le cas d'une activité principale "une durée maximale d'un an" et pour une activité d'appoint un plafonnement du chiffre d'affaires "très
largement en dessous du Smic".
La réforme du statut de l'auto-entrepreneur va dans la bonne direction a estimé jeudi Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment, appelant toutefois le gouvernement à aller plus loin. Les mesures proposées représentent "une première marche dans la réduction des écarts concurrentiels" avec le régime général, a déclaré le dirigeant, à l'issue d'une rencontre avec la ministre.
Le candidat à la présidence du Medef, Pierre Gattaz, a suggéré que le régime de l'auto-entrepreneur soit généralisé aux artisans. "Généralisons la simplicité de ce statut aux artisans et très petites entreprises, harmonisons les règles, notamment fiscales, et facilitons les procédures d'embauches, voilà ce qui créera de l'emploi", a-t-il déclaré.