El Chispa, Andy Younès, Joaquín Lucas et Pierre Mailhan. Ces noms ne vous disent sans doute rien, ce sont des apprentis toreros, ils viennent de Béziers, des Landes, de Nîmes et d'Arles. Bien malgré eux, ils sont les protagonistes d'un épisode inédit de l'histoire taurine en France.
La novillada sans picador à laquelle ils devaient participer hier à Lunel a été annulée. L'organisateur du spectacle, le Collectif Corrida France, craignant les agressions des manifestants anti taurins, a estimé n'être pas en mesure d'assurer la sécurité des spectateurs.
A Rodilhan, le 27 octobre dernier, quelques centaines de manifestants anti taurins avaient réussi à mettre à feu et à sang ce paisible village de la banlieue nîmoise. Manifestement rompus aux techniques de l'émeute urbaine, maniant l'insulte et la provocation, le visage dissimulé sous des masques "anonymous", ils n'étaient toutefois pas parvenus à empêcher la tenue du festival. D'importantes forces de l'ordre avaient en effet été déployées. Et c'est sous la protection de CRS que bien des aficionados ont pu emprunter le chemin des arènes.
Il est vraisemblable que, soit qu'elles n'aient pas pris la mesure de l'ampleur de la manifestation prévue samedi, soit qu'elles n'aient pas voulu "transformer la ville en bunker", la Préfecture de l'Hérault et la Ville de Lunel ont laissé l'organisateur de la novillada seul devant ses responsabilités.
La mort dans l'âme, mais soucieux avant tout de la sécurité des spectateurs, celui-ci a donc décidé d'annuler la novillada. Rappelons que, conformément à ses habitudes, le Collectif Corrida France, organisait ce spectacle dans un but humanitaire : il s'agissait de recueillir des fonds afin d'offrir des tablettes numériques aux enfants hospitalisés de la région.
Quant à El Chispa, Andy, Joaquín et Pierre, on leur souhaite une longue et belle carrière vêtus de lumière. Et on n'a qu'une envie : les voir triompher aux arènes de Lunel.