Plusieurs centaines de personnes ont rendu hommage à Alexandra Sonac et sa fille, Camille, ce jeudi 23 janvier 2025, mortellement fauchées sur un blocage agricole, il y a un an, jour pour jour, sur la N20, près de Pamiers, en Ariège. Le chauffeur, accusé d'homicide involontaire aggravé, sera jugé le 18 février prochain.
L'émotion est toujours vive. Un an après le drame qui a coûté la vie à Alexandra Sonac, et sa fille Camille, le syndicat des Jeunes agriculteurs et la FDSEA de l'Ariège ont organisé une cérémonie d'hommage à Pamiers (Ariège), comme ils l'ont indiqué sur leur compte Facebook.
Une stèle a été déposée en leur mémoire sur un terrain situé entre le rond-point de la Bouriette et la N20, sur le lieu de l'accident, là où une banderole avait été installée.

Plusieurs centaines de participants à la cérémonie y ont déposé des roses blanches, en présence du mari et du père des deux victimes, Jean-Michel Sonac. Lui-même a survécu à l'accident après des semaines de convalescence et grâce au fort soutien de ses collègues agriculteurs.
"Pour nous, la profession agricole, c'était nécessaire, primordial de faire cette cérémonie, de montrer qu'on sera toujours présent, qu'on les aura toujours dans nos cœurs", justifie Sébastien Durand, président de la FDSEA Ariège, très ému. Il est aussi un ami de la famille d'Alexandra Sonac et maire de la commune où elle réside.
Un combat qui doit continuer pour elles
Sur la stèle, on peut lire :" Alexandra, Camille, votre combat continuera", une inscription qui montre la détermination toujours forte des agriculteurs.
"On continuera le combat. Elles étaient venues sur ce barrage car elles avaient des convictions, une envie de défendre le métier, d'obtenir une juste rémunération pour les agriculteurs. Alexandra était déterminée, entreprenante, une joie de vivre, c'est injuste ce qui leur est arrivé !"
Sébastien Durand, président de la FDSEA Ariège
Un accident au début de la contestation agricole
Le drame est survenu en pleine contestation agricole. Quelques jours auparavant, les agriculteurs avaient commencé à ériger des barrages sur certaines routes comme l'A64 ou encore sur la N20, à l'appel de Jérôme Bayle avant que le mouvement ne devienne national. C'est dans ce contexte que le pire s'est produit.
Le drame a eu lieu le mardi 23 janvier 2024 à 5h45 du matin, sur la route nationale 20 au niveau du pont de la route départementale 119 à Pamiers (Ariège) où les agriculteurs y avaient installé un blocage.
Une voiture avec à son bord, un homme et deux femmes, circulant vers l'Andorre, a alors percuté un mur de bottes de paille érigé sur toute la hauteur jusqu'au pont, recouvert d'une grande bâche noire. Derrière ce mur, se trouvait un barnum où étaient installés des manifestants.
Alexandra Sonac, agricultrice âgée de 35 ans, a perdu la vie sur le coup, frappée de plein fouet par la voiture arrivant à grande vitesse. Son mari, Jean-Michel, 39 ans, a été grièvement blessé. Leur fille, Camille, de 12 ans, héliportée jusqu'à un hôpital toulousain, n'a finalement pas survécu à ses blessures.
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Le chauffeur jugé le 18 février 2025
Arrêté et mis en examen, puis incarcéré, le chauffeur de la voiture, un Arménien de 44 ans, en situation irrégulière, sera jugé le 18 février prochain par le tribunal correctionnel de Foix, pour "homicide involontaire aggravé". L'homme n’avait en effet pas de permis de conduire et n'a visiblement pas respecté les obligations de prudence en conduisant sa voiture à une vitesse excessive. Il encourt dix ans de prison. Sa femme et ses enfants, également en situation irrégulière, ont été expulsés en juin dernier en Arménie.
La présence de la manifestation agricole était clairement signalée avait assuré la préfecture de l'Ariège au début de l'enquête. "Les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel", avait souligné le parquet de Foix, lors d'un point presse, pointant le manque de visibilité sur les lieux. Lors de ses premières auditions, le conducteur avait "reconnu avoir contourné le dispositif spécial de sécurité qui condamnait l’accès à la route nationale 20. Il a précisé "ne pas s’être rendu compte à temps de la présence de la bâche noire qui recouvrait le mur de paille", résumait le procureur de la République, Olivier Mouysset.
Les trois occupants de la voiture se rendaient chez une de leurs connaissances en Haute-Ariège. Dans quel but ? Des circonstances que l'audience du tribunal du 18 février permettra peut-être d'éclairer.