A Puichéric en Minervois, entre Carcassonne et Narbonne, la population se mobilise contre un projet routier : l'élargissement de la RD.610 pour la rendre moins dangereuse à la circulation. Cela pourrait amener le département de l'Aude à abattre plusieurs dizaines d'arbres vieux de 50 à 70 ans.
La départementale 610, entre Puichéric et la Redorte, dans l’Aude, abrite depuis près de 70 ans une dizaine de platanes. 111 d’après le collectif qui les défend. Mais aujourd’hui, ces platanes sont au cœur d’une polémique car ils pourraient être abattus pour élargir la route départementale et donc la rendre moins dangereuse pour les automobilistes.
9 décès sur 35 accidents
"Nous avons un taux de mortalité important sur cette route, sur 35 accidents avec une gravité forte, nous avons eu 9 décès. Donc, c’est la compétence du département de trouver des solutions pour permettre un usage de la route plus serein et moins dangereux," nous dit Tamara Rivel, vice-présidente du Conseil départemental de l'Aude déléguée aux routes.
Mais la perspective de voir disparaître ces arbres inquiète une partie de la population locale. Selon elle, d’autres solutions avaient été proposées pour sécuriser cette route et protéger la nature.
La sécurité routière c’est très important, il est absolument indispensable de sécuriser la route. Nous ne sommes pas techniciens mais dans l’enquête publique du département, il y avait quatre propositions pour sécuriser la route et sur ces quatre propositions il y en avait trois qui préservaient la nature. Malheureusement, le département de l’Aude a choisi la proposition qui détruisait l’alignement de platanes.
Protéger la nature
Le projet est dans les cartons depuis 2015 pour un coût de 5 millions d'euros. Et depuis, il suscite une importante mobilisation localement. Pétitions et manifestations ont permis de témoigner des inquiétudes d'une partie de la population.
"Ces arbres, ils ont une importance patrimoniale, il y a un lien affectif pour le paysage et puis surtout nous sommes dans une urgence écologique extrême. Nous avons appris il y a quelques jours que si on continuait à détruire la nature, l’humanité allait disparaitre sur terre, explique Justine Torecilla. Ces arbres, ils ont une fonction écologique, ils luttent pour la protection de la biodiversité, ils luttent contre les inondations aussi donc il faut absolument les préserver", ajoute la membre du collectif les 111.
Sur ces 111 arbres "vénérables", 60 à 100 pourraient être coupés. S’ils sont abattus, ils seront remplacés par 150 petits arbustes confie Tamara Rivel, élue au département : "Dans le cadre des études qui ont été menées sur l’abattage de 60 arbres, nous avons la réimplantation de 150 arbres. Alors je sais qu’au regard de l’environnement nous n’avons absolument pas le même effet positif entre un arbre de très haute tige qui a 70 ans de vie et un petit arbre. Il en faudra 20, 30 ou encore 50 pour avoir des habitacles pour les oiseaux, les chauves-souris, la biodiversité".
Mais l’élue aux routes se veut rassurante et assure que le dialogue est encore possible.
Nous avons été missionnés pour écouter les revendications des citoyens et faire en sorte que nous nous donnions deux ou trois mois pour étudier des variantes possibles. Et nous ferons un point après ces trois mois pour voir quels sont les côtés positifs et les côtés négatifs de chacune des solutions. La solution sera prise avec les usagers : à la fois les représentants des habitants, les représentants des collectifs de protection de l’environnement mais aussi les associations des victimes de la route.
Les défenseurs des arbres annoncent d'autres mobilisations pour sauver ces platanes.