Aude : un an après la découverte d'ossements humains dans son jardin à Badens, Antoine Emo est désemparé

Plus d'un an après avoir découvert par hasard, dans son jardin de Badens dan l'Aude, des centaines d'ossements humains sur un terrain où il voulait construire sa piscine, Antoine Emo a cherché à s'en débarrasser. En vain. Il se sent complètement isolé et désemparé face à cette situation insolite.

"Si je prends une fourche, c'est hallucinant. Ce n'est pas 1, 2, 3, c'est partout." Antoine Emo, rencontré le jeudi 23 septembre, parle d'une curieuse et macabre découverte qu'il a faite en juin 2020 dans son jardin de Badens dans l'Aude qui appartenait à l'ancien presbytère du diocèse : des centaines d'ossements appartenant à près de 50 personnes. Il voulait y creuser une piscine.
Plus d'un an après, le Badenois s'estime lâché par les autorités et "totalement à l'arrêt". C'est la raison pour laquelle il a décidé de contacter les médias. "Jusqu'à maintenant, je n'avais alerté personne, mais rien n'a bougé... Tant que je n'expose pas le problème, personne ne bougera".

Lorsque Antoine Emo s'est lancé dans les travaux de sa future piscine à coups de pelle, il est tombé sur "un crâne et des ossements" à 30 cm de profondeur. "Puis on a continué. Il y en avait partout !" Il décide de tout stopper et de contacter la mairie de Badens et la gendarmerie, dont les hommes constatent que les ossements sont vieux de plus de 50 ans.

La préfecture de l'Aude est mise au courant. Michel Signoli, un archéo-anthropologue auteur de fouilles sur des sites d’inhumation de victimes de la peste noire est contacté tout comme la Drac (direction régionale des affaires culturelles), qui constate la présence de ces restes humains, les date "plus ou moins" et remarque qu'il n'y a pas de vêtements vétustes à proximité. "C'était un cimetière sans en être un", relate Antoine Emo.

Un cimetière paroissial

Le dossier monté aboutit à une conclusion de taille : c'est un cimetière paroissial. Mais le terrain n'appartient plus à la paroisse Sainte-Eulalie, il est privé et le propriétaire est Antoine Emo. Depuis fin juillet - début août 2020, la situation n'a quasiment pas évolué. "Je suis dans le trou avec mes os et j'attends de savoir ce qui va se passer", confie-t-il, dépité. Seule l’association ArkéoTopia était partante. "Mais on leur a empêché de venir", selon M. Emo. Le refus a été notifié en juin dernier par la commission territoriale de la recherche archéologique. "Maintenant, je suis tout seul.".

Il a dû monter une palissade pour éviter que lui et ses enfants ne soient quotidiennement confrontés à ces ossements. "Derrière cette palissade, je mange, mes filles jouent à 30 cm, c'est dur moralement", explique t-il, particulièrement affecté. "Ca fait un an et demi que j'y pense maintenant. Pas toutes les nuits, mais en grande partie. J'ai ça au pied de ma porte et que j'y pense d'une manière ou d'une autre, il faut le supporter. Moralement, il est hors de question que je mette ma piscine dedans, c'est impensable. Il y a peut-être 30 personnes autour de la piscine.".

On lui dit qu'il peut construire sa piscine mais lui ne le veut pas. "Je n'ai pas envie que mes filles se baignent dedans".

Une maison invendable

Antoine Emo espère que le fait de rendre ces faits public va permettre de faire évoluer positivement son dossier. "Avec le recul, le mieux serait de tout enlever. Ce n'était pas mon problème quand j'ai acheté ça, ce n'est pas moi qui ait enterré ces personnes et ça devient mon problème. Creuser, nettoyer, enlever les ossments et mettre les personnes dans des ossuaires est la meilleure solution."

Car les deux options qui se présentent à lui ne lui conviennent pas. "Soit je reste comme ça et je ne fais rien, soit je fais ma piscine et je fais comme s'il n'y avait rien, et ça ne me va pas du tout.".

Pour Antoine Emo, l'inquiétude grandit. "Si je plante un arbre et que je suis obligé de pousser un tibia, ce n'est pas normal, ce n'est pas possible." S'il regrette l'achat de la maison - "Je n'aurais jamais dû acheter, on ne m'a rien sous-entendu" - il ne se voit pas la vendre dans l'immédiat. "Je ne suis pas Crésus, il faut y habiter au bout d'un moment... Je n'envisage pas de vendre et de toute façon, ce n'est pas vendable. Qui peut acheter avec ces ossements au pied de la porte ?".

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