La tension est encore montée d'un cran. Le siège départemental de l'OFB dans l'Aude a été dégradé à Trèbes, près de Carcassonne, mercredi 22 janvier 2025. Après ces nouvelles violences, des voix s'élèvent pour appeler à un retour au calme et au "bon sens paysan".
Des tags et un début d'incendie. Le siège départemental de l'Office français de la biodiversité a été la cible de dégradations à Trèbes dans l'Aude, mercredi 22 janvier 2025. "On en est à 90 installations qui ont été attaquées dans le cadre du mouvement agricole, pour certaines plusieurs fois, rappelle Guillaume Rulin, coordinateur à l'OFB. Oui, aujourd'hui, les agents se sentent menacés !"
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Les agents de l'OFB ont fait valoir leur doit de retrait, leurs représentants seront reçus à Matignon. "On est clairement les boucs émissaires. Ce n'est pas en empêchant les contrôles qu'on va leur permettre d'avoir des salaires qui sont mérités par rapport à leur investissement."
C'est une phrase prononcée sur France Inter qui a déclenché la colère. Il y a quelques jours, un agent de l'OFB avait fait un parallèle entre les contrôles chez les exploitants agricoles et les contrôles sur les points de deal, entrainant des actions ciblés contre des bâtiments de l'Office.
Sans les "contrôles à la con, on n’en serait pas là"
Dans l'Aude, les dégradations commises à Trèbes sont condamnées mollement par la Coordination rurale. Jean-Philippe Rives n'est pas surpris par les dégradations : "Je m’attendais à quelque chose dans ce genre. Si ce n’était pas à Trèbes, ça aurait été dans la campagne." Et d’ajouter au sujet des agents de l’OFB qui contrôlent les exploitations : "On ne sait pas ce qu’ils viennent faire. À part nous emmerder, qu’est-ce qu’ils peuvent faire ?"
C’est un signe de grosse colère des agriculteurs. S’il n’y avait pas des contrôles à la con, on n’en serait pas là. Ce sont des gens qui en ont assez, assez, assez.
Jean-Philippe Rives, porte-parole d'honneur de la Coordination rurale dans l'Aude
Ludovic Roux, un vigneron bio dans l'Aude, appelle à un retour au calme : "Je trouve que c’est très important de préserver la biodiversité. Mais on se retrouve avec une administration qui est de moins en moins dans l’accompagnement mais de plus en plus dans le contrôle parfois même avec des contrôleurs un peu durs et dogmatiques. Donc ça crée des tensions. Je prône le dialogue et l’accompagnement des deux côtés."
Et on doit retrouver le bon sens paysan qu’on est en train de perdre !
Ludovic Roux, vigneron bio dans l'Aude
"Le problème, ce n’est pas l’OFB"
La Confédération paysanne, elle, dénonce les actes commis à Trèbes. "Pour moi, c’est du buzz, il n’y a pas de vraie revendication derrière." Sophie Bataillard dénonce "un acte de vandalisme pas forcément compréhensible et en plus pas revendiqué." Elle condamne toute action violente et soutient l'action de l'OFB : "On dit que les contrôles sont malvenus. Mais à un moment donné, il faut qu’on maintienne les droits, que ce soient des droits sociaux ou environnementaux. On ne peut pas faire à tout va parce que c’est la crise !"
"Il y a une vraie crise agricole qu’on subit parce qu’on n’arrive pas à vivre de notre travail. Le problème, ce n’est pas l’OFB. Les paysans sont à cran parce qu’ils ne se paient pas. Il n’y a pas de revenus, il n’y a pas de prix garantis et il n’y a pas de réponse du gouvernement."
Ce n’est pas parce qu’on est agriculteur qu’on ne respecte pas la loi ! Est-ce qu’un agriculteur est choqué quand il se fait contrôler par la gendarmerie ? Non ! Pour moi, c’est une stigmatisation pour cacher le vrai problème qui est qu’on ne vit pas de notre travail.
Sophie Bataillard, porte-parole de la Confédération paysanne dans l'Aude
Il y a un an, les locaux de l'office français de la biodiversité à Trèbes avaient déjà été la cible d'actes de vandalisme. Les agents dénoncent un climat de plus en plus délétère.