Distinguer le vin des autres alcools et permettre le retour d'une certaine forme de publicité, c'est l'objectif d'une proposition de loi déposée par un député Rassemblement national de l'Aude, au grand dam des addictologues. Elle vise à permettre au vin d'échapper aux contraintes de la loi Evin qui en limite fortement la promotion depuis 1991.
Les publicités pour le vin vont-elles faire leur retour dans les enceintes sportives ? Christophe Barthès, le député Rassemblement national de la première circonscription de l'Aude, y travaille. Il a déposé une proposition de loi en ce sens le 20 décembre 2024, avec le soutien du groupe RN à l'Assemblée nationale.
Objectif : assouplir la loi Evin qui encadre très strictement la promotion du tabac et de toute forme d'alcool depuis 1991.
Il faut distinguer le vin, qui est quand même inscrit depuis 2010 au patrimoine immatériel mondial de l'Unesco, le séparer des alcools forts. Le travail du vin et le vin font partie de notre identité, de notre art de vivre. Il faut les préserver.
Christophe Barthès, député (RN) de l'Aude
Une revendication des vignerons
L'assouplissement de la loi Evin est une revendication de longue date du Syndicat des vignerons de l'Aude. Pour son président Frédéric Rouanet, cette proposition, qui survient au moment où la profession traverse une crise de grande ampleur, va dans le bon sens.
On a le droit de produire un produit agricole mais on nous interdit d'en faire la promotion. Connaissez-vous un seul produit qui se vend sans en faire la promotion ? Il n'y en a pas !
Frédéric Rouanet, président du Syndicat des vignerons de l'Aude
La santé des jeunes en question
En vigueur depuis 34 ans, la loi Evin vise à protéger des addictions les publics les plus fragiles, notamment les jeunes. Mais elle manque sa cible, selon le député audois du Rassemblement national : "on sait très bien que les jeunes ne se soûlent pas avec du vin rouge, rosé ou blanc. Ils le font avec du whisky, de la vodka, des alcools forts".
Concrètement, la proposition de loi de Christophe Barthès a pour but d'autoriser la publicité pour le vin "sur les stades, terrains de sport ou privés, dans les lieux où sont installées des piscines et dans les salles où se déroulent habituellement des manifestations sportives", ce qui est interdit aujourd'hui.
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Les défenseurs de la loi Evin outrés
Une hérésie, pour les défenseurs de la loi Evin. Myriam Savy, responsable de la communication de l'association Addictions France, estime que la lutte contre l'alcoolisme n'est pas une question de degrés.
Le vin, c'est un alcool comme un autre. Des personnes peuvent tomber dans la dépendance avec du vin, de la même manière qu'avec de la bière ou des spiritueux. Dire qu'on ne se soûle jamais avec du vin, je pense que la plupart des Français l'ont constaté : c'est complètement faux.
Myriam Savy, responsable communication de l'association Addictions France
À l'Assemblée nationale, la proposition de loi de Christophe Barthès devra être examinée en commission avant d'être éventuellement soumise à l'approbation du Parlement.