"On nous dépouille pour alimenter d'autres projets" : des habitants d'un célèbre village en lutte pour leur autonomie après la fusion intercommunale

Dans l'Aveyron, le village de Conques, l'un des plus beaux villages de France, fait partie depuis 2016 de la nouvelle commune Conques-en-Rouergue, qui a fusionné quatre villages voisins. Mais des habitants, constitués en association, viennent de déposer une deuxième pétition auprès de la préfecture pour réclamer le détachement du village, et retrouver leur autonomie administrative.

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L'architecture médiévale, ses maisons en pierre et son abbatial majestueuse, Conques, petite commune de l'Aveyron, attire chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Mais l'hiver, le village se dépeuple et depuis la fusion avec les communes voisines en 2016, ses habitants ont le sentiment d'être abandonnés.

"Ici, on est devant la mairie qui est vendue pour faire un grand office du tourisme pour la communauté de communes", déclare Jérôme Pamela, secrétaire de l’association "Vivre à Conques". C'est l'un des nombreux bâtiments vendus.

Les travaux de transformation vont être lancés. Le chef-lieu a été déplacé à Saint-Cyprien-sur-Dourdou alors que Conques est située au centre de la nouvelle commune, ce que regrettent les habitants. 

"Mais avec la mairie, on perd une salle de réunion relativement grande qui a été utilisée par les habitants et surtout aussi une très grande salle d'exposition qui a été utilisée pour exposer des artisans alors qu'on a une ville qui a le label « ville et métier d'art ».

Jérôme Pamela, secrétaire de l’association "Vivre à Conques"

Car elle est là, l'injustice selon eux. Conques est la vitrine touristique du territoire et ses habitants ont l'impression que depuis la création de la nouvelle commune, les investissements ne sont plus à la hauteur.

"Qu'il y ait des investissements qui soient faits dans les autres communes et que ça profite aussi aux autres communes, nous, il n'y a pas de problème. Mais que les choses soient faites de façon juste et équitable", pointe Xavier Hervo, membre de l’association "Vivre à Conques", installée sur place depuis trois ans. 

Aujourd'hui, on dépouille, c'est le mot, Conques pour alimenter d'autres projets. Conques est une belle endormie, qui se situe à la croisée des chemins, soit on en a conscience, et on la fait rebondir, soit il va se passer le phénomène inverse, elle sera mise en sommeil et on ne la rallumera qu'à chaque saison, c'est-à-dire au 1er avril.

Xavier Héro, Hervo, membre de l’association "Vivre à Conques"

Une seconde pétition

Contacté par téléphone, le maire assure à France 3 Occitanie, que "loin d'oublier Conques, la mairie s'y investit beaucoup" notamment pour "entretenir le patrimoine et structurer une filière d’artisanat d’art.
Conques profite de la commune nouvelle, les moyens sont mutualisés"
, ajoute Davy Lagrange. 

Mais l'édile n'est pas parvenu à convaincre ses Conquois formés en association qui tiennent bon depuis un an. Ils viennent de déposer une deuxième pétition en préfecture, signée par près de la moitié des habitants du village (110 signataires sur 250).

Ils y demandent leur sortie de la nouvelle commune. "On s'inscrit dans un cadre légal. Il y a huit ans, on nous avait mis devant le fait accompli et maintenant, on redemande de la démocratie parce que c'est important que les gens puissent exprimer par rapport à ça", relate Sabine Lafond, présidente de l’association "Vivre à Conques".

La balle est désormais dans le camp de la préfecture. Elle pourrait lancer une enquête publique avant de statuer sur le retour ou non de Conques à son autonomie.

(Écrit avec Auriane Duffaud)

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