Des défaillances dans le suivi judiciaire de Matthieu, jugé devant les assises de Haute-Loire pour l'assassinat et le viol d'Agnès, 13 ans, retrouvée calcinée en novembre 2011 au Chambon-sur-Lignon, ont été relevées jeudi, alors que le huis clos a été partiellement levé.

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Peu avant 16H00, le procès a connu un rebondissement avec la décision de rendre les débats publics jeudi après-midi et vendredi matin, à la demande de Me Valérie Devèze, l'avocate de la première victime de Matthieu, violée sous la menace d'une arme en août 2010 dans le Gard.
Ces deux demi-journées sont consacrées aux témoignages de personnels de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) du Gard, aux psychiatres et psychothérapeutes ayant suivi l'accusé après le premier viol et à l'ancien directeur du Cévenol.

A la barre, Audrey Bruyère, éducatrice de la PJJ chargée du suivi de Matthieu au lycée-collège Cévenol du Chambon-sur-Lignon, où il était scolarisé dans le cadre de son contrôle judiciaire, a raconté n'avoir rencontré qu'une seule fois le conseiller d'éducation, le 25 mars 2011, plus de quatre mois après son admission.
"Nos échos étaient positifs. Il n'avait rien à signaler dans son comportement, si ce n'est un point +minime+", a résumé Mme Bruyère, qui "n'a pas été informée" qu'il s'agissait de consommation d'alcool fort.



"Un double suivi davantage approprié"

Elle admet qu'elle "aurait pu chercher davantage d'informations". "Mais on a l'habitude que les services nous contactent pour dire qu'ils ont un problème avec un élève", a dit celle qui reconnaît qu'un "double suivi aurait été davantage approprié".
Selon elle, "le secret professionnel" lui interdisait d'informer le collège sur les raisons des poursuites judiciaires.
Un silence mal interprété par le directeur du Cévenol Philippe Bauwens qui assure à la barre n'avoir "pas compris que Matthieu était sous contrôle judiciaire" et ignorait "qu'il devait rendre compte de ses problèmes" à la PJJ.
"Si ça avait été le cas je l'aurais fait", a-t-il dit, expliquant que l'accusé avait été notamment exclu une semaine et devait être renvoyé pour avoir "visionné un site porno sur internet".
Mais son père était venu "plaider sa cause", assurant qu'il "risquait de retourner en prison".

L'éducatrice a aussi souligné que les parents de l'accusé, "très impliqués", "avaient fait la démarche pour l'obligation de soins". Matthieu a ainsi rencontré trois fois un psychiatre du Puy-en-Velay entre décembre et janvier 2011, puis un psychothérapeute, et a vu à douze reprises au collège un infirmier psychiatrique privé, choisi par ses parents.
"On dirait que la PJJ prend acte de ce que les parents ont décidé pour des raisons de commodité. Alors que la juge a donné mandat à la PJJ, elle se contente de recevoir les attestations des parents", s'est étonné le président de la cour, Christophe Ruin.
La PJJ ne s'est pas non plus interrogée sur le choix des parents d'un "internat mixte", car "le projet était accepté par le juge d'instruction", a ajouté l'éducatrice.
"J'ai peut-être eu tendance à laisser aux parents le soin de prendre en charge leur fils", a-t-elle concédé.

Dans son "rapport sur la situation familiale et scolaire", remis au juge le 5 janvier 2011, soit plus d'un mois après sa remise en liberté, elle évoquait une "enfance normale, dans une famille unie". "Il paraissait gentil, docile, vivant dans un monde imaginaire de jeux vidéos", écrivait-elle.
Mais "lorsqu'elle tentait de lui parler des faits reprochés, il disait qu'il ne s'en souvenait pas". "Je me suis interrogée si c'était de l'indifférence ou alors pour se protéger", a-t-elle expliqué.
A la barre, le responsable de la PJJ du Gard, Jean-Marie Angellini, a défendu l'action de son service. "Le suivi scolaire relève des parents", a-t-il dit.
Mais ce suivi en pointillés relève plus d'une "mission d'assistance éducative confiée à un juge des enfants" que d'un "contrôle judiciaire", s'est étonné le président de la cour. Il s'est demandé s'il n'aurait "pas été plus simple de désigner quelqu'un sur place en Haute-Loire".
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