Dans le Gard, des vignerons cévenols réclament la réhabilitation de plusieurs cépages historiques de leur terroir, interdits depuis 1934. A l'époque, il s'agissait de lutter contre la surproduction. Ces viticulteurs souhaitent pouvoir vinifier à nouveau ce patrimoine oublié.
Dans les Cévennes gardoises, il souffle comme un vent de révolte : des vignerons veulent revenir à leurs racines et pouvoir vinifier à nouveau des cépages historiquement présents sur leur territoire, mais interdits depuis les années 1930.
Bannis depuis 1934
Clinton, Isabelle, Noah, Othello, Herbemont ou encore Jacquez : ces cépages, récoltés encore aujourd'hui au nord de Saint Ambroix, sont des variétés hybrides, nées au début du XXe siècle du croisement de souches françaises endémiques et américaines, importées en masse car résistant au phylloxéra qui ravage alors le vignoble hexagonal. Mais face à la surproduction qui en résulte, ces cépages sont bannis en 1934 par le gouvernement français.
Plaidoyer adressé au gouvernement
Malgré cette interdiction, ils sont nombreux, en Cévennes, à avoir continué à produire ces vins. Aujourd'hui, ils sont appuyés par le président de la Fédération Gardoise des vins IGP, Denis Verdier. Ce dernier a écrit au ministre de l'Agriculture pour pouvoir les produire à nouveau légalement, afin de valoriser ce patrimoine viticole à travers l'oenotourisme :
En mettant en œuvre une vinification moderne, ils [les vignerons, NDLR] arrivent à obtenir des produits corrects et ils souhaitent remettre au goût du jour ces cépages interdits, oubliés, de telle sorte qu'ils puissent s'inscrire dans l'histoire des Cévennes, leur territoire.
Des cépages résistants, plus bio que bio
Le Gardois Dominique Garrel, ancien président du Réseau des Fruits Oubliés, qui a lancé une pétition en ligne, précise que de tels vins sont "plus bio que bio", car ces vignes adaptées au climat montagneux local n'ont pas besoin de traitement phytosanitaire et résistent à l'oïdium et au mildiou. Ce que confirme Christophe Taulelle, viticulteur à Allègre-les-Fumades. Il a réintroduit le Muscat bleu sur une petite parcelle, au milieu de la garrigue. Il est issu de croisement de 2 cépages très anciens : le Vilar et la Perle noire, tous deux interdits de vinification mais autorisés en raisin de table :
Il y a très peu de pourriture sur ce type de cépage, donc très peu de traitements et on peut vendre ce muscat pratiquement avec zéro traitement.
Levée de l'interdiction dans plusieurs pays
Aujourd'hui, selon les viticuteurs qui militent pour la reconnaissance de ces cépages, l'interdiction devient d'autant plus obsolète que ces vins interdits ne le sont plus en Autriche, en Hongrie et en Roumanie. Il reste encore à convaincre une douzaine de pays réfractaires à leur autorisation, dont la France. Les viticulteurs cévenols attendent beaucoup de la Commission Européenne, qui prévoit de les réintroduire dans le cadre de la prochaine réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). Voici le reportage de Daniel Moine et Virgnie Danger.