Chez les salariés de Solvay à Salindres, l’incompréhension sur les raisons économiques des licenciements était présente dès leur annonce en septembre 2024. Elle s’est renforcée début décembre à la suite de la présentation d’un nouveau rapport par l'entreprise d'expertise Cidecos.
"Au fur et à mesure de la lecture du rapport, la colère montait." Damien Olry, délégué syndical CGT de Solvay, a vu ses craintes et celles de ses collègues se concrétiser en ce début décembre. Demandé par les syndicats et effectué par Cidecos, une entreprise spécialisée dans les expertises économiques notamment dans le secteur pétrochimique, un rapport met en doute un certain nombre d'arguments avancés par la direction de Solvay pour justifier la suppression de 68 emplois sur le site pétrochimique de Salindres.
Par communiqué, la direction expliquait en septembre 2024 que les "efforts importants [...] réalisés en termes de diversification et d’investissements pour tenter de maintenir la compétitivité du site de Salindres [...] n’ont pas produit les résultats attendus et n’ont donc pas suffi à compenser la baisse d’activité, ni à maintenir une position concurrentielle".
"Je ne peux pas entrer dans les détails du rapport pour cause de confidentialité, mais le rapport de Cidecos démontre qu’il n’y a pas de problème de compétitivité", reprend Damien Olry.
Du TFA acheté en Chine
Il y a aussi des incompréhensions sur le fonctionnement économique du site. Le TFA, ce composant chimique fabriqué à Salindres, est produit à partir d’une matière première que Solvay achète à l’un de ses autres sites situé en Allemagne. "Ils nous vendent cette matière première 30% plus cher que le prix du marché. En contrepartie, le site allemand devait nous racheter le TFA. Mais depuis janvier, ils se fournissent en Chine…", explique le syndicaliste.
Actuellement en négociations pour le Plan social de l'emploi (PSE), les salariés soulèvent ces problèmes. Selon eux, la direction laisse trancher le bien-fondé de ce PSE par l'homologation de ce dernier par la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités.
L'emploi... et la santé
"Les salariés se demandent si Solvay ne ferme pas l’usine maintenant afin d’échapper à cette bombe", s’inquiétait fin octobre Cédric Cozo, employé du site de Salindres et syndicaliste CGT. Cette "bombe" c’est la toxicité des polluants éternels, dont fait partie le TFA, fabriqué dans l'usine gardoise. Des composants chimiques que le ministre démissionnaire de l'Economie avait lui-même qualifiés de "produits dangereux".
La crainte d'un scandale sanitaire, un motif qui semble davantage plausible pour les employés. Dans leurs revendications aujourd'hui, ils demandent notamment un suivi médical avec un "check-up complet tous les ans ou encore la création d'un fonds d'indemnisation spécial pour les problématiques liées au Pfas", liste Damien Olry.
Les prochaines négociations avec la direction auront lieu le vendredi 13 décembre. La veille, le jeudi 12 décembre, un rassemblement de soutien est prévu à 15h devant l'usine à Salindres.