Dans les vignes, la taille a commencé cet hiver, alors que la viticulture française traverse une crise inédite. De plus en plus de vignerons pensent à changer de métier.
Dans ce domaine à Bellegarde à une trentaine d eminutes au sud-est de Nîmes (Gard), la taille de la vigne est lancée. "On fait ça pour que le feuillage soit espacé et que les raisins soient plus aérés quand ils viendront", explique José Carlos Lopes, ouvrier agricole, à Tristan Vyncke et Alexandre Grellier, journalistes à France 3 Pays gardois. "Autrement, ça ferait un peu des petits raisins, pas très jolis."
Une baisse de la consommation de vin
Une étape indispensable, dans une période délicate pour les producteurs. L'hiver, ils vendent moins et doivent dépenser beaucoup pour entretenir leurs vignes. De quoi mettre à rude épreuve certaines entreprises, déjà fragilisées par la baisse de la consommation de vin, à l'origine d'une crise de surproduction.
"Cette surproduction a fait baisser les cours et a amené vraiment une rémunération très basse pour beaucoup de vignerons, ce qui fait que certains sont dans des difficultés financières importantes", assure Cyril Marès, le président des vignerons des Costières de Nîmes.
Pour certains, les marges ont complètement disparu. Ils dépensent plus pour produire que ce qu'ils gagnent à la vente, la faillite était inévitable. "Il y a des problèmes de trésorerie, des problèmes d'emprunts auprès des banques, des problèmes pour payer les fournisseurs, et donc certains ont préféré arrêter", raconte Cyril Marès.
C'est terrible parce que c'est un métier qu'on a par passion. Beaucoup sont nés dedans, donc arrêter d'être vigneron, c'est quelque chose de très dur.
Cyril Marès, président des vignerons des Costières de Nîmes
Un marché toujours saturé
Des faillites malheureuses, mais qui auraient pu assainir le marché. Dans le Gard, l'année dernière, on a produit environ 10% de moins que l'année précédente. Mais le marché est toujours saturé.
Eric Nègre est viticulteur à Beauvoisin. Il espérait des jours meilleurs grâce à cette légère baisse de la production. "On pensait que les marchés allaient reprendre, que les prix allaient monter, mais c'est pas du tout ce qu'il s'est passé".
C'est très très tendu, très très compliqué
Eric Nègre, viticulteur
Installé depuis 1992, il dit n'avoir jamais connu de telles difficultés auparavant. "Au niveau de la trésorerie, je n’arrive pas à tout payer. Il faut quand même payer les salariés, mais je n'ai pas fini de payer mes produits phytosanitaires de l'année 2024."
Depuis 2023, l'État a mis en place une prime à l'arrachage pour accompagner les agriculteurs dans cette crise. Cette année, au moins 4000 hectares de vignes devraient encore disparaître dans le département du Gard.