Eaux illégalement traitées de Nestlé : une affaire qui éclabousse le sommet de l'État

Nouveau rebondissement dans cette affaire de fraude à grande échelle de la part de Nestlé Waters : grâce à des documents inédits, la cellule investigation de Radio France et "Le Monde" dévoilent l’ampleur des efforts déployés par la société suisse jusqu'au sommet de l'Etat pour continuer à filtrer illégalement son eau en bouteille, notamment à Vergèze, dans le Gard.

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Les journalistes du quotidien Le Monde et de Radio France se sont procuré des mails et des notes ministérielles qui prouvent que l’Exécutif (ministères de la Santé, de l'Economie, Matignon et l’Elysée) a autorisé le groupe Nestlé Waters à continuer à commercialiser ses eaux en bouteille (Perrier, Vittel, Hépar, Contrex) avec des filtres illégaux, utilisés dans les usines du Gard et des Vosges, en connaissance de cause.

L'an dernier, suite au travail d'investigation de ces deux médias, Nestlé avait reconnu avoir eu recours à des traitements interdits pour faire face à des problèmes de contaminations bactériologiques de ses eaux en bouteille et avait accepté de payer une amende de 2 millions d'euros pour éviter un procès.

Un an après, cette affaire de fraude prend une tournure politique : de nouveaux documents montrent que les hautes sphères de l'Etat ont privilégié les intérêts de Nestlé au détriment des consommateurs, en laissant le groupe suisse continuer à commercialiser une eau non conforme à la réglementation mais aussi dangereuse pour la santé, sur le plan virologique.

Les opérations de lobbying de Nestlé auprès du gouvernement ont commencé dès 2021. Ce que montrent les différents échanges révélés ce mardi 4 février 2025, c'est que la tromperie de l'industriel était connue dès le départ.

Traitements interdits à Vergèze

En novembre 2022, l'usine gardoise de conditionnement de Perrier est inspectée : le compte rendu de l'Agence régionale de santé d'Occitanie fait état de "déviations microbiologiques sur l'ensemble des captages (coliformes, entérocoques, E. coli)".

Certains forages présentent aussi également des traces de polluants chimiques. Dans l'usine, les inspecteurs découvrent toute une batterie de "traitements interdits : double canalisation et traitements UV et charbons actifs dissimulés derrière des armoires électriques et des bâtiments annexes" et "microfiltration à 0,2 micron", soit largement en dessous du seuil autorisé, qui est de 0,8 micron.

Malgré tout, Nestlé est autorisée à maintenir ses filtres.

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De nouvelles auditions en vue

Le sénat a lancé une commission d'enquête sur cette vaste affaire de fraude et c'est Laurent Burgoa, sénateur LR gardois, qui en est à la tête.

Cette commission cherche à déterminer, entre autres, pourquoi dans le Gard, la justice n'a pas été saisie alors que l'agence régionale de santé avait des doutes sur l'usine Perrier de Vergèze.

"Nous devons déterminer s'il y a eu des négligences volontaires et à quel niveau. Suite à ces dernières révélations, de nouvelles auditions peuvent être envisagées" explique laconiquement le sénateur gardois, joint par téléphone ce mardi matin.

Laurent Burgoa et d'autres membres de la commission doivent se rendre vendredi prochain sur le site de Vergèze dans le Gard.

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