"Je garde mon écharpe chez moi" : chauffage et nourriture trop chers, revenus trop faibles, quand le taux de pauvreté est deux fois plus élevé que la moyenne

Le dernier rapport de l'Observatoire des inégalités, publié en décembre, indique que le Gard est le 5e département le plus pauvre de France métropolitaine. A Nîmes, plus de 43 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Un fléau qui ne cesse de gagner du terrain et qui inquiète les associations en cette période de grand froid.

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Comme tous les jours de la semaine, toute l'année, le centre d'accueil des Restos du cœur à Nîmes ne désemplit pas de 8h à 11h. "Moi je vis dehors, je suis ici pour déjeuner bien sûr, discuter avec les personnes avec qui j'ai envie de discuter. C'est important d'avoir des endroits comme ça !", constate Thierry, bénéficiaire des Restos du cœur. 

Petits-déjeuners, gants, écharpe...

Ici, on sert petits-déjeuners et boissons chaudes à qui le demande, sans inscription ni documents. Et les bénéficiaires sont de plus en plus nombreux. "Il y a 4 ans, on recevait 80 personnes par jour environ, aujourd'hui, on est à 200. 99% des gens sont en très grande précarité. Ce sont des gens de la rue, des gens qui sont pris en charge dans des hôtels et des gens qui sont chez eux, mais à faibles revenus", explique Marcel Bienvenu, responsable de l'accueil de jour aux Restos du cœur. 

Ce jour-là, l'association distribue également de quoi lutter contre le froid, comme des gants et des écharpes.

"Pas suffisamment d'argent pour aller dans une épicerie normale" 

Comme beaucoup ici, Nathalie n'est pas sans-abri, mais avec son allocation pour adulte handicapée, elle n'a même pas de quoi payer le chauffage dans son appartement. "Le plus souvent, je garde mon écharpe chez moi, une polaire, ce que je récupère ici comme des gants. Je les garde à l'intérieur sur moi chez moi", confie Nathalie, bénéficiaire des Restos du cœur.  

Même constat à quelques centaines de mètres, où l'association Table ouverte propose, entre autres, des repas chauds à moins de 2€. "Je viens ici car j'ai des revenus faibles, je dois aider mon fils qui est en école préparatoire, et une fois que j'ai payé tous mes frais de logement, il ne reste pas suffisamment d'argent pour aller dans une épicerie normale", témoigne Patrick, bénéficiaire de Table ouverte.

 

Près de la moitié des bénéficiaires sont des retraités qui ont de faibles pensions. "Nous avons 25 % de personnes qui sont au RSA, 15 % qui sont adultes handicapés. Ce sont des gens qui sont tous sous le seuil de pauvreté avec moins de 1 100 euros par mois", détaille Pietro Truddaïu, président de l'association Table ouverte. "On pensait tous comme Coluche que l'on allait faire reculer la pauvreté, malheureusement la pauvreté augmente." 

À Nîmes, le taux de pauvreté atteint les 32%, contre 15% pour la moyenne nationale, qui est elle aussi en augmentation.

Écrit avec Tristan Vyncke.

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