Jean-Yves Chapelet est maire de Bagnols-sur-Cèze depuis près de huit ans. Ces derniers mois, il constate une hausse de la criminalité dans sa commune du Gard, due au trafic de stupéfiants, malgré ses efforts pour lutter contre l'insécurité. Il a donc envoyé une lettre ouverte à Bruno Retailleau pour l'alerter.
En 2023, Bagnols-sur-Cèze, commune du Gard rhodanien de près de 20 000 habitants, proche d'Orange et des autoroutes A7 et A9 entre Lyon, Valence et Marseille, a enregistré 835 crimes et délits. Contre 773 en 2022, 747 en 2021 et 633 en 2020.
Une hausse régulière et constante qui inquiète le maire de la ville. Le trafic de drogue représente plus de 20% de cette délinquance et les violences contre les personnes qui sont souvent liées plus de 25%.
Le taux de criminalité est de 45 pour 1000 habitants, soit dans la moyenne.
"La prolifération des réseaux de drogue"
Jean-Yves Chapelet, élu maire en 2017, dresse un constat simple : "Ce phénomène, concentré principalement dans les quartiers des Escanaux et de la Citadelle, a des répercussions dramatiques sur la sécurité publique et sur le quotidien de nos citoyens. Il est d’envergure professionnelle et venu de l’extérieur, échappant à tout contrôle local".
Pour le maire, Bagnols-sur-Cèze est devenu un "carrefour du trafic de drogue" entre plusieurs grandes villes. Un site tranquille et proche des grands axes routiers et autoroutiers.
D'où sa lettre ouverte envoyée au ministre de l'Intérieur et son appel à l'aide pour lutter contre le trafic de stupéfiants.
"L’heure ne doit plus être aux discours"
Le maire a bien lancé en 2021, avec l'aide du vice-procureur de la République et du commandant de police divisionnaire, un premier Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD), et bien que renouveler tous les six mois, la structure ne suffît plus.
Le GLTD a pourtant eu de belles réussites en matière de saisie de drogue, d'armes et d'interpellations. Mais le trafic dépasse désormais les capacités des 21 policiers et agents municipaux qui assurent le maintien de l'ordre.
Les dealers qui trafiquent sur Bagnols sont des pros. Des gens qui viennent de Lyon, Valence, Orange, Aix ou Marseille. Des personnes inconnues de la police municipale, des étrangers voire des mineurs qui ne parlent pas français. Ce ne sont pas des petits voyous du coin.
Valentin Lamande, collaborateur au cabinet de Jean-Yves Chapelet maire (SE) de Bagnols-sur-Cèze
Jean-Yves Chapelet réclame donc désormais des actes au gouvernement. Plus de moyens, plus de coopération des forces de l'ordre et des uniformes sur le terrain.
Ma lettre ouverte à @BrunoRetailleau, Ministre de l'Intérieur. https://t.co/I9BXhHzXuT pic.twitter.com/6IYvwEBzKU
— Jean-Yves Chapelet (@ChapeletBagnols) January 9, 2025
Une task force de sécurité contre la drogue
"Pour que la République retrouve sa place et son autorité dans nos quartiers, il est urgent d’agir" affirme le maire. Et pour lutter contre "le fléau de la drogue" et rétablir la sécurité, il demande de l'aide.
- Renforcer les effectifs de la police nationale pour garantir une présence visible et dissuasive, car c’est par le "bleu" que nous recréons la confiance, comme promis dans le Groupe de sécurité et de proximité (GSP)
- Responsabiliser les consommateurs, car chaque gramme acheté finance un réseau criminel et détruit des vies
- Créer une task force de sécurité dédiée. Nous devons changer la donne et faire en sorte que le harcèlement ne vienne plus des trafiquants, mais des forces de l’ordre
Il faut aussi agir contre les consommateurs. Car la demande et l'impunité génèrent aussi des troubles. Mais les vendeurs sont très mobiles, ils sont 2 ou 3 jours à un endroit et ils changent de point de deal donc les flagrants délits sont difficiles à faire.
Valentin Lamande
Et le maire de conclure : "Dans ces efforts, la commune prend sa part. À l’État de prendre la sienne".