Depuis le rachat du Groupe Mars il y a 13 ans, les méthodes de management à l’américaine auraient pris le dessus dans la direction de Royal Canin, selon des salariés. Plusieurs dénoncent de la peur et du stress, ils ont entamé des procédures. Des accusations que réfute la direction de l'entreprise.
On vient y travailler avec son animal de compagnie, on se tutoie, on n’est pas salarié mais associé, les payes sont alléchantes... Derrière la façade, la société Royal Canin (8000 employés dans le monde dont 1400 à Aimargues près de Nîmes dans le Gard), aurait des pratiques managériales brutales selon une enquête de Médiapart et travail et santé.
Management arbitraire
Certains cadres seraient jugés incompétents après 10-20 ans d’ancienneté. Leur propre poste pourrait être ouvert aux candidatures internes, les obligeant à rivaliser avec leurs propres collègues pour le conserver. "Nous avons des salariés qui vont alerter et au lieu de s'emparer de l'alerte, on va les mettre au placard. On va du jour au lendemain, leur dire 'tu n'es pas bon, tu es mauvais, le problème vient de toi'. On va les mettre en "below", en dessous des objectifs", souligne Loubna Hassanaly, avocate des salariés de Royal Canin.
On va du jour au lendemain, dire aux salariés : 'tu n'es pas bon, tu es mauvais'.
Loubna Hassanaly, avocat des salariés de Royal Canin
Risques psychosociaux
D'après Médiapart, l'inspection du travail du Gard a dressé un premier procès-verbal d'infraction pour harcèlement moral en 2019, classé sans suite. Elle s'apprêterait à en déposer deux autres auprès du parquet de Nîmes.
"Royal Canin ne fait rien. On a conscience des risques psychosociaux mais on ne change pas la manière de traiter les salariés. Il y a là pour nous une faute inexcusable", ajoute Me Hassanaly, interrogée par France 3 Occitanie.
Peur
L’entreprise dit avoir créé une plateforme de soutien psychologique. Les salariés et les syndicats disent ne pas oser s'en servir de peur de perdre leur emploi.
Le point de vue de la direction
Contactée, la direction de Royal Canin répond par un communiqué transmis à nos confrères de France Bleu. La direction assure "maintenir un environnement de travail respectueux, inclusif et équitable. Toute forme de discrimination, y compris celle fondée sur l'âge ou le statut de membres élus du personnel, est strictement interdite". Elle assure par ailleurs que leurs "managers sont formés pour soutenir leurs équipes de manière positive et constructive, en accord avec nos valeurs de respect et de dignité [...] pour créer un environnement de travail sain, respectueux et propice au développement personnel et professionnel de chacun de nos collaborateurs."
Écrit avec Pascale Barbès