Suite au projet d'action violente déjoué à la mairie de Poitiers, trois hommes viennent d'être interpellés et mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Deux d'entre eux sont également poursuivis pour fabrication non autorisée d'engin explosif. Il s'agit de jeunes âgés de 19 et 20 ans, arrêtés mardi et mercredi à Nîmes et Nantes.
Trois jeunes hommes, dont un étudiant en chimie et "fils d'imam", ont été arrêtés à Nîmes et à Nantes dans la semaine, puis mis en examen samedi à Paris. Le parquet national antiterroriste les soupçonne d'avoir projeté une action violente d'inspiration jihadiste avec "des bombes artisanales".
Mardi et mercredi, les trois hommes avaient été placés en garde à vue, après avoir été interpellés à Nîmes et à Nantes, d'après la source proche de l'enquête. Ils ont été arrêtés dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte le 20 novembre, a confirmé le Pnat. Les investigations sont désormais confiées à des magistrats instructeurs
Des jeunes apprentis terroristes radicalisés
Ils sont âgés de 19 et 20 ans. L'un est "étudiant en informatique" et "fils d'un imam aumônier qui travaille en prison", d'après deux sources proches du dossier. Un deuxième est étudiant en chimie.
Ils sont soupçonnés d'avoir commandé du matériel "pour fabriquer des bombes artisanales", ont indiqué dimanche à l'AFP deux sources proches du dossier et une source proche de l'enquête.
Ils échangeaient sur les réseaux sociaux. (...) Ils s'étaient même rencontrés. Au moins deux d'entre eux avaient essayé de confectionner ensemble des bombes artisanales dans une chambre d'étudiant.
Une source proche du dossier d'enquête.
Poitiers comme symbole historique pour laver l'affront de 732
La mairie de Poitiers figurait parmi les cibles envisagées par les suspects, radicalisés autour de thèses jihadistes. Les jeunes auraient ainsi voulu attaquer cette mairie en raison de la symbolique bataille de Poitiers, en 732, où Charles Martel a battu des troupes arabo-berbères. Le siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a aussi pu être évoqué, selon deux sources.
"Les cibles ne sont pas consolidées" à ce stade des investigations, a nuancé une source proche de l'enquête.
Après leur garde à vue à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), les trois suspects ont été interrogés par un magistrat instructeur, puis placés en détention provisoire samedi.
Les trois mis en cause sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Deux d'entre eux sont également mis en examen pour fabrication non autorisée d'engin explosif ainsi que pour détention et transport de substance ou produit incendiaire ou explosif, a confirmé ce dimanche le Parquet antiterroriste de Paris.
Les avocats de la défense, Seydi Ba, Sipan Ohanians et Ambroise Vienet-Legué, n'ont pas souhaité commenter.
Des procédures antiterroristes en hausse
La "menace jihadiste représente 80% des procédures" diligentées par le Pnat, avait rappelé mi-septembre le procureur Olivier Christen.
Au premier semestre 2024, il y avait eu à peu près trois fois plus de procédures de ce type que sur la même période en 2023.
Olivier Christen, procureur.
Cet accroissement s'explique d'après lui par le "contexte géopolitique", mais aussi par "la reconfiguration notamment en Afghanistan" du groupe Etat islamique.
La justice antiterroriste note aussi un rajeunissement des mis en cause dans ces affaires reposant sur des soupçons de projets d'action violente en France.