Dans un courrier adressé à la directrice de l'IME de Moussaron, l'Agence régionale de santé annonce son intention de prolonger l'administration provisoire de la structure, spécialisée dans l'accueil d'enfants polyhandicapés et soupçonnée de graves dysfonctionnements.
L'IME de Moussaron n'est pas encore sorti de la tourmente qu'elle connaît depuis près d'un an...
L'ARS (l'Agence régionale de santé) vient en effet d'annoncer son intention de prolonger l'administration provisoire de la structure, mise en place en décembre 2013. Pour la directrice de l'ARS, l'établissement, qui accueille des enfants polyhandicapés, a fait preuve "d'avancées certaines dans la mise en oeuvre des injonctions et prescriptions". Pour autant, celles-ci ne seraient pas suffisantes. Désormais, les enfants seraient certes hébergés dans des conditions respectueuses de leur intimité et de leur dignité mais "de manière provisoire", les recrutements de professionnels ne seraient pas encore totalement réalisés et le projet d'établissement toujours en cours d'élaboration. L'ARS, dans le courrier qu'elle adresse aujourd'hui à la directrice de l'IME, s'interroge même sur la réelle volonté de la direction de poursuivre les objectifs fixés.
L'IME de Moussaron, le seul établissement privé de la région à accueillir des enfants handicapés, se trouve dans l'oeil du cyclone depuis les révélations (notamment par voie de presse) de certains ex-salariés, qui ont dénoncé des conditions d'accueil déplorables et des dysfonctionnements préjudiciables aux enfants. Certaines familles ont porté plainte et dans un premier temps, la fermeture de l'établissement avait été envisagée. Les fondateurs de la maison ont depuis démissionné et leur fille a pris leur suite. Cette dernière est soutenue par la majorité des personnels en poste actuellement, rejoints par certaines familles qui défendent elles aussi l'équipe en place.
Créée dans les années 80, la maison de Moussaron est une des (désormais) rares structures en France à accueillir des enfants handicapés, alors qu'elle a le statut d'une SARL, et est donc à but lucratif, quand la norme actuelle est au statut associatif. En 1995, un salarié y avait déjà dénoncé des pratiques de maltraitance.
La directrice générale de l'IME, qui refuse l'idée d'un statut associatif, dispose de dix jours pour faire part de ses observations à l'ARS. Son avocat évoque des "allégations" contenues dans la lettre de l'Agence régionale de santé, allégations qui ne manqueront pas d'être "critiquées", documents à l'appui.