Parmi ses derniers actes officiels avant de démissionner, le gouvernement Barnier a publié le décret portant création de l'"Etablissement Public Expérimental" de l'Université de Toulouse. Le gage d'un nouvel élan selon la présidente de l'Université Paul Sabatier qui pilote le projet.
C'est ce qu'on appelle sur le fil. Mercredi 4 décembre, quelques heures avant de présenter la démission de son gouvernement, l'ancien premier ministre Michel Barnier a signé le décret validant la création de l'Université de Toulouse et approuvant ses statuts.
De quoi réjouir Odile Rauzy, présidente de l'Université Paul Sabatier, pièce centrale de ce futur pôle d'enseignement et de recherche. Nous l'avons rencontrée.
Ouf de soulagement
A-t-elle sabré le champagne ? Odile Rauzy ne l'avouera pas. Mais Madame la présidente ne s'en cache pas, "il était moins une". L'Université Paul Sabatier devait absolument obtenir le graal avant la fin d'année, au risque de voir remanier le dispositif administratif et financier permettant la création du futur pôle, sous la forme d'un Etablissement Public Expérimental (EPE).
Un pari, avec l'épée de Damoclès de la censure. "Imaginez l'instabilité et l'incertitude actuelles dans les ministères... Nous attendions la parution officielle avec une certaine appréhension".
Double victoire
Le champagne n'aurait pas été de trop. Car c'est une double victoire que peut fêter Odile Rauzy. Il y a eu d'abord l'autorisation obtenue le 14 octobre 2024 de baptiser le futur établissement "Université de Toulouse". Un nom qui sonne bien aux oreilles des partenaires et financeurs.
'Université de Toulouse', c'est un nom prestigieux, qui nous offrira une meilleure visibilité à l'international et aussi à l’échelle nationale et territoriale.
Odile Rauzy, présidente de l'Université Paul Sabatier - Toulouse 3
Mais pour l'actuelle présidente, c'est la création de la nouvelle structure, l'Etablissement Public Expérimental, qui donne à l'Université Paul Sabatier des perspectives nouvelles. "Nous sommes parmi les derniers à nous transformer en EPE, il en existe déjà une trentaine en France, encore expérimentaux ou déjà validés. Notre développement ne pouvait plus attendre", justifie Odile Rauzy.
C'est quoi un EPE ?
Selon le ministère, les Établissements Publics Expérimentaux organisent "de nouvelles formes de rapprochement, de regroupement ou de fusion" permettant aux établissements d'Enseignement supérieur et de Recherche de construire "un projet partagé". À l’issue de quelques années d'expérimentation, le nouvel ensemble peut se transformer en "grand établissement". "C'est une grande avancée pour le site de Toulouse", s'enthousiasme Odile Rauzy qui espère une validation définitive en 2028.
Nouveau nom, nouvelles ambitions
Finie donc "l'Université Paul Sabatier" et ses satellites, l'IUT, les facultés de santé, des sciences, du sport et l'Observatoire Midi Pyrénées. Dès le 1er janvier 2025, pour tous les sites, il faudra parler de "l'Université de Toulouse". Une "marque" qu'utilisera également l’École d’Ingénieurs de Purpan, en rejoignant l'EPE.
"C'est un point de départ" explique la présidente de l'Université Paul Sabatier. "La nouvelle structure accueillera également de nombreux partenaires avec qui nous voulons davantage coopérer : l'Université Jean Jaurès, le CROUS, le CREPS, le CHU et l'Oncopôle, d'autres écoles d'ingénieurs toulousaines, et les instituts de recherche du territoire : le CNRS, l'INSERM, l'INRAE, le CNES, ONERA et aussi Météo France".
Un pôle Santé Spatial Ecologie de renommée internationale
"Nous devons peser plus". Madame la présidente nourrit des ambitions fortes pour le futur grand établissement en création. Il faut dire que la concurrence est rude entre les universités mondiales reconnues pour leur excellence en matière de santé, spatial ou encore en océanographie. On se dispute les enseignants, et aussi les étudiants. "Ensemble, nous pourrons créer de nouvelles formations, attirer les meilleurs professeurs et améliorer la qualité de service offerte à tous les étudiants", espère Odile Rauzy.
A Toulouse, une stratégie partagée nous permettra de démontrer notre force collective
Odile Rauzy, présidente Université Paul Sabatier - Toulouse
Les classements mondiaux en ligne de mire
Si elle dit ne pas en faire une priorité, la présidente de l'Université Paul Sabatier n'élude pas l'enjeu lié aux classements mondiaux des universités et filières de formation les plus performantes. "Dans le classement de Shangai, nous sommes actuellement à la 300 ou 400ème place selon les disciplines. Notre marge de progression est importante."