Les nouvelles missions de service civique sont suspendues jusqu'à nouvel ordre. Officiellement jusqu'au vote de la loi de finances 2025, prévue ce lundi. Les associations redoutent que la mesure perdure et mettent à mal la formation et l'insertion professionnelle des jeunes. C'est l'avis d'Agnés Maurin, directrice générale du Club de la presse Occitanie.
L'avis lui est parvenu par mail, le 30 janvier. "Aucun nouveau contrat de service civique ne peut être signé à compter du 1ᵉʳ février et jusqu'à l'adoption de la loi de finances de 2025", nous lit Agnès Maurin du Club de la presse Occitanie. La directrice générale de l'association ne cache pas son inquiétude. Elle pensait signer un nouveau contrat courant février. Impossible pour l'instant. Ce qui met à mal un projet de formation et d'insertion professionnelle de jeunes de banlieue populaire.
"Pour eux, ce n'était pas accessible"
Lancée dans le courant de l'année 2024, une initiative inédite à Toulouse permet à des jeunes en service civique d’être formés par des journalistes professionnels. "Mon Quartier, ma Life" est une petite agence de presse. Deux jeunes actuellement en contrat rédigent des articles en donnant la parole aux habitants de trois quartiers de la ville. Et c'est là, un vrai outil d'insertion.
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"On salarie des jeunes en service civique, qui sont issus de ces quartiers, qui connaissent bien les quartiers, et à qui on apprend le métier de journaliste, explique Agnès Maurin. Et ces jeunes, on en est à cinq pour l'instant, ils nous le disent tous : jamais, ils n'auraient pu accéder ou même pensé qu'un jour, ils pourraient devenir journalistes. Pour eux, ce n'était pas accessible. C'était pour d'autres, mais pas pour eux." La fin de ces contrats aidés, ce serait en quelque sorte comme leur fermer la porte au nez.
Aujourd'hui, au lieu de mettre ces jeunes en orbite, on les plaque au sol avec cette disparition de service civique.
Agnès Maurin, directrice générale du Club de la presse Occitanie
Un engagement citoyen pour la société. Une mission pour chacun au service de tous. Ce sont les slogans du service civique. Les jeunes peuvent ainsi décrocher un contrat de six à douze mois. Et ils sont rémunérés à hauteur d'un peu moins de 620 euros nets. L'indemnité est financée majoritairement par l'État. Ce qui soulage les associations.
"On nous met des bâtons dans les roues"
Pour Agnès Maurin, l'annonce de la suspension du service civique, c'est un coup dur supplémentaire pour les associations qui subissent déjà l'arrêt des soutiens des collectivités territoriales. "On ne donne plus d'argent aux assos, on ne les soutient plus." Et la directrice générale du Club de la presse de citer une récente étude du Conseil économique et social "qui dit qu'il faut renforcer le financement des associations, que c'est une urgence démocratique."
On œuvre à la cohésion de la société et on nous met des bâtons dans les roues. C'est complètement improductif.
Agnès Maurin, directrice générale du Club de la presse Occitanie
L'exaspération pointe dans la voix de la responsable d'association en attendant de savoir ce qui est inscrit à ce sujet dans la loi de finances 2025 qui doit être adoptée ce lundi 3 février. Mais pourquoi sortir une note annonçant la suspension des nouvelles missions de service civique si le budget est bel et bien prévu ? Agnès Maurin est perplexe et se montre très pessimiste.
En 2023, plus de 148.500 jeunes ont accompli une mission de service publique en France. Une année record. Le service civique est porté à 60% par les associations.