CARTE. Un nombre d'incendies et de forêts détruites jamais connu, l'Occitanie voit sa biodiversité menacée

Depuis le mois de juin, l'Occitanie a subit 80 incendies au cours desquels 7 000 hectares de forêt sont partis en fumée. Dans un contexte de sécheresse importante et de températures caniculaires, les incendies sont plus fréquents, plus violents et ont des conséquences sur l'environnement.

80 incendies en moins de deux mois. 7 000 hectares de forêt brûlés par les flammes. L'été n'est pas encore terminé mais les chiffres parlent d'eux même : l'Occitanie est ravagé par le feu. Une situation inédite. Comme le montre la carte ci-dessous, aucune zone de la région n'a été épargnée.

D'autres incendies possibles d'ici la fin de l'été

Une fois le feu maîtrisé, parfois au bout de plusieurs jours d’intervention des sapeurs-pompiers, le spectacle est effroyable. Arbres calcinés, fumées nocives, espèces menacées : en plus des dégâts matériels et en dehors des chiffres, les conséquences des incendies sur l’environnement sont nombreuses.

Il est un peu tôt pour connaître précisément l’ampleur des conséquences des feux

Jean Olivier, directeur FNE Midi-Pyrénées

Jean Olivier, directeur de la Fédération nationale pour l’environnement du Midi-Pyrénées, assure qu”‘il est un peu tôt pour connaître précisément l’ampleur des conséquences des feux”. Mais selon lui, plusieurs pistes peuvent être explorées et de nombreuses leçons peuvent d’ores et déjà être tirées. Comme le montre cette infographie, le mois d'août n'est pas encore terminé. D'autres sinistres peuvent encore apparaître.

La biodiversité menacée 

Lors d’un incendie, “il faut savoir ce qui brûle”, rappelle Jean Olivier. Il peut s’agir de feu “de broussaille, de la forêt ancienne, jeune, de forêt méditerranéenne qui a déjà beaucoup évolué avec le feu et qui peut s’y adapter”. 

Selon le spécialiste, “l’ancienneté d’une forêt nous permet d’expliquer beaucoup de choses. Quand c’est une forêt d’eucalyptus qui brûle comme au Portugal, ce n’est pas du tout pareil que quand c’est une forêt de chênes. Celle-ci brûle moins facilement parce qu’elle garde l’humidité dans le sol", explique le spécialiste.  

Certaines forêts moins riches en biodiversité brûlent parfois plus facilement a priori. Une plus grande biodiversité peut permettre de limiter le risque de feux

Jean Olivier, directeur FNE Midi-Pyrénées

D’abord parce qu’un chêne brûlé met plus de temps à repousser qu’un eucalyptus. Et  aussi parce que les espèces d’arbres sont différentes et qu’elles n’attirent pas les mêmes types de végétation ni de faune. Par exemple, une forêt de chênes va générer “plus d’espèces associées chez les insectes, les petits mammifères qui prolifèrent tout autour", détaille Jean Olivier. “Les dégâts ne sont pas forcément les mêmes quand c’est une forêt méditerranéenne ou une forêt de chênes qui brûle. Chaque forêt a sa propre biodiversité. Mais dans certaines forêts, il peut arriver qu’on ne retrouve qu’une seule espèce d’arbre et quelques sous espèces".

D'ailleurs, il n'est pas étonnant de constater, avec cette infographie, que les incendies ont touché plus durement les départements de Languedoc-Roussillon, notamment au mois de juillet. La végétation et les sols y sont plus secs qu'en Midi-Pyrénées. Exception faite du sinistre du mois d'août dans l'Aveyron dans une forêt composée majoritairement de sapins.

Les animaux sauvages pris au dépourvus 

Autres victimes des incendies et feux de forêts : les animaux sauvages. “Lorsqu’il y a des incendies de plusieurs milliers d'hectares comme c’est le cas en Gironde, on peut imaginer que les animaux n’ont pas d’endroits pour se réfugier et ne peuvent pas s’échapper”. 

Comme le remarque Jean Olivier, les bêtes sauvages sont donc bien souvent condamnées et “finissent par brûler ou mourir de soif”. Dans ces cas-là, “l’impact des feux est forcément très grave”. 

Un taux de CO2 dans l’air plus élevé 

En Occitanie, les récents incendies se sont principalement cantonnés à des feux de broussailles. Au cours de ces récents feux, la biodiversité locale a donc été relativement épargnée dans la région. 

Du fait de la canicule, il fait plus chaud et il y a plus de feux. Et le feu dégage de nouveau du CO2 dans l’atmosphère. Ce CO2 va renforcer l’effet de serre et contribuer à l’augmentation des températures

Mais la fumée dégagée a de vraies répercussions sur l’environnement. “Le CO2 relâché dans l’atmosphère est important. En terme de qualité de l’air et pour la faune qui vit dans ces endroits c’est préoccupant. Tout cela participe aussi au réchauffement climatique”, résume Jean Olivier. 

Vers une forêt plus diversifiée ? 

Mais le feu peut aussi avoir un rôle à jouer en matière de diversification des espèces présentes dans la forêt. “On peut prendre l’exemple des forêts landaises. On retrouve souvent une seule et même espèce d’arbre planté. L’une des conséquences, c’est qu’il y ait plus d'espèces qui poussent naturellement un peu partout et remplacent les pins. On peut aussi se dire qu’on va planter à nouveau de manière plus diversifiée”. 

On fait des recommandations, on siège dans certaines commissions et on plaide auprès des autorités pour qu’il y ait une diversité d’espèces dans les forêts. Sur la durée, peut-être que la biodiversité va gagner”, soulève Jean Olivier. 

Le Portugal, pays particulièrement touché par de violents incendies cette année, a même décidé de mieux encadrer les forêts d’eucalyptus et d’interdire la plantation massive de cette espèce. Cette plante est sujette à l’inflammation et le feu s’y propage très rapidement. Selon Jean Olivier, “tout ça c’est aussi un moyen de lutter contre les incendies et on pourrait s’en inspirer”. 

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