"Ce n’est pas une petite casse illégale, mais 15 000 m2 jonchés de voitures brûlées" : une décharge sauvage pollue depuis 10 ans

Carcasses de voiture, décharge à ciel ouvert et incendies récurrents... Cela fait dix ans que la situation dégénère dans le quartier de Ginestous, au nord de Toulouse. Et pour France Nature Environnement, il est plus que temps d'agir. En cette mi-janvier 2025, l'association a fait un nouveau signalement auprès des autorités.

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"C'est une situation qui a presque 10 ans, qui est connue. On a saisi à quatre reprises les services de l'État et la mairie de Toulouse. Sans réponse", nous affirme Hervé Hourcade, juriste de France Nature Environnement. "C'est un dossier qui est connu parce que les volumes sont très importants. On est sur plusieurs milliers de mètres carrés, avec de gros volumes de déchets, notamment des véhicules hors d'usage."

L'association a de nouveau tiré la sonnette d'alarme ce 16 janvier 2025, réclamant publiquement une action des services de l'État pour faire cesser des atteintes à l'environnement et faire respecter la loi.

"Vu le nombre de déchets passés sur dix ans, les sols sont bien contaminés"

Sur les cartes Google dont les données cartographiques sont obtenues par images satellites datant de 2025, d'immenses terrains vagues bordent la rue des Mésanges. Sur ces espaces, plus la moindre trace de verdure, mais des traces sans doute laissées par des engins en direction d'amas de déchets et de véhicules carbonisés jusqu'en bordure du canal latéral de la Garonne.

Depuis 2019, la FNE a reçu une dizaine de signalements via son réseau Sentinelles de la Nature. "C'est un peu, si vous voulez, une casse automobile à ciel ouvert qui est complètement illégale, où on retrouve les fluides, donc hydrocarbures et huiles directement au sol. Et il y a les feux qui sont allumés la nuit pour brûler les pneus et récupérer le cuivre", explique Hervé Hourcade.

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Des déchets et des véhicules incendiés sont encore visibles sur les images satellites en ce début d'année 2025. © Google Maps / Images 2025 Airbus, Maxar Technologies

Pour l'association, du fait des atteintes environnementales persistantes, ce dossier est particulièrement important. "On ne parle pas d'une petite casse illégale comme on en a encore sur le territoire à droite, à gauche. Là, on parle de 15.000 m² au moins, précise le juriste. Il y a du brûlage de déchets, plus des bonbonnes de gaz en grande quantité et une filière illégale de véhicules hors d'usage."

Il y a un enjeu de santé publique. Les sols sont contaminés.

Hervé Hourcade, juriste à la FNE

Pour rappel, plusieurs incendies impressionnants se sont produits au fil des ans dans ce secteur de la rue des Mésanges. Notamment en août 2022.

En septembre 2023, une maison avait brûlé et plusieurs autres évacuées. Les écoles de Fenouillet avaient été confinées par sécurité. Le bilan faisait également état de huit personnes intoxiquées par les fumées.

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Trafic de drogue, économie de la ferraille, constructions illégales... À l'époque, le maire de quartier, Olivier Arsac se disait impuissant, renvoyant la balle dans le camp de la préfecture. Joint ce 17 janvier 2025, il précise que les parcelles transformées en décharge sauvage sont la propriété de la municipalité. Que des sommes importantes ont été investies dans les années passées dans des opérations de nettoyage. En vain.

"C'est peut-être compliqué de rentrer dans ce quartier-là, mais on ne peut pas juste fermer les yeux"

Décembre 2023, la préfecture de Haute-Garonne autorisait l'usage de drones afin de surveiller notamment les agissements dans ce quartier de Ginestous. Dans son communiqué, le préfet évoquait alors cette décharge à ciel ouvert. "Ce site fait peser sur le voisinage un réel danger en raison des feux sauvages. Ces incendies à répétition sont également une menace pour l'environnement et pour la salubrité publique."

Un an après, nous n'avons pas pu obtenir de bilan officiel des actions engagées par les services de l'État sur ce secteur. Mais Olivier Arsac nous apprend qu'à la demande du maire de Toulouse, un groupe de travail s'est réuni le 4 septembre 2024 en préfecture. Une deuxième réunion avec les services de l'État devait suivre en décembre, mais elle n'a pas eu lieu. "Je suis confiant, nous dit le maire de quartier de Ginestous. Le problème est suffisamment d'ampleur pour que l'État soit pilote pour la reprise en main de cette zone de non-droit."

Pour la FNE, le problème est donc loin d'être réglé. "C'est peut-être compliqué de rentrer sur ce quartier-là, mais on ne peut pas juste fermer les yeux et laisser perdurer ces atteintes environnementales", résume Hervé Hourcade.

Image Google datant de 2022 prise dans la rue des Mésanges, dans le quartier de Ginestous au nord de Toulouse. © Google Street View

Dans sa nouvelle alerte auprès des services de l'État de la Haute-Garonne, la FNE rappelle plusieurs dispositions légales concernant les décharges sauvages et les épaves de véhicules. Ainsi, selon le Code de l'environnement, "au-delà de 100m², une installation d'entreposage, dépollution, démontage ou découpage de véhicules hors d'usage, nécessite une autorisation préfectorale".

France Nature Environnement estime que les faits constatés depuis des années dans ce quartier nord de Toulouse "justifient une action rapide et efficace des services de l'État". Faute de quoi, l'association ne cache pas son intention de saisir le tribunal administratif au motif de la carence durable des autorités compétentes.

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