Comment le conseil départemental de Haute-Garonne (se) dépense sans compter contre le projet de métropolisation

Le président PS du département ne veut pas qu'une partie du conseil départemental soit absorbé par la Métropole de Toulouse. Alors rien n'est trop beau : publications, publicités, réunions d'élus, sondage... De grosses sommes ont été engagées. 

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Une réunion de 1500 élus du département venus dire leur "attachement au Conseil départemental" ? Facture : 56 000 euros (source : conseil départemental de la Haute-Garonne) comprenant l'organisation de l'événement, son aspect technique et la signalétique.

Un sondage commandé et payé par le département (lire encadré ci-dessous) qui indique opportunément qu'à 64 % les Hauts-Garonnais sont défavorables à la suppression du conseil départemental sur la zone de la Métropole ? Facture : un peu moins de 25 000 euros (source : conseil départemental de la Haute-Garonne).

Un journal spécial imprimé à des dizaines de milliers d'exemplaires et distribués dans les boîtes aux lettres ; de la pub sur les "culs de bus" de Tisséo dans la métropole ? Là, le département ne précise pas le montant exact de la facture, indiquant qu'elle est prise sur l'enveloppe de la "stratégie de communication globale" du Conseil départemental, qui, elle, s'élève à 4,7 millions d'euros par an et que cela ne représente qu'une "petite part".

Le département présidé par le socialiste Georges Méric est en guerre contre le projet d'Emmanuel Macron de métropolisation "à la lyonnaise" dans les grandes métropoles, dont Toulouse, et ça finit par se voir.... Normal, c'est même le but !
 

Après le rassemblement le 24 novembre à l'Hôtel du Département de plus de 1 500 maires, élus et acteurs associatifs, ce sont aujourd'hui les Haut-Garonnaises et les Haut-Garonnais qui affirment leur attachement et leur soutien au Conseil départemental (Georges Méric)


En gros, l'idée du gouvernement c'est, là où c'est possible, de supprimer un échelon (départemental en l'occurrence) pour renforcer les prérogatives des Métropoles sur ce territoire. A l'extérieur de la métropole toulousaine, le Conseil départemental subsisterait. Les opposants à ce projet s'inquiètent d'un déséquilibre qui interviendrait alors entre les grandes villes et les zones rurales, indiquant que les conseils départementaux permettent par leur intervention de rééquilibrer les territoires.

Dernier exemple en date de l'offensive de la Haute-Garonne contre ce projet, ce fameux sondage, commandé et payé par le département à CRP Consulting (lire aussi l'encadré ci-dessous). 
Un sondage où 9 questions ont été posées aux 985 personnes interrogées par téléphone dont les deux principales sont : 
  1. "Diriez-vous que vous être très, assez, peu, pas du tout attaché à votre département, la Haute-Garonne ?
  2. E. Macron envisage la suppression des départements là où il y a une métropole. Seriez-vous favorable ou opposé à la suppression du département de la Haute-Garonne sur le périmètre de Toulouse Métropole ?"
A la première question, selon les documents que le Conseil départemental nous a fournis, 86 % des sondés ont répondu qu'ils étaient attachés au département (question 1) et 64 % qu'ils étaient contre la suppression du Conseil départemental sur l'aire de la Métropole (question 2)

Ce sondage conforte le Conseil départemental de la Haute-Garonne et son président Georges Méric, dans leur lutte contre le projet de métropolisation.

Du côté de Toulouse Métropole, on regarde les choses de loin, sans manquer de fustiger l'attitude du département, comme le précise l'entourage de Jean-Luc Moudenc : 

Nul n'est dupe d'un tel sondage où on demande aux gens s'ils veulent voir disparaître "le département de la Haute-Garonne" au lieu de parler du "Conseil départemental", tout cela après une coûteuse campagne de communication sur les bienfaits de l'action départementale dont l'ampleur est énorme (Toulouse Métropole).


Avec la métropolisation, le Conseil départemental de Haute-Garonne donne l'impression de jouer sa survie. Rien ne semble ni trop beau, ni trop cher pour cette grande cause. 

 
Un institut de sondage... qui n'en est pas vraiment un !
Si vous voulez connaître l'avis de vos concitoyens sur la nouvelle identité de votre entreprise ou sur la couleur de votre cravate, en France, chacun est libre de faire appel à n'importe quelle société pour réaliser un sondage.

Mais quand ce sondage touche au champ politique, la chose se complique, les textes de lois en réglementent l'usage, pour protéger l'électeur. L'institut de sondage doit être préalablement déclaré auprès de la commission des sondages du Conseil d'Etat. La notice doit être envoyée à la commission qui la publie sur son site internet.

Le Conseil départemental a fait appel à la société CRP Consulting, "qui avait déjà travaillé avec nous notamment pour le dialogue citoyen et dont nous étions satisfaits", indique le cabinet de George Méric. La société, basée à Toulouse, n'est pas vraiment un institut de sondage, comme le sont l'IFOP, OpinionWay, TNS-Sofres, etc... L'entreprise fait du "consulting, du conseil et de la formation" pour les sociétés et les institutions.

Une entreprise non-identifiée dans le milieu des sondeurs. Contacté par France 3, un patron d'un grand institut de sondage répond ne jamais avoir entendu parlé de CRP Consulting. Un autre indique : "Je ne sais pas d'où ils sortent. Attention tout de même à ces boîtes de consulting qui se mettent sur des études pour avoir de la visibilité car ce n'est pas le même métier"

Contactée par nos soins, notamment pour savoir comment elle a procédé (méthode, choix de l'échantillon, critères de redressement des résultats bruts), la société, par la voix de sa responsable Anne-Marie Guiral, s'est contentée de nous renvoyer vers le Conseil départemental, client du sondage. 

La notice, que nous avons consulté, précise que le sondage a été réalisé "du 5 au 10 décembre auprès de 985 personnes habitant le département de la Haute-Garonne. L'échantillon est représentatif de la population des hauts-garonnais de 18 ans et plus sur la base des quotas appliqués aux critères suivants : genre, âge, profession de l'interviewé et en respectant la répartition géographique de la population par canton".

De son côté, la commission des sondages, si elle reconnaît que le sujet peut entrer dans le débat électoral, a finalement indiqué lundi qu'on "ne peut pas considérer qu'il y a un lien avec le débat électoral" car le sondage est "trop éloigné" d'un campagne électorale, en l'occurrence les prochaines municipales de mars 2020.

La commission s'engage cependant à examiner toute "réclamation écrite". Du côté de Toulouse Métropole, on affirme ne pas vouloir en arriver là : "Notre attitude constante a consisté à affirmer tranquillement une position sur le fond sans jamais participé aux polémiques violentes que le Conseil départemental impulse et entretient depuis des semaines", précise l'entourage de Jean-Luc Moudenc.
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