Depuis 3 ans, grâce à Curiosity, des scientifiques toulousains vivent la tête sur Mars

Depuis 2012, les hommes du Centre opérationnel des instruments français sur Mars du CNES de Toulouse pilotent une semaine sur deux le rover Curiosity posé sur la planète rouge. 

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"On vit une aventure extraordinaire" : depuis trois ans, une semaine sur deux, ingénieurs et chercheurs du Centre opérationnel des instruments français sur Mars (FIMOC) du Centre national d'études spatiales (CNES) vivent les pieds sur terre et l'esprit sur Mars.

Curiosity, qui s'est posé en 2012 avec ses 900 kilos, est le plus gros rover jamais envoyé sur Mars. Il compte dix instruments, soit 80 kg, dont deux français, ChemCam (Chemical Camera) et SAM, un laboratoire de 40 kg à lui seul, qui analyse l'atmosphère et dispose de 74 coupelles pour des échantillons qu'il transforme en gaz, rappelle Éric Lorigny, le responsable du FIMOC.

"SAM c'est la fin de chaîne. On y fait appel seulement si les autres expériences ont montré un réel intérêt", complètent ses responsables David Coscia et Jean-Yves Bonnet. Depuis l'atterrissage, il a procédé à 25 analyses.

Au deuxième étage d'un bâtiment anodin, ils sont une dizaine derrière leurs ordinateurs du Centre d'opération des missions scientifiques (COMS). Sur quatre salles, trois sont dédiées à la planète rouge, la dernière reste pour l'instant destinée à Philae, le petit robot sur "Tchouri" désespérément muet depuis cinq mois. En 2016, les scientifiques d'"Insight" la mission martienne qui partira en mars la partageront.

"Cette mission a déjà dépassé toutes nos espérances", relève le planétologue Sylvestre Maurice, coresponsable de ChemCam, avec un Américain. "Elle a permis de découvrir l'habitabilité de Mars et un régime volcanique très différent de ce que nous avions imaginé. Cela nous amène à repenser la formation de la surface martienne", ajoute-t-il. 

Lundi, il est 17h00 précise quand commence la journée martienne au CNES. Sur un écran une image de la planète rouge s'affiche juste à côté d'un panneau "alien crossing" (traversée d'extra-terrestre) quand s'ouvrent les liaisons avec Pasadena (Californie), le centre névralgique, l'Espagne, le Canada et la Russie. Tous ont un appareil sur Curiosity.
  
Les 150 spécialistes à travers le monde qui s'occupent de cette mission enchaînent 17 réunions. Le timing est ultra précis. Le fil rouge, en heure martienne et sous forme de trait rouge, défile sur des écrans. Ni retard ni dépassement ne sont autorisés. L'objectif des discussions: échanger les résultats des expériences de la veille. Et préparer le travail des journées à venir, sol 1186 et 1187. La journée martienne compte 24 heures et 40 minutes.

Pour les Français, il s'est agi de convaincre leurs collègues de viser notamment "Rehobost" avec ChemCam, l'instrument le plus utilisé hormis les caméras américaines. "On donne des noms à chaque cible. On reste sérieux. Les noms ont un rapport avec des sites géologiques namibiens", explique M. Maurice. L'équipe défendra cette idée et sera entendue.

Cette pierre subira donc plus de 300 tirs lasers d'une puissance d'un gigawatt par cm2, l'équivalent d'une centrale nucléaire mais pendant une nanoseconde. Une observation du soleil est également décidée. Tout comme le déplacement du rover, sur une distance 30 m pour se rapprocher encore du Mont Sharp (5000 m). Départ programmé vers 15h00 (heure martienne) vers la gauche puis virage à droite. Durée : une heure.

Reste ensuite à transcrire les décisions en centaines de lignes de programmation, notamment pour ChemCam pour laquelle il faut obtenir des tirs d'une précision millimétrique. Difficulté pour le pilote Olivier Gasnault et l'informaticien Laurent Peret, ils ont peu de temps car il ne faut pas manquer le passage des satellites, notamment "Mars Odyssée" en orbite autour de Mars.

"Le plus dur, c'est la communication", reconnaît M. Lorigny : selon la distance, le temps de communication va de 3 à 22 minutes. Actuellement, Mars (entre 60 millions et 370 millions de km) est à environ 150 millions de km de la Terre pour un temps de communication d'environ 16 minutes.

En 2020, un nouveau rover sera envoyé. Avec à bord un appareil français, SuperCam, une version améliorée de ChemCam. D'ici là, les scientifiques espèrent que Curiosity permettra encore d'aller "de surprises en surprises", dixit M. Maurice. Seulement ses roues souffrent d'usure. "L'homme fatigue aussi", admet le professeur en regardant ses troupes.

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