Drapeau, uniforme, Marseillaise, la fondation Espérance banlieues ouvre une école hors-contrat à Toulouse

Espérance banlieues vient d'ouvrir les portes de l'une de ses écoles à Toulouse. L'établissement hors-contrat, soutenu par la mairie, s’adresse aux jeunes de quartiers populaires mais suscite d'importantes interrogations en raison de ses liens avec la droite catholique traditionaliste.

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8h30 du matin dans une cour d’école, quartier de la Cartoucherie à Toulouse. Droits comme des i, alignés les uns aux côtés des autres, des enfants se tiennent face à leurs institutrices. Tous portent un uniforme, bordeaux pour les filles, vert pour les garçons
Le directeur de l’école s’adresse alors à eux avec un ton solennel : « On se tourne vers le drapeau et on dit « merci à notre pays et à nos parents qui nous permettent chaque jour d’étudier. » Sans hésitation, les cinq élèves pivotent vers le mât sur lequel flotte le drapeau tricolore et récitent en choeur. Ainsi commence une journée aux Cours les Constellation

L’ouverture de l’école primaire toulousaine hors-contrat est la 16e de la Fondation Espérance Banlieues à travers toute la France. « L’idée (...) est de pouvoir offrir à des enfants, qui sont issus de quartiers et de milieux populaires, la meilleure éducation et le meilleur enseignement possibleexplicite Hélène Gazeaud, vice-présidente de l’association à Toulouse. Souvent ces familles sont issues de l’immigration.(...) Le but c’est de montrer que l’on est en France, de donner l’amour du pays.» 

Reportage Sylvain Duchampt - Marc Raturat


Financée par des entreprises


Ouvert en septembre 2018, l'établissement, voisin du Zénith, a connu des difficultés pour s'installer. Ce retard d'un an s’expliquerait, selon l’association, par la difficulté de trouver des locaux dans la ville rose et pour financer son projet.
Fin 2017, lors d’une soirée de levée de fonds au Rotary Club Toulouse Lauragais, Espérance Banlieues présentait un budget prévisionnel de 210 000 euros pour 25 élèves et 2 enseignants. Il ne serait actuellement que de 180 000 euros pour 5 élèves. 

Le projet Espérance Banlieues à Toulouse


Les dons de fondations, de particuliers et d’entreprises seraient la principale source de financement de l’établissement toulousain. Leurs noms sont affichés à l’entrée des locaux de l’école: Grenadine Publicité, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, le comité d’entreprises d’Airbus, les banques Crédit Agricole de Toulouse, BNP Paribas, des sociétés locales de conseil financier comme Ixo, les PME Erems et Delty, des commerces comme Irrijardin, Sport 2000, Kariban. 
 


« Le sabre et le goupillon relooké»


Mais l’apparition du Cours les Constellations, école « aconfessionnelle » dans le paysage scolaire toulousain, est loin de plaire à tout le monde : « Il faut savoir que derrière Espérance Banlieues, il y a la droite la plus à droite, qui bat le pavé pour la Manif pour tous, des gens proches de Philippe De Villiers, explique Jean-François Mignard, président honoraire de la Ligue des droits de l’homme de Midi-Pyrénées(…) C’est un vieux fantasme de l’extrême droite à mi-chemin entre la formation des élites et la charité (...) On retrouve le vieux couple du sabre et du goupillon, relooké. »
 

Proche de la Manif pour tous


Le profil de nombreux membres de l’association Espérance Banlieues Toulouse est bien celui de personnes issues du milieu catholique local. On y trouve par exemple : Hélène Gazeaud, vice-présidente de l’association, qui après de longues années dans l’enseignement catholique, vient d’être nommée membre de l’équipe du diaconat permanent et Benoit de Maupéou, cadre chez Airbus Defence and Space, commissaire des Scouts d’Europe jusqu’en 2012 est un membre actif d’Ecologie humaine, mouvement issu de la Manif pour Tous. 


Le soutien de la mairie


C’est ce réseau, présent au sein de la majorité municipale de Toulouse, qui a permis aux Cours les Constellations de trouver un endroit pour s’installer. L’association a signé une convention avec l’armée pour louer un bâtiment situé au 9 avenue Raymond Badiou, voisin du site de Giat industrie, dans le quartier de la Cartoucherie. Les locaux appartiennent à la Grande muette mais le propriétaire du terrain est la mairie de Toulouse. L’association peut rester sur place lors des trois prochaines années.  
Dans un courrier daté du 13 novembre 2017, le maire, Jean-Luc Moudenc se réjouit et se félicite du projet de l’association sur sa commune et lui apporte son soutien : « Je formule le voeu que les difficultés observées pour sa concrétisation se résolvent et qu’il aboutisse dès que possible. Mes collègues et services concernés sont d’ores et déjà sensibilisés par mes soins en ce sens. »  
  

Un dossier géré par un élu de Sens commun


Le dossier aurait du atterrir sur le bureau de l’adjointe au maire en charge de l’éducation, Marion Lalane de Laubadère. Pourtant : « je ne sais absolument rien à ce sujet, nous répond-elle. C’est Jean-Baptiste de Scoraille qui s’en est occupé. » Jean-Baptiste de Scoraille l’un des trois élus municipaux présent pour représenter la mairie lors de l’inauguration des Cours les Constellations. Son implication est loin d’être un hasard. L’ancien chasseur alpin, militant Les Républicains, conseiller municipal délégué en charge notamment de la coordination de la démocratie locale et de la citoyenneté est connu pour avoir été l’un des organisateurs de la Manif pour Tous à Toulouse et d’appartenir au mouvement Sens commun
 
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