Une tortue hargneuse, une grenouille porteuse de maladies. Plusieurs espèces animales considérées comme envahissantes et menaçantes pour la biodiversité sont devenues indésirables. Au point de déclencher des opérations de capture, voire de destruction. Exemple à Toulouse.
Espèce jugée dangereuse, la détention de la tortue alligator est interdite sans autorisation. Résultat : elle a tendance à se proliférer dans la nature après des abandons par leur propriétaire, notamment dans le canal du Midi. "On en a déjà récupéré quatre dont une qui était morte. Et là, on vient prochainement à Toulouse pour en récupérer une grosse qui fait au moins 25 centimètres de larges et à peu près 10 kilos", nous confirme Philippe Gillet, le responsable d'un refuge national des nouveaux animaux de compagnie.
"Elle bouffe tout ce qui bouge"
La tortue alligator, encore appelée tortue serpentine, est originaire d'Amérique du Nord. L'animal est vivace, hiberne comme les alligators et s'adapte très bien en France, explique Philippe Gillet. Et surtout, elle se reproduit. "C'est une espèce invasive qu'il faut enrayer rapidement parce que ce n'est pas bon du tout d'avoir ces nouvelles espèces."
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Pour le spécialiste, la tortue alligator est une menace pour la biodiversité et peut-être dangereuse pour ceux qui s'en approchent. "Elle vous coupe un bambou d'un coup de bec", affirme Philippe Gilet, vidéo à l'appui, tout en laissant imaginer ce qui pourrait se passer avec "un gamin qui a les pieds dans l'eau" juste à côté.
Elles ne sont pas agressives, elles se nourrissent. Elles sont goinfres. Elle bouffe tout ce qui bouge. Ça bouffe de la viande, ça bouffe de tout.
Philippe Gillet, président de l'association-refuge INF Faune
La tortue morte qui avait été retirée du canal de midi a été examinée. Histoire de voir ce qu'elle mangeait exactement. "Elle mange des poissons, elle mange de tout, c'est une catastrophe", explique le responsable d'association-refuge. "Elles font des trous dans les berges, pire qu'un ragondin. Et ça se reproduit là où il y a du sable." Au printemps prochain, l'association réfléchit déjà à la mise en place de nasses sur ces petites plages où les tortues viennent pondre afin de les piéger, en enlever un maximum et "limiter la casse".
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Comme de nombreux autres animaux, la tortue hargneuse fait partie d'une longue liste des espèces exotiques envahissantes en Occitanie. Sa présence fait l'objet d'une alerte, est perçue comme problématique selon les autorités et le conservatoire d'espaces naturels en charge de la mise en œuvre du plan d'actions régional.
Une grenouille indésirable
Écrevisse américaine, poisson-chat ou carpe argentée... La présence de certaines espèces animales aquatiques est très surveillée en Occitanie. Et pour certaines, la toute première apparition entraîne immédiatement une réaction. Début novembre, les autorités n'ont ainsi pas fait dans la demi-mesure en Haute-Garonne. Le préfet a autorisé l'éradication d'une grenouille, la Xénope lisse, dont la présence a été détectée pour la première fois dans le département, près de Toulouse.
L'espèce exotique est considérée comme envahissante et menaçante pour la biodiversité. Dans l'arrêté préfectoral autorisant la lutte contre la Xénope lisse, daté du 7 novembre 2024, cette espèce d'amphibien est qualifiée "d'opportuniste". Cette grenouille a, non seulement, un fort potentiel reproducteur, mais elle est aussi porteuse saine de maladies "pouvant causer de fortes mortalités chez les espèces indigènes."
La colonisation des plans d'eau par cette espèce exotique se traduit par une érosion de la biodiversité, menaçant particulièrement les amphibiens autochtones.
Préfet de Haute-Garonne
Ces grenouilles d'origine africaine ont été détectées dans trois bassins à Toulouse. En bordure de l'A620 et sur un site du CNES. Une autorisation de capture et d'euthanasie a été délivrée, et le "chantier" est en cours.
Sachez que cet amphibien ne peut être importé, élevé, commercialisé, ni même transporté dans un pays de l'Union européenne, depuis le mois d'août 2024. Et comme ne cesse de le répéter Philippe Gillet, ce n'est pas une raison pour s'en débarrasser en les relâchant dans la nature.
