Mineure au moment des faits, une jeune femme condamnée à 8 mois de prison avec sursis par le tribunal des enfants de Toulouse (Haute-Garonne), le mardi 21 janvier 2025 pour avoir prostitué sa soeur via le site Coco.gg. L'accusée subissait le même sort de la part de sa mère, qui doit s'en expliquer dans les prochains mois devant la justice.
Mardi 21 janvier 2025, une jeune fille de 21 ans a été condamnée à 8 mois de prison avec sursis pour proxénétisme sur sa sœur au moyen du site Coco.gg. par le tribunal des enfants de Toulouse (Haute-Garonne). Avec l’aide de sa mère, l'accusée, mineure au moment des faits, avait participé à l’exploitation sexuelle de sa sœur cadette, alors âgée de 16 ans.
Les faits se sont déroulés entre septembre 2020 et juillet 2021 jusqu'à ce que le père des deux jeunes filles, sans nouvelle de la plus jeune de ses filles depuis 48 heures, signale sa disparition à la gendarmerie de la commune de Saint-Jory, au nord de Toulouse. C'est là que la cadette expliquera être partie avec son petit ami beaucoup plus âgé qu'elle, rencontré par le site Coco.gg.
L'enquête qui s'en suivra "aura mis en lumière un réseau de prostitution "familial", dans le cadre duquel la jeune fille, âgée alors de 16 ans, et une de ses sœurs, âgée de 17 ans, au moment des faits, se prostituaient sous la "surveillance" de leur mère.
L'aînée aurait servi de "modèle"
La sœur aînée, qui était donc elle-même en situation de prostitution depuis plusieurs mois au moment des faits, aurait servi de “modèle” pour sa petite sœur.
Lors de son audience au tribunal des enfants, elle aurait expliqué que sa petite sœur, qui a renoncé à se porter partie civile, "voulait l'imiter" alors qu'elle ne pouvait plus se prostituer, souffrant d'une maladie sexuellement transmissible. Et s'est excusée d'avoir été "un mauvais exemple".
La plus âgée des deux filles aurait notamment concédé son appartement pour lui permettre d’y recevoir les “clients” pédocriminels, et lui aurait expliqué le fonctionnement du site Coco.gg, pour y poster des annonces. Ce même site utilisé par Dominique Pélicot à l'encontre de son épouse dans l'affaire des viols de Mazan.
Les enquêteurs retrouveront dans le portable de la cadette, l'annonce explicite, exposant les tarifs détaillés pour des actes sexuels et de centaines de messages à caractère sexuel de clients. La victime aurait eu jusqu'à 11 clients par jour. L'argent gagné, jusqu'à 300 euros par jour, était ensuite transmis à sa grande sœur et à sa mère.
Cette dernière doit prochainement être jugée par le tribunal correctionnel de Toulouse.
Lutter contre le "sentiment d'impunité du monde numérique"
L'association Agir contre la prostitution des enfants et les violences sexuelles (ACPE) s'est portée partie civile dans ce dossier en raison du "jeune âge de l’auteure au moment des faits, son lien avec la victime, ainsi que l’implication du site Coco.gg, contre lequel l’ACPE se bat depuis plusieurs années", précise celle-ci dans un communiqué.
Fermé depuis juin dernier, son fondateur a été mis en examen le 9 janvier dernier, comme le rappellent nos confrères de Franceinfo.
Lire aussi : Agressions homophobes, pédophilie, prostitution : après la fermeture du site Coco, des arrestations dans le Gard
"Malheureusement, on sait qu'il y aura toujours un système alternatif ou de nouvelles plateformes. Ces plateformes permettent et encouragent la prostitution des mineurs", regrettent Me Noémie Coutrot-Cieslinski et Me Dorine Nauleau, avocates au sein de l'association dans ce dossier, jointes par France 3 Occitanie.
Tant qu’une responsabilisation effective des plateformes n’aura pas été mise en place, les fermetures de site n’auront aucun impact sur l’existence de la “demande”, et donc de "l’offre”. Il nous reste à espérer - et nous sommes de ce combat - que la mise en examen du propriétaire de Coco.gg pour proxénétisme intervenue début janvier donne lieu à une condamnation médiatisée, qui viendrait enfin endiguer le sentiment d’impunité lié au monde numérique
Association Agir contre la prostitution des enfants et les violences sexuelles
Si ce dossier peut différer d'autres affaires de prostitution sur mineur compte tenu de son caractère intrafamilial, il n'est pas une exception.
“Cette affaire est emblématique de la réalité de plus en plus fréquente du double statut de victime et d’auteur que l’on peut retrouver dans les mécanismes d'exploitation sexuelle mis en place", complète, dans son communiqué, l'association qui milite pour une sensibilisation du jeune public. "Le jeune âge de la sœur présumée proxénète et victime, comme de sa sœur victime, est un rappel de l’urgence de la sensibilisation au plus tôt : tant pour parer à d’éventuelles futures victimes, que pour sensibiliser d’éventuels futurs auteurs qui ne prendraient pas la mesure de la gravité de leurs actes."
La date du procès de la mère n'est pas connue.