Ce lundi 3 février 2025, les buralistes de 42 départements manifestent devant les préfectures, pour dénoncer la hausse de la consommation de cigarettes de contrebande. Face à la hausse des prix, les fumeurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le marché parallèle. Au détriment des bureaux de tabac.
Le chiffre a de quoi interpeller. En 2024, 40% de la consommation de cigarettes en France provient du marché parallèle. Comprenez les cigarettes de contrebande, non contrôlées, non taxées, et vendues illégalement. À titre de comparaison, le chiffre était de 23% en 2019. Il a donc quasiment doublé en l'espace de cinq ans.
Ainsi, sur l'année 2024, les buralistes ont constaté une baisse des ventes de cigarettes en volume de 11,5%. "Pourtant les Français continuent à fumer autant", assure Frédéric Peilhe, président de la confédération des buralistes de Haute-Garonne. D'après la dernière étude de Santé Publique France, le nombre de fumeurs serait en effet stable depuis quatre ans, avec plus de 25 % des 18-75 ans qui sont des fumeurs quotidiens. D'après la confédération, un tiers des fumeurs de l'hexagone n'a pas mis les pieds dans un bureau de tabac en 2024.
La hausse des prix, principal coupable
Un report de la vente de cigarettes vers le marché parallèle, qui s'explique selon les buralistes par la hausse des prix. Après la dernière augmentation au 1er février 2025, certains paquets atteignent désormais la barre des 13,50 euros. "Les hausses de prix ne diminuent pas la consommation, souligne Frédéric Peilhe. Mais elles déplacent la consommation vers le marché illégal, où le tabac est vendu en tous lieux, à des prix bien inférieurs, et sans contrôle ni taxation."
Un peu partout en France, ce lundi 3 février 2025, les buralistes manifestent devant leurs préfectures respectives, pour alerter l'État et les pouvoirs publics sur ce qu'ils considèrent comme une mort lente.
Quand chez moi le paquet est à 13 euros, et qu'à une heure de route, il est à 5 euros… C'est humain.
Frédéric Peilhe, président de la confédération des buralistes de Haute-Garonne
"Il faut un moratoire sur les prix, affirme le président de la confédération des buralistes de Haute-Garonne. Moi je n'en veux pas aux clients, je les comprends. Quand chez moi le paquet est à 13 euros, et qu'à une heure de route il est à 5 euros… C'est humain", déplore celui qui assure perdre 50 à 60 clients par jour à cause de cette différence de prix avec l'Espagne ou Andorre. "Chaque année, en Haute-Garonne, on perd au moins un petit village. Il y a au moins une commune où le dernier bureau de tabac, souvent le dernier commerce, disparaît."
Et le constat est le même partout. Même en Aveyron, département plus éloigné de la frontière. Jean-Michel Dexidour, président des buralistes aveyronnais, détient le "triste record d'Occitanie" avec 10 fermetures de bureaux de tabac en 2024. "Depuis 2003, 40% des buralistes ont disparu dans le département."
Un plan de lutte contre le trafic
Parmi leurs autres demandes, la mise en place d'un plan national contre le trafic de tabac et d'opérations de type "place nette" à l'instar de la lutte contre le trafic de drogue. Dans son discours adressé au gouvernement, Frédéric Peilhe demande également à ce qu'une grande campagne de communication nationale soit lancée pour sensibiliser les consommateurs aux dangers du tabac de contrefaçon. Enfin, la profession réclame un dispositif de protection et d'accompagnement, en cette période difficile.
Outre la baisse des ventes de cigarettes, les buralistes ont aussi à faire face directement au banditisme. Les braquages et vols de cigarettes se multiplient un peu partout, avec des préjudices s'élevant parfois à plusieurs milliers d'euros. "Le tabac est devenu un produit de luxe", confiait Ghislaine Mazoyer, présidente de la Fédération des buralistes du Gard, à nos confrères de Midi Libre.
"La peur doit changer de camp", conclut Frédéric Peilhe. "Les buralistes refusent de voir leurs commerces devenir des vitrines désertées. Nous ne resterons pas spectateurs impuissants face à notre propre disparition."
Pour rappel, acheter des cigarettes de contrebande est passible d'une amende de 135 euros.
D'après Santé publique France, chaque année, le tabac est responsable de 75.000 décès en France.