L'investiture de Donald Trump comme président des États-Unis, lundi 20 janvier, n'a pas freiné cette vague de départ initiée depuis plusieurs semaines en France et dans le monde. Au contraire, de nombreuses personnalités dont le Conseil départemental du Gers ou le Toulousain Christophe Cassou, ont profité de ce jour, pour désactiver leur compte sur X (ex-Twitter). Mais pourquoi quitter ce réseau et ses 619 millions d'utilisateurs ?
Entre la France et le réseau social X (anciennement Twitter), c'est la fin d'une histoire d'amour.
Pourtant, dès 2006, les Français ont plébiscité la plateforme américaine pour son niveau d'information et la présence de nombreux journalistes. Fin 2023, X était le 5ᵉ réseau social le plus utilisé dans l'hexagone (11ᵉ au niveau mondial) avec près de 12 millions d'utilisateurs actifs.
Mais voilà. Le rachat de Twitter par le milliardaire Elon Musk en octobre 2022 suivi d'un nouvel algorithme dépourvu de modération, transforme le réseau en plaque tournante de la désinformation.
Malgré les critiques, son propriétaire maintient le cap. Sa récente nomination dans le gouvernement Trump est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Un désamour partagé par Philippe Dupouy, président socialiste du Conseil départemental du Gers. Ce lundi 20 janvier 2025, il annonce que l'institution et lui-même ferment leur compte X. À ce jour, c'est l'unique département d'Occitanie à avoir pris une telle décision.
Nous estimons que la liberté d'expression ne doit pas être instrumentalisée pour normaliser des discours d’extrême droite ni permettre à des individus aux positions antidémocratiques de redéfinir les normes de la discussion publique.
Philippe DupouyPrésident PS du Conseil départemental du Gers
"Ce retrait est une déclaration en faveur d'un usage responsable et éthique des réseaux sociaux, au service de valeurs progressistes et d’une société plus juste" poursuit l'élu.
Même son de cloche pour la députée EELV de Haute-Garonne, Christine Arrighi. "Je quitte X. Le réseau social est devenu un vecteur de désinformation et de haine en ligne", écrit-elle dans son dernier tweet.
Migration vers "le ciel bleu"
Les syndicats actent également leur mort virtuelle sur X.
À l'image du SNES-FSU de Toulouse, l'un des principaux syndicats dans l'Éducation Nationale. Deux semaines auparavant, la CGT d'Airbus aviation avait pris le même chemin.
Twitter n’est plus.
— SNES-FSU Toulouse (@SNES_toulouse) January 19, 2025
Ce #20janvier, le @SNES_toulouse quitte X, espace désormais vampirisé par et au service de la propagande d’extrême-droite partout dans le monde.
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Du côté des défenseurs de l'environnement, de nombreuses organisations d'Occitanie ont décidé de partir.
C'est le cas de la FNE de Midi-Pyrénées (Fédération nationale de l'environnement), d'Extinction Rébellion Toulouse ou encore de La Voix est Libre (association qui se bat contre l'A69).
Les climatologues s'interrogent également. Mais pour le Toulousain Christophe Cassou (rapporteur du GIEC), la décision est prise.
Ciao X! #HelloQuittteX
— Christophe Cassou (@cassouman40) January 18, 2025
Le 20 Janvier, mon compte deviendra frozen/inactif. Tt a été dit sur les valeurs&principes fondamentaux qui expliquent ce choix.
J'ai aimé ce réseau dans un esprit de partage de faits scientifiques/passions/réflexions.
Je continue sous d'autres cieux🦋
1/🧵 pic.twitter.com/cMM5T9LH2F
Cette migration profite évidemment aux autres réseaux sociaux et surtout à Bluesky. Conçue par Jack Dorsey (fondateur de Twitter), la plateforme connaît une croissance inespérée en passant de 3 à 26 millions d'utilisateurs en l'espace d'un an.
Des résistants ?
Malgré le nombre de fermetures de comptes, cette vague de départ ne menace pas encore l'empire de X. D'autant plus que certains préfèrent rester.
Exemple avec Michel Gabas, maire d'Eauze et conseiller départemental du Gers qui choisit plutôt de rouvrir son compte X. L'élu divers droite critique le choix de son département.
"Ceux qui se réclament de la liberté d'expression ("je suis Charlie" à tout va) sont les premiers censeurs lorsque les idées ne leur correspondent pas", explique-t-il sur les réseaux.
Même avis pour Fred Bonnet, coordinateur départemental du Tarn du parti politique "Oser la France", classé très droite. Sur X, il interpelle le chercheur Christophe Cassou.
"Sérieusement, ce n’est pas sérieux de quitter X… Meta a décidé de s’aligner sur la réalité qui consiste en la liberté d’expression ! À la controverse et l’échange intellectuel ! Toutes vos soi-disant plateformes ou vous allez vous retrouver à une petite communauté ou tout le monde pensera comme vous", écrit-il le 11 janvier dernier.
Après une longue réflexion, j'ai décidé de ... rester sur X ! Juste un petit pied de nez à ceux qui décident de quitter X en communiquant sur X... pic.twitter.com/2Z1YkwVtFe
— Fabien Prévots (@fabienprevots) January 11, 2025
Au-delà des idées politiques, les créateurs de contenu sur X se questionnent aussi sur leur présence en ligne. Pour l'influenceur toulousain spécialisé dans la Tech, Fabien Prévost, difficile de quitter ses 41 000 abonnés.