322 tonnes d’oxydes d’azote recrachées en 2020 dans l’atmosphère. L’incinérateur de déchets de Toulouse au Mirail est le plus polluant de France, selon les données publiées par l’association Zéro Waste ce mercredi 14 septembre.
Plusieurs mois de travail auront été nécessaires à l’association Zéro Waste Toulouse pour compiler et comparer toutes les données publiques concernant les rejets dans l’atmosphère des 30 plus gros incinérateurs en France. Et le constat a surpris. L'usine de traitement des déchets de Toulouse émet autant d'oxydes d'azote que les trois plus gros incinérateurs de France.
"Choqué du niveau de pollution"
L'oxyde d'azote est 40 fois plus toxique que le monoxyde de carbone. Il provoque des irritations des bronches et voies respiratoires.
"Personnellement, j’ai été choqué du niveau de pollution aux oxydes d’azote. Avec un taux de concentration 3 fois supérieur à la moyenne des incinérateurs en France. Mais attention on parle de pollution, on ne dénonce pas un scandale sanitaire. Les chiffres restent dans les clous des valeurs autorisées. Cependant cela pose pour nous la vraie problématique de la gestion des déchets. Et à Toulouse rien n’a jamais été fait ! », explique Thomas Guilpain, membre de Zéro Waste Toulouse, qui milite pour la réduction drastique des déchets de nos poubelles.
L'activité industrielle représente 20% des émissions d'oxydes d'azote
Ces chiffres et ce constat, Vincent Terrail-Novès ne les nie pas. Le président de Decoset, syndicat mixte qui regroupe 150 communes de l’agglomération toulousaine les relativise pourtant. "Ces données peuvent faire peur. Mais les rejets de toute l’activité industrielle toulousaine, y compris l’incinérateur, représentent 20% des émissions d’oxydes d’azote. Le reste vient de la circulation automobile."
Pour autant le président de Decoset reconnait que la situation est loin d’être satisfaisante. "Cet incinérateur date de 1969. Il n’a forcément pas les mêmes performances qu’un incinérateur dernière génération, indique-t-il. On ne se dédouane pas et on investit pour réduire ces émissions. Des travaux sur les filtres à manches, qui filtrent les fumées, sont engagés à hauteur de 46 millions d’euros. Ils permettront de réduire les rejets dans l'atmosphère", précise Vincent Terrail-Novès
Réduire les déchets pour limiter la pollution
"C’est vrai, admet Thomas Guilpain, les taux redescendront à 150 mg/m3 au lieu de 200 aujourd’hui. Même si cela reste dans la norme autorisée par dérogation, les taux de référence restent de 80mg/m3. Ces travaux sont utiles, mais c’est une vision à court terme." Pour l’association, c’est la quantité de déchets qu’il faut limiter. "Avec une vraie politique et des moyens, on peut prévoir de diminuer les bio déchets par le compostage par exemple. Cela représente 30% des déchets incinérés. Et 25% de ce qui est incinéré est recyclable ! Il faut donc travailler sur la communication et la nécessité du recyclage. C’est ce qui a été fait à Besançon. Un four sur les deux de l’incinérateur a pu être fermé !"
Un débat public pour décider de l'avenir
Aujourd’hui 300.000 tonnes de déchets produits sur le périmètre de Decoset sont répartis entre l'incinérateur de Bessières et celui de Toulouse. S'ajoutent à cela des déchets venus d'autres territoires comme les Hautes-Pyrénées, le Lauragais, le Muretain. Sachant que les 4 fours de l'usine toulousaine seront obsolètes en 2032, une concertation publique s’ouvre ce mardi 20 septembre pour décider de l’avenir. Encadrée par la commission nationale du débat public, elle se met en place à la demande de Decoset. "Il nous faut travailler sur trois options. L’arrêt des fours en 2032 lorsqu'ils seront en fin de vie, leurs rénovation pour 250 millions d'euros ou bien la reconstruction de l'incinérateur afin qu'il soit bien plus performant pour un investissement de 350 millions d'euros. Decoset ne se positionnera qu'à la fin de la concertation. Mais je vois difficilement comment on pourrait se passer d'un incinérateur dans une métropole comme Toulouse", rajoute le président de Decoset.
Dans le cadre de cette concertation, des ateliers et réunions publiques seront organisés. Onze rendez-vous sur les marchés du territoire, avec un débat mobile, sont également prévus. Decoset y voit l’occasion de consulter le public sur un choix d’avenir, Zero Waste Toulouse la possibilité d’informer sur les risques liés aux oxydes d’azote à l’origine de troubles respiratoires. "À proximité de l’incinérateur il y a une école, un collège. Je crois vraiment que les citoyens n’ont pas toujours conscience de cette pollution et de ses risques. Nous seront là pour en parler", précise Thomas Guilpain.
La concertation se déroule jusqu’au 27 novembre. Un bilan sera dressé. Decoset scellera l’avenir de l’incinérateur de Toulouse en février 2023.